Intervention de Jean-Paul Legrand au Conseil municipal du 17 février 2011
Débat d'orientation budgétaire
Conseil Municipal de Creil
17 février 2011
Intervention de Jean-Paul Legrand
Pour le groupe communiste « Colère et Espoir »
Nous l'avons dit plusieurs fois ici, le monde change et il est essentiel de comprendre qu'au sein même des Nations, les collectivités locales comme la nôtre ont
leur destin croisé avec celui des peuples de ce monde qui est devenu notre village planétaire.
Nous assistons en France et dans toutes les grandes puissances à une tentative de répondre à la crise de rentabilité du capital. Cela se traduit par la démolition de toute l'œuvre sociale et politique que les peuples avaient imposé après la victoire sur le nazisme en 1945. Tout doit y passer : la propriété publique et nationale avec les privatisations, la santé avec le démantèlement des hôpitaux publics, les regroupements des établissements par des fusions autoritaires qui vont réduire les capacités de ces établissements comme à Creil où depuis plusieurs semaines des personnels sont en lutte, la privatisation de la sécurité sociale, l'éducation avec une offensive générale de suppressions de postes des personnels de l'éducation au moment où l'on apprend que la France arrive en bas d'un classement des pays de l'OCDE pour son taux d'encadrement des élèves du primaire et du supérieur (le Figaro.fr du 16 02 2011) derrière 17 autres pays !
, le logement avec une réduction drastique des moyens pour l'habitat social et les ponctions de l'Etat dans les caisses des organismes HLM pour financer l'ANRU, la surexploitation des salariés avec des salaires de la honte et des pensions de misère et la cascade de fermeture d'entreprises grandes ou petites totalement abandonnées à l'appétit des financiers et des boursicoteurs , l'augmentation exponentielle du chômage qui permet de diviser les travailleurs et les mettre en concurrence, toute cette politique devant conduire à faire de l'argent, toujours plus d'argent, non pas pour la société mais pour enrichir les grands capitalistes et répondre à la demande sans fin de rentabilité du capital.
Dans ce contexte notre ville, toutes les collectivités sont elles aussi mises a contribution pour enrichir cet ogre contemporain qu'est le capital. On pousse
d'ailleurs les collectivités à se regrouper pour qu'elles plongent dans le système en faisant appel au marché des capitaux par émission de titres spécifiques autrement dit alors qu'elles étaient
jusqu'ici épargnées, les collectivités sont désormais notées comme les Etats et deviennent des vaches à lait pour renflouer le capital. La suppression de la taxe professionnelle ce crime contre
l'emploi va avoir des conséquences terribles pour toutes les collectivités qui perdent ainsi une ressource essentielle. De plus en plus notre budget dépend de l'Etat et nous assistons
progressivement à l'agonie de l'autonomie communale. Le pouvoir s'attaque à tout l'édifice public de la nation jusqu''à l'armée dont il privatise certains services et même à la justice dont il
réduit les moyens de façon drastique. Les communes, les collectivités territoriales, les associations, le pouvoir judiciaire, les services publics comme l'éducation nationale sont les bases même
de la démocratie. Au lieu de les promouvoir le pouvoir les affaiblit pour les rendre marchands. Ainsi pour réduire considérablement la démocratie dans le système où l'argent est le nerf de
la guerre, il suffit de priver les collectivités de financements propres et de les faire dépendre de plus en
plus de l'Etat qui lui même liquide des pans entiers de la richesse nationale et les bradent aux intérêts privés. Or cette politique est fondamentalement contraire
à l'article 14 de la déclaration universelle
des droits de l'Homme qui stipule, je cite : " Art. 14.Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de
la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette,
le recouvrement et la durée.
Lors du débat d'orientation budgétaire de 2009,quelques mois après la décision catastrophique d'octobre 2008 de l'euro-sommet des chefs d'Etat de venir au secours
du système en garantissant 1700 milliards d'euros à faire payer aux peuples, je déclarais ici même : « Nous refusons que la commune soit assassinée, elle qui est le creuset de la
démocratie, le foyer premier de nos libertés. Mais dans ce refus nous plaçons l´espérance que fait naître la lutte contre le fétichisme de l´argent et pour que se révèlent les seules
valeurs qui comptent : les valeurs humaines !
Voilà ce que je disais il y a donc deux ans et voilà ce que disait vendredi soir au Caire sur la Place Tahrir un citoyen égyptien "Dirigeants du monde arabe,
dirigeants du monde entier, faites attention ! Les peuples se réveillent et ce sont eux qui vous placent là où vous êtes ! " ces paroles prononcées en pleine liesse populaire au Caire et
alors que dans tout le monde arabe les peuples ont fait éclater leur joie, ces paroles traduisent bien la volonté des citoyens du monde d'en finir avec l'exploitation, la misère et
toutes les dictatures et régimes qui s'opposent au développement de la démocratie. Tous les régimes du monde sont concernés et pas seulement ceux des pays arabes. Tous ceux qui soutiennent le
capitalisme criminel qui a porté et défendu jusqu'ici toutes les dictatures sur les cinq continents peuvent trembler à l'idée d'une révolution mondiale !
