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L’Iran n’est pas l’Egypte

Publié le 17 février 2011 par Jcharmelot

Les récentes