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et j’en passe des vertes et des j’en ai rien à péter

Publié le 13 février 2011 par Desfraises

et j’en passe des vertes et des j’en ai rien à péter
Si j’avais de l’argent à jeter par les fenêtres ou que j’habitais au bout de la rue Delabordère à Neuilly-sur-Seine et qu’accessoirement je me mêlais à la plèbe, j’achèterais un brouilleur de téléphones portables (fréquences GSM, 3G, UMTS, etc.) et l’ajouterais à la parfaite panoplie du Parisien qui veut emmerder les emmerdeurs.
L’achat de cette bête est autorisé, son usage, en revanche, est règlementé voire interdit.
Avant, je fixais ces accros du téléphone portable qui, au mépris des règles de bien-vivre les plus élémentaires, racontaient leur trépidante vie en bus, en métro, au resto. Evoquant qui la for-mi-dable couleur de cheveux, qui le rendez-vous galant ayant mal tourné, qui le débrief d’une conf call aussi ennuyeuse qu’elle ne nous regarde pas, et j’en passe des vertes et des j’en ai rien à péter. A force de les fixer benoîtement, je ne parvenais à récolter qu’un vague sourcil interrogateur : mais qu’est-ce qu’il a celui-là, il veut ma photo ?
Désormais, le brouilleur en poche, je darderais un œil narquois sur mes futures victimes et actionnerais l’engin, créant les interférences utiles pour lire mon livre en paix. Je me nourrirais de l’expression interdite du quidam, de ses multiples et vaines tentatives pour renouer avec le patron chéri qu’il avait au bout du fil, puis de l’ennui mortel qui soudain le saisirait parce qu’il ne saurait plus quoi faire de son trajet, de ses dix doigts, de son temps, de sa vie. L’abîme.
Le prof malicieux ne soupçonnera plus ses élèves d’activités sms-esque ou cybernétique.
Le voyageur fera une sieste tranquille sans sonneries ou conversations intempestives.
Le dévot et la bigote ne seront plus dérangés dans leurs monologues adressés au Très-Haut.

Et cœtera.

D’aucuns rêvent du don d’ubiquité, de se voir téléporté, de lire dans les pensées, de regarder sous les jupes des filles ou les kilts des garçons, moi je rêve d’un monde où les ordures jetées par la fenêtre de la voiture reviendraient dans la face du conducteur indélicat ou dans le lit douillet de son domicile, je rêve aussi d’un espace public où la promiscuité interdirait les conversations téléphoniques.
Et l’on s’entendrait enfin penser.
(billet inspiré par une proposition de "monde parfait" par Virginie B)

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