Les Obama, Merkel, Sarkozy, et autres dirigeants comme Strauss-Kahn craignent comme la peste que la démocratie aille beaucoup plus loin que dans les
limites imposées par les grandes puissances.
Personne ne pourra me contredire sur ce plan : Ces dirigeants ont
soutenu Moubarak pendant des années jusqu'à lui livrer des armes pour des milliards d'euros tout en le laissant piller allègrement son peuple, ils ont soutenu Ben
Ali sans broncher, sans dire un mot quand la répression s'abattait sur les ouvriers et les mineurs de ce pays, c'est dire à quel point leur vision de la démocratie est totalement étriquée et à la
mesure des seuls intérêts capitalistes. Or comme la démocratie devient une exigence universelle que le capitalisme ne peut contenir, tout devient explosif. Indéniablement le monde n'est
plus comme avant, beaucoup de choses vont changer dans les mois à venir, car nous vivons l'époque des Révolutions sans négliger les risques énormes de contre-révolution car les puissants
n'abandonnent jamais la lutte pour reconquérir ce qu'ils ont perdu.
C'est dans ce contexte que nous élaborons notre budget. Nous soutenons la majorité car elle fait ce qu'elle peut, et elle le fait bien, avec ce qu'elle a et malgré
d'énormes difficultés qui nous sont imposées, nous essayons de répondre tant que nous le pouvons à des besoins essentiels de la population.
Je ne reviendrai pas sur tout ce qu'a cité M. le Maire mais je veux rappeler notamment que notre volonté est de dynamiser tout ce qui contribue au
développement économique, à l'activité, à l'emploi et en ce qui concerne les élus communistes, vous le savez, nous ne ménageons pas nos efforts, nous intervenons systématiquement pour promouvoir
notre rivière, pour qu'avance le dossier du port de plaisance et de toutes les activités qui peuvent être conçues dans un urbanisme prenant en compte le vecteur essentiel que constitue notre
rivière avec la présence du chemin de fer et les enjeux liés au futur canal seine nord et à la liaison TGV Picardie Roissy. Nous souhaitons avancer aussi avec nos concitoyens sur l'idée
d'une reprise en régie de nos transports publics dans l'agglomération et nous nous prononçons pour un grand débat populaire sur la question de la gratuité totale de ces transports que nous
souhaitons voir mettre en place dès la fin de ce semestre.
Cependant tenant compte de l'agression du pouvoir contre nos collectivités, nous voulons alerter les Creillois et les Creilloises, le combat
va devenir de plus en plus rude et sur tous les fronts.
Nous leur disons de compter davantage sur leurs propres forces, de s'organiser, de se préparer à renverser ce système insupportable par un
développement sans précédent de la démocratie à l'initiative des habitants et des salariés dans les quartiers, les entreprises, les collectivités.
Les futures échéances électorales ne sont pas crédibles pour aller en ce sens. Notre peuple a fait l'expérience où son vote de 2005 contre la
constitution européenne a été totalement bafoué et annulé par le Congrès. C'est un exemple significatif que les élections nationales ne sont respectées dans ce pays
que si elles servent les intérêts des possédants. Depuis une grande partie de notre peuple a le sentiment que les élections n'apportent pas de solutions. Hélas tant que nous resterons dans le
capitalisme et que ceux qui sont élus défendront ce système qu'ils se disent de droite,de gauche ou du centre, tant que le peuple ne décidera pas lui-même de nouvelles institutions par lesquelles
il pourra lui-même diriger les affaires dans la cité et dans l'entreprise, tant que la question d'une autre société fondée sur la coopération et la créativité humaine et sociale ne sera pas posée
dans les luttes, les élections ne pourront que créer de grandes désillusions.
Nous disons aux Creillois et aux Creilloises, préparons nous à des temps difficiles, mais préparons nous à une lutte politique historique dans les prochains
mois, à un rassemblement d'une ampleur jamais atteinte dans ce pays qui dépassera les clivages politiciens afin d'en finir avec un système qui exploite, spolie, voire écrase 90% de la population,
afin d'exiger l'annulation de toutes les dettes publiques qui assassinent nos collectivités et nos Etats, car les dirigeants de ce pays et de cette Europe sont les serviteurs d'un capitalisme
destructeur de la démocratie, ils servent les intérêts capitalistes, pas ceux des populations, pas ceux de notre commune et de son agglomération. Leur choix ne font qu'aggraver toujours plus la
situation, on le voit chaque jour, ils s'opposent de plus en plus aux besoins des gens, à l'extraordinaire aspiration à vivre digne et libres, à pouvoir maîtriser sa vie, car ce qui est à l'ordre
du jour ici en France et partout dans le monde, c'est l'explosion de cette formidable aspiration des individus à ne plus compter pour des pions dans un système qui les aliène mais à devenir
acteurs de leur vie, décideurs de leur cité et de leur environnement, co-décideurs des grands choix de société.
Oui nous mettons en garde les Creillois et les Creilloises la très grave attaque du pouvoir contre l'autonomie de notre commune est une menace réelle et les
élus devront être avec la population non pour gérer cette situation mais pour la combattre radicalement sans aucune concession au pouvoir de l'argent. Ils peuvent compter sur les élus communistes
de Colère et Espoir.