Pas de printemps pour Minette.
J'avais une tante, millionnaire, P-DG d'une grosse boite qui, à chaque fois qu'on allait au restaurant, volait qui des couverts, qui un cendrier, qui un verre. Et dans n'importe quel lieu public, elle chapardait un bibelot, sans état d'âme, sans remords. C'était la plus honnête des femmes, par ailleurs. Elle était kleptomane. Un kleptomane n'est pas un voleur dans le sens ordinaire du terme : ile ne vole pas pour s'approprier uin bien ou même le revendre, il vole pour le pur plaisir de voler. ce n'est même pas un plaisir, du reste, c'est un besoin. Le kleptomane est un sauvageon civilisé qui ne se fait jamais prendre que quand il redistribue, généreusement, ses larcins ou les ntrepose dans un endroit trop visible.
Ce chat étonnant, à l'instar des pies, vole systématiquement des accessoires et autres vêtements. Personne ne l'avait jamais vu faire, comme tout kleptomane qui se respecte. Personne, jusqu'à ce que son maître installe une caméra infra rouge. Et là, on voit notre Raminagrobis commettre ses larcins nocturnes avec, dans son bec, un assortiment hétéroclite de trophées. A son insu, ces images lui ont été dérobées, dévoilant ainsi son ballet nocturne de collectionneur à jamais inassouvi.
On vit très bien, quand on est kleptomane, car on n'a pas l'impression de voler. On a la vague idée d'un truc interdit, mais le frisson du furtif est si porteur d'adrénaline, la volonté d'invisibilité a un tel parfum de micro aventure que l'addiction est toujours la plus forte. Le trésor de guerre, on l'entrepose bêtement ou on le dilapide dans l'entourage (comme ma tante) car le véritable trésor est de ne jamais se faire remarquer.