Magazine

Limaces criardes et rubans de mouches

Publié le 11 février 2011 par Achigan
Limaces criardes et rubans de mouchesLimaces criardes et rubans de mouches, festins en ribambelles pour les hirondelles et les passereaux. 
Le jour est au miel, mais bientôt il tombe et devient mélasse.
La niche est découverte comme le Saint berceau, et Marie est une biche penchée sur son enfant. Les éclats fracassés du jour s'éteignent lentement sur le visage doux de la nature morte-née. Il est trop tard. Les rois mages ne sont pas venus.
Mais les sorcières attendent derrière le remblai boueux, cruelles, la bave au menton. La biche tremble, renifle. Les femmes noires viennent saisir l'enfant. 
Ouspette, la plus cramoisie des trois, s'avance vers le bercail. Les oiseaux font les flèches, mais le mauvais sort en fait de la bouillie.Il y a dans l'air la noirceur violacée du crime, car la vieille avance de son pas pourri.
Qu'y a-t-il a faire contre les mains noires ?Elles quémandent en tremblant les viscères de l'enfant.Rien n'est en balance dans l'antre du bois scellé. Les deux autres s'avancent. 
La biche est une créature d'autrefois, anéantie, mais féroce.Elle se débat dans l'air devant le berceau qui tangue. La poussière s'élève et rutile. Les feux brûlent dans les yeux noirs.
Limaces criardes et rubans de mouchesLa biche lâche des morsures, mais les corps sont introuvables sous les haillons.
Ouspette, rapide comme un serpent, décoche une main serrée autour de la gorge beige.La biche se raidit d'un coup. Les sabots font la valse quelque secondes dans la terre rouillée qui craque.C'est le museau élevé au ciel et dans un sifflement que la biche crache le sang du sacrement.Le berceau est souillé du carnaval.
Les horreurs passe le corps mort et se penchent vers l'enfant.
Les visages grimaçant le font hurler. 
C'est lui, l'héritier de la nature décharnée, l'enfant squelette. Progéniture de la nature passée aux ombres. 
Limaces criardes et rubans de mouches
Ouspette, Glaïeul et Typhon, passent les mains tremblantes sous l'enfant. Elles murmurent quelques mots d'effroi dans la langue des morts.Des feux s'allument aux torches et se distendent par les maléfices. La paille du bercail s'échauffe et scintille.
C'est un brasier qui pétille, qui éclate et qui fume !L'odeur de la biche brûlée se répand dans la fosse.Les femmes élèvent l'enfant avec la précision du diable.Et l'astre lunaire disparaît sous le poids du petit corps envolé.
C'est le rapace bougre. C'est la corneille mangeuse d'homme. La gargouille animée.L'enfant n'est plus !La harpie est née !Et vole trois fois autour des têtes brûlées !
Les femmes crient et chantent, saccadées de rires gluants.La harpie est en volutes.Les serres aiguës pointées.Les crânes sont les cibles, la faim monte.
D'un coup de patte cassante, la harpie croassante et acide, décape les visages hurlants des bacchantes. Et tombent les yeux, les langues et les oreilles, dans la charpie du temple saccagé.
Les masques maculés du temps jonchent le sol rouillé d'écumes et de bave noire.Les rideaux tombent sur le carnaval et la créature s'éloigne dans l'air puant. Le claquement des ailes immenses frappe les feuilles et les rameaux.La vapeur s'élève sur la scène du carnage.
Et la lune est bleue de peur à l'approche de la bête libérée.Limaces criardes et rubans mouchetés. 

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Achigan 1 partage Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog