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L'utilisation des TICE, de la théorie à la pratique en Maison Familiale Rurale

Publié le 12 février 2011 par Christophebernard

La Maison Familiale Rurale de Goven dans laquelle je travaille est très bien équipée et l'utilisation des différents matériels est libre, ce qui permet à chacun d'optimiser ses séquences de cours. Nous disposons, en effet, de multiples équipements tels que des vidéo-projecteur et ordinateurs portables qui peuvent permettre une diffusion en classe d'un reportage trouvé sur internet. Chaque salle de cours dispose de la connexion internet et un écran blanc déroulable est installé au dessus de chaque tableau noir. Récemment, la MFR s'est équipée d'une salle informatique mobile ce qui permet à chaque formateur de disposer d'ordinateurs portables pour ses élèves lorsqu'il le souhaite.

L'ingénierie pédagogique s'intéresse cette variété des supports autant qu'aux différentes stratégies à mettre en place qu'ils impliquent. A ce titre, le pédagogue peut-être comparé à un ingénieur, artisan et bricoleur. Utiliser des outils pédagogiques sans penser à faire évoluer ses pratiques pédagogiques en parallèle peut parfois être contre-productif et entraîner un effet « gadget », notamment en ce qui concerne le recours à l'informatique, qui n'est pas une méthode mais un simple outil...  A. De PERETTI[1] présente bien les outils pédagogiques comme des « points d'appuis » pour l'enseignant, incitant à la créativité et permettant de relancer un cours en cas de chute de motivation des jeunes.

Le rapport du groupe de travail « Logiciels éducatifs et multimedia », créé à l'initiative de la Commission européenne en 1996, indique d'ailleurs dans son bilan que :

« Le multimédia a démontré son efficacité pédagogique dans le cadre de nombreuses expériences pilotes. Son intégration dans les pratiques ne pourra cependant se réaliser sans que les approches pédagogiques innovantes trouvent une meilleure écoute institutionnelle et sociale. C'est ainsi qu'il trouvera sa place dans le cadre général de la mutation des systèmes éducatifs. »[2]

Les TICE (Technologies de l'Information et de la Communication pour l'Education) s'inscrivent donc dans cette démarche, avec la spécificité de permettre le travail en autonomie des élèves. L'informatique « fait plus sérieux » aux yeux des jeunes, et même de mes collègues que l'audiovisuel qui est plus connoté « loisir », alors que sur le fond, là encore, tout dépend de la préparation et de l'objectif de l'activité prévue en amont...  Les TICE sont exigeantes, elles demandent de la précision et de l'attention de la part des élèves, une simple erreur de frappe dans une adresse entraîne l'impossibilité d'atteindre un site recherché par exemple. Les liens hypertextes sont une source de dynamisme complémentaire qui poussent à la curiosité, et rendent la recherche d'information ludique avec une impression de navigation spatiale. Mais l'information ne faisant pas le savoir, le rôle du médiateur est essentiel pour trier l'information , apprendre à l'organiser et exercer son sens critique.

Sur le plan des théories de l'apprentissage, les TICE sont parfaitement adaptées au théories béhavioristes et à l'enseignement programmé qui en découle. En effet, le découpage en une succession d'objectifs simples d'une tâche complexe correspond à l'architecture naturelle du langage informatique. Les renforcements sont simplement constitués de « portes virtuelles » qui s'ouvrent ou non, suite à l'atteinte ou non d'un objectif. Des travaux ont été réalisés pour croiser les TICE avec les approches constructivistes par Robert GAGNE à travers ses « conditions of learning » [3] et Seymour PAPERT qui a créé le « langage Logo »[4] et la Tortue Logo que les enfants étaient invités à déplacer à l'écran, dont a découlé le constructionnisme dans les années 90, postulant des analogies entre l'animation de ces artefacts et celui des processus internes).

L'entrée des TICE à l'école s'est faite progressivement. On peut citer le plan TICE de 1997, puis la généralisation du B2i (Brevet Informatique et Internet) en 2000 et l'entrée dans l'ère des ENT (Espaces Numériques de Travail) à l'éducation nationale en 2003. Concernant mon activité à la MFR de Goven par exemple, je suis chargé depuis plusieurs années de l'animation en équipe de l'évaluation du B2i en 3ème dans le cadre de sa pluridisciplinarité.  D'autre part, les formateurs en MFR disposent d'un Intranet national qui leur permettent d'accéder régulièrement aux informations institutionnelles et à des ressources pédagogiques. Notre responsable de la communication à l'Union Nationale des MFR, Patrick GUES, anime d'ailleurs un blog de qualité sur la formation par alternance. Notre fédération départementale d'Ille-et-Vilaine, via son informaticien (merci Thierry Bossard !) nous soutient également dans nos projets de développement de nouveaux outils, et de nouvelles plate-formes multimedias.



[1]   PERRETI De, André, MULLER, François. Mille et Une propositions pédagogiques, pour animer son cours et innover en classe. ESF éditeurs, 2008. 204 p. Coll. Pédagogies

[2]   Rapport de la Task Force « Logiciels éducatifs et multimedia », 1996

[3]   GAGNE, Robert. M. Essentials of learning for instruction. The Dryden Press, 1974

[4]   PAPERT, Seymour. Mindstorms : Children, Computers, and Powerful Ideas, 1980, Traduction française : "Jaillissement de l'esprit. Ordinateurs et apprentissage", Flammarion, 1981


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