La déscolarisation est actuellement un sujet brûlant. Elle dépasse même les frontières de la France
La suspension des allocations familiales pour les élèves absentéistes est au cœur de ce débat qui agite la France*. La Commission Européenne a de son côté lancé un plan d’action pour la réduction de l’abandon scolaire en Europe. C’est dans ce cadre que Dominique Glasman, sociologue et professeur à l’université de Savoie, a tenu, mercredi 9 février, à la faculté de gestion de Créteil, une conférence sur les processus de déscolarisation.
Pourquoi certains élèves sortent-ils du système scolaire ?
Dernier volet du thème « Pourquoi les lycéens décrochent-ils ? », développé depuis début janvier dans l’université, cette question a réuni une trentaine de personnes, étudiants ou professionnels de l’enseignement. Dans un premier temps, le sociologue a abordé la question des facteurs de la déscolarisation. La famille de l’élève n’a pas forcément les moyens de le remettre dans le droit chemin, une mauvaise orientation l’amène à penser que l’école est inutile, et son groupe d’amis risque de le conforter dans cette idée.
Dans un deuxième temps, M.Glasman a développé les observations récurrentes autour de la déscolarisation. Aller à l’école étant la norme, perçue comme un ascenseur social, certains jeunes, notamment issus des quartiers populaires, de se sentir à leur place lorsqu’ils abandonnent les études. Mais l’association entre décrochage scolaire et délinquance est dangereuse et hâtive, prévient le sociologue, car il existe des « décrocheurs bourgeois », mais dont on parle moins. « Les délinquants ne sont pas le produit de la déscolarisation, ils l’étaient déjà bien avant ». Autre constat relevé par le sociologue : sans diplôme, les jeunes déscolarisés se trouvent subitement confrontés à la réalité du travail qui n’est pas celle qu’ils imaginaient. L’image d’un monde professionnel qu’ils pensaient être plus attirant que l’école s’effondre.
L’Europe lance son plan d’action
La France, consciente de ces problèmes, s’est associée à la réflexion européenne. Luc Chatel a annoncé le lancement du plan d’action de la Commission Européenne. L’objectif de la stratégie Europe 2020 est de ramener, d’ici la fin de la décennie, le taux d’abandon moyen dans l’Union Européenne de 14,4% à 10%. En France, 120 000 jeunes de 16 à 28 ans sortent du système scolaire sans diplôme. Selon Luc Chatel, « lutter contre ce fléau implique la mobilisation coordonnée de tous les acteurs de l’éducation, de la formation et de l’insertion des jeunes. » L’idée sera d’accompagner les « décrocheurs » dans leur réinsertion et de développer, sur l’ensemble du territoire, des « plateformes de suivi et d’appui locale » par tous les professionnels concernés.
Lauren Clerc