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À la défense des fonctionnaires

Publié le 16 février 2011 par Copeau @Contrepoints

À la défense des fonctionnairesAu Québec, si vous êtes un cadre de la fonction publique ou parapublique — ou mieux encore, d’une société d’État — vous pouvez avoir des bonis sans critères d’évaluation précis (quoique ce sera plus difficile pour les deux prochaines années, en vertu du projet de loi 100). Vous pouvez suivre des formations et tenir des congrès au bord de la mer. Si vous gaspillez un peu trop — et si les médias s’en rendent compte —, on vous donnera une petite tape sur les doigts.

Mais si vous avez le malheur de rendre un service direct à la population, comme le font les professeurs ou les infirmières, par exemple, attention ! L’État n’a pas un sou. Débrouillez-vous avec ce que vous avez. S’il le faut, on sortira une loi spéciale pour calmer vos ardeurs.

Les procureurs

C’est l’impression que j’ai quand je regarde ce qui se passe avec les procureurs de la couronne, en grève depuis une semaine. Les avocats de l’État veulent un rattrapage salarial de 40%. Et plus de ressources pour les aider à mettre en cage les criminels.

Cela semble beaucoup à première vue. Et ce l’est. Mais ces procureurs gagnent beaucoup moins que leurs collègues de l’Ontario, et encore moins que leurs collègues du privé. Et surtout, il en faudrait plus. Nous avons au Québec le moins de procureurs par 100.000 habitants au Canada. Au Bureau de lutte au crime organisé, ils sont 38 pour s’occuper de la province au complet. Ces avocats confrontent des membres du crime organisé comme les Hells Angels. Ces derniers sont souvent accompagnés, en cour, par des dizaines d’avocats, parmi les meilleurs et les mieux payés.

Les procureurs craignent que le gouvernement impose une loi spéciale pour les forcer à rentrer au travail.

En tant que contribuable, je suis en faveur que ces fonctionnaires améliorent leur situation (bien avant un nouveau Colisée à $400 M, soit dit en passant).

Tout comme je serais d’accord pour bonifier les conditions des enseignants du secondaire, dont plusieurs se font envoyer paître chaque jour. Un travail ingrat où, à l’ère des cellulaires, un faux pas et vous vous retrouvez sur YouTube.

Même chose pour les infirmiers et infirmières. Qui peinent à arracher quelques sous à l’État lors des ententes collectives, pendant que le nombre de cadres — gagnant dans les six chiffres, avec bonis, compte de dépenses, pension à vie et sécurité d’emploi — explose dans le réseau de la santé.

Quelles sont les priorités ?

À force de s’éparpiller, ce gouvernement perd le sens des priorités. Ce ne sont pas des professeurs qui gagnent $45.000 par année qui nous mettent dans le trou. Ni une poignée de procureurs. C’est plutôt, souvent, la bureaucratie qui se greffe autour de ces emplois, et autour des nouveaux programmes. Les paliers de décisions qui se multiplient, et qui finissent par gruger les ressources destinées aux citoyens. Pensons au système d’éducation.

En 2005, Jean Charest avait imposé un gel des conditions des professeurs jusqu’en 2010. Les commissions scolaires ont continué de dépenser, et le ministère de l’Éducation, de grossir. Comme le reste de l’État d’ailleurs. Ce gouvernement s’est endetté d’une trentaine de milliards pendant ces cinq années. Pas certain que le problème était le salaire des profs.

Je suis pour un État plus efficace. Mais on voit que le problème ne se limite pas aux syndicats. Quand, jour après jour, les gens qui nous protègent, éduquent nos enfants ou nous soignent subissent la ligne dure. Alors que pour ceux qui œuvrent dans les « structures », dans les édifices à bureaux — le plus haut, plus près du pouvoir —, c’est souvent le free-for-all.


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