Le Carbon Disclosure Project (CDP) vient de publier un rapport sur les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie informatique en 2010. Ce rapport évalue la mobilisation des entreprises du secteur à lutter contre le changement climatique. CDP évalue la performance carbone selon 4 axes : la stratégie (intégration de l’enjeu carbone dans le business, fixation d’objectifs de réduction), la gouvernance (implication du board), la communication (rendre public le bilan carbone et les actions engagées) et les résultats obtenus.
Bien que le nombre de participants ait légèrement augmenté, le CDP estime que les acteurs de l’informatique sont les plus mauvais élèves de toute l’économie !
Seulement 4%, c’est à dire 3 sociétés - Samsung, Cisco, et Nokia - ont réussi à obtenir la note A en 2010. Mis à part ces exceptions, 35% seulement des entreprises ayant répondu au CDP communiquent publiquement leurs actions en matière de lutte contre le changement climatique. Les entreprises du secteur sont également moins nombreuses cette année à révéler leurs objectifs de réduction (seulement 51% des entreprises qui ont répondu). Bref, la transparence est loin d’être au rendez-vous.
Parmi les cancres, des enterprises telles que Telecity, CSC, Wipro, McAfee, et Novell n’ont même pas pris le temps de répondre au CDP. D’autres comme Oracle, Google et Yahoo n’ont pas été capables de réaliser correctement leur bilan carbone afin que le CDP puisse leur attribuer une note.
Plus préoccupées des consommations énergétiques de leurs produits que de leurs propres émissions, les entreprises reconnaissent l’intérêt de mesurer les émissions du scope 3 (ensemble des émissions indirectes). Cette démarche est nécessaire pour bien comprendre l’empreinte carbone de leurs produits. Mais elles ne sont que 40% à mesurer ce type d’émissions.
Les émissions indirectes représentent 81% du total
Et pourtant, sans surprise, ce rapport nous indique que le scope 3 représente 81% du total des émissions (166 millions de tonnes d’équivalent CO2). Alors que le scope 1 (émissions directes de l’entreprise) compte pour seulement 5%, et le scope 2 (énergie produite à l’extérieur de l’entreprise) pour 13%. Les plus gros émetteurs sont évidemment les fabricants de composants et matériels, et les data centers.
Parmi les entreprises qui prennent le sujet au sérieux, 42% identifient des risques liés à la pression réglementaire et à la hausse du coût de l’énergie. Mais seulement 35% du panel (23 entreprises sur 67) intègre le dérèglement climatique dans leur stratégie.
Encore une belle marge de progrès
Ces chiffres sont tout simplement hallucinants. Nous parlons ici des plus grosses entreprises mondiales du secteur informatique qui ont fait l’effort de réaliser un bilan carbone et de le publier publiquement.
Il va falloir encore un peu de temps pour que la célèbre citation de Gandhi « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » devienne le nouveau credo de l’industrie informatique …
Merci à Christiane Saint Gratien pour l’alerte et son aide à la rédaction de cet article.
Source : https://www.cdproject.net/en-US/Results/Pages/All-Investor-Reports.aspx
* de 62 à 67 entreprises entre 2009 et 2010, 39% (33) sont des éditeurs de logiciel et prestataires de service, 39% (33) sont des fabricants de matériel, et 21% (18) sont des fabricants de composants électroniques.
- CDP-2010-Sector-Report-Information-Technology-1.pdf - CDP-2010-Sector-Report-Information-Technology-1.pdf - 330.62 Ko