Moteur de recherche

Saisissante et inquiétante cette enquête du Monde, en date du 15 février, au titre de “Juif, une requête très française”.

Cette enquête nous apprend qu'une grande partie des internautes français, au cours de leur recherche sur le moteur Google, associent au nom de François Hollande, l'adjectif “juif”.

Pour faire simple, ces internautes cherchent à savoir si l'ancien Premier secrétaire du PS est de confession juive. Et comme le rapporte le journal, leurs priorités de sont pas connaître les propositions du candidat aux primaires socialistes, ni s'il est honnête ou corrompu. Non, et le moteur de recherche le fait bien ressortir, il s'agit de savoir si François Hollande est juif.

A peine croyable ! Et pourtant ! J'ai voulu vérifier, ce qui est très facile, par moi-même, cette information.

Résultat, le moteur de recherche donne bien comme première association, en dehors du nom même, le qualificatif de juif.

Comme l'écrit Le Monde, “Google tend à chacun un miroir qui lui offre un reflet de ses concitoyens“.

Et voilà qui nous ramène de nombreuses années en arrière. Dans des temps, que nous pouvions croire révolus.

Comme à la fin du 19eme siècle ou une large partie de la Droite française axait sa politique sur la nationalisme et la supériorité de la race “française”. Ce qui impliquait des préjugés antisémitismes souvent violents.

Raciale à Droite, la haine du “Juif”' était aussi présente dans les rangs d'une certaine Gauche, révolutionnaire ou anarchiste qui dénonçait le capitalisme en forgeant l'image de la finance aux mains des juifs.

Un antisémitisme populaire qui débouchera, d'abord sur l'affaire Dreyfus, puis durant les années 30 et 40 sur un fascisme français, ou se retrouveront mélés hommes de Droite et de Gauche.

Une époque où les attaques sur les personnes comme Léon Blum ou Georges Mandel sont d'une extrême violence et les mènera tous deux en déportation. (Mandel sera assassiné par la Milice).

De ces périodes sombres, il ne semblait plus exister qu'un souvenir nauséabond. Et que l'histoire avait su retenir la leçon de ce passé.

Force est de constater qu'une frange des internautes français reste influencée par cette période et qu'une partie de ses interrogations sur les hommes politiques en France, est de savoir s'ils sont juifs ou non.

Au-delà du cas de François Hollande, il est inquiétant que des personnes basent leurs recherches sur les origines raciales ou confessionnelles des femmes et des hommes qui nous gouvernent ou qui seraient amenés à le faire. Ou même de qui que ce soit, d'ailleurs.

Cela tente à démontrer que les idées d'identité nationale, de haine des immigrés et de défiance envers les étrangers font leur chemin au travers de la société française. Que la reprise de ces classiques d'extrême-droite, par la Droite républicaine fait des dégâts importants dans le corps social de notre pays et s'il n'est en rien irréversible, il s'implante un peu plus chaque jour dans les esprits.

Il reste que cet article fait ressortir une vraie curiosité. A savoir qu'elles sont les priorités de recherches pour les personnes publiques françaises et nous renvoie à nos fantasmes politiques ou non.

Celles concernant Jacques Chirac ou Nadine Morano sont assez surprenantes.