Chronique d’une mort annoncée : le conseiller général

Dans quelques semaines, on vote. Mais pas partout, juste dans la moitié des cantons de nos départements. Une moitié des électeurs sera  donc appelée   à élire des conseillers généraux. Une seconde moitié  pourra vaquer à ses occupations….pêche, chasse, rugby ou jardinage, peu importe.

Cela n'intéresse, in fine, pas grand monde...ou, plus précisément, cela n’intéresse potentiellement qu’une moitié des électeurs.

Ces élections, programmées  les 20 et 27 mars 2011 seront les dernières du genre. La réforme des collectivités territoriales prévoit en effet le remplacement des conseillers généraux et régionaux par des conseillers territoriaux, qui siégeront dans les deux assemblées (la région et le département).Reste à déterminer ce qu'il adviendra des bâtiments flambants neufs de ces assemblées...mais je m'égare.

En  résumé, quelques uns d’entre nous (c’est mon cas) seront appelés à bloquer leurs déplacements pour le seul plaisir de voir un candidat -généralement inconnu- rejoindre l’assemblée du département.

N'étant couplée avec aucune autre élection, l'abstentionniste va être le vrai gagnant de ce scrutin.  En une période où commence à poindre le soleil printanier il y a, en effet, de fortes présomptions d’absentéisme. 

A ces premiers motifs s’ajoutent des causes plus profondes d'un échec.

D’un côté, la droite se la joue discrète en espérant une vaste abstention (une manière de décrédibiliser la nature même de cette assemblée en période de réforme et de minimiser les éventuelles pertes  d’élus qui se profilent).

De l’autre, la gauche à quelques difficultés à renouveler des effectifs marqués par l'âge. Les nouveaux candidats sont rares, et, sous l’impulsion (très relative) des Présidents en place, c’est principalement les vieux sortants qui mouillent leurs chemises; pas très excitant pour la population des moins de 40 ans...

Seul, en se positionnant comme une alternative au Parti socialiste, Europe Ecologie Les Verts attaque les élections cantonales avec l’objectif de faire trembler le PS. Les verts ont refusés de servir de « caution écologique ». Leurs volontés de se distinguer de la majorité départementale perdurent ; c’est une manière de préparer d’autres échéances…. Car les cantonales restent la première marche vers la préparation de la bataille de 2012.

En complément, la crédibilité de ce beau monde est largement entamée. Promesses insensées ou non tenues, détachement des réalités dans les périodes critiques , absence de réponse aux demandes des électeurs…i ncapacité décisionnelle, tels sont les principaux motifs évoqués généralement lors des sondages…

Quelques nouveautés gadgets pour acroître le doute:

Une élection paritaire de façade. Pour la première fois, la parité s'appliquera aux élections cantonales : les candidats devront se présenter avec un suppléant de l'autre sexe…d’où la présence de « couples » ou le suppléant est en situation de pure figuration ; son remplacement ne pouvant intervenir qu’en cas de décès ou d’incapacités notoires. Un habillage qui favorise la virilité au sein des assemblées (voir l' Ariège...) et décribilise les seconds rôles.

Un scrutin uninominal à deux tours peu démocratique. Les élections cantonales se déroulent au suffrage universel direct. Les électeurs votent pour un candidat et son suppléant. Si le binome obtient plus de 12,5 % des voix, il est présent au second tour. Le seuil a été relevé par la loi de réforme des collectivités territoriales. Il était jusqu'ici fixé à 10 %. Une manière habile de bouter le FN mais également les « petits » partis (comme les verts). Une manière d’obliger les plus fragiles à rejoindre  ou s'effacer devant les groupes leaders.

En résumé un mauvais « bouillon » de politique locale pour une population égarée entre commune, communauté urbaine, département et région. La juxtaposition de ses collectivités rend en effet le rôle de chacune d'elles incompréhensibles.

La seule certitude est que tous sont financés par le contribuable... qui commence à trouver ses assemblages aussi indigestes que coûteux et qui risque d'attendre d'autres échéances pour exprimer son civisme (tout relatif).