Lundi 7 février, j'ai assisté au Théâtre du Rond-Point à un débat organisé par Le Monde et animé par Françoise Fressoz, chef du service France du Monde, en partenariat avec TNS Sofres, et avec l'intervention d'Edouard Lecerf, directeur général. Les participants étaient :
Nicolas Baverez, économiste et historien
Daniel Cohn-Bendit, député européen
Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean Jaurès
Caroline Fourest, essayiste et journaliste Bruno Le Maire, ministre de l'agriculture, chargé du projet pour 2012 à l'UMP Jean-Luc Mélenchon, député européen et coprésident du Parti de Gauche Raffaele Simone, linguiste et essayiste, professeur à l'université Roma Tre.
Je n'ai pas la prétention de rendre compte ici d'un débat qui a duré plus de deux heures. Je me contenterai de consigner quelques interventions qui m'ont amusé. Presque d'entrée de jeu, Jean-Luc Mélenchon se livre à une virulente diatribe contre Dominique Strauss-Kahn, présenté comme un suppôt du libéralisme. Daniel Cohn-Bendit l'apostrophe alors en ses termes : " Tu as raison, Jean-Luc. Mais, si les socialistes parviennent à se mettre d'accord, au second tour, entre un candidat qui n'est pas tout à fait comme il faut, et un qui n'est pas du tout comme il faut, y'a pas photo ! "
La palme revient sans conteste à notre Ministre de l'agriculture, incapable de prononcer la moindre phrase sans l'orner de quelque retentissant " moi, je ". Nous avons ainsi pu apprendre que ce sémillant personnage passait son temps à l'écoute des Français. Curieux de la part d'un membre d'un gouvernement qui n'a même pas remarqué que, des semaines durant, des millions de Français avaient défilé pour rejeter une réforme des retraites que notre président, élu sur un programme pour cinq ans, s'était engagé à ne pas entreprendre. Un sommet a été atteint quand, comme à l'accoutumée de la part de ces ardents Européens, Bruno Le Maire a vitupéré contre les technocrates de Bruxelles, responsables de tous nos maux, et en particulier contre José Manuel Barroso, le Président de la Commission européenne. Ce qui lui a valu une réplique imparable de Dany Cohn-Bendit : " Alors, pourquoi donc as-tu voté pour lui ? "
Un autre moment savoureux a été une bouderie de M. Mélenchon. Interrompant un échange, Madame Fressoz fait remarquer que M. Mélenchon grogne et qu'il faudrait lui donner la parole. Celui-ci s'en saisit alors et dit qu'il ne grognait pas mais demandait simplement la permission d'intervenir, ajoutant : " Je ne grogne pas, je ne suis pas un animal ". Un murmure réprobateur parcourt alors la salle, à la suite duquel M. Mélenchon repose son micro sur la table et renonce à parler. Cohn-Bendit lui lance alors en substance : " Jean-Luc, tu te lances dans une campagne présidentielle. Si tu ne supportes pas la contradiction, tu n'iras pas très loin ! "
Aujourd'hui, j'ai vu quelques extraits de la confrontation du même Mélanchon avec Marine Le Pen. Se dégageant pour une fois de sa posture de ronchon, il s'est montré pugnace et m'a presque paru sympathique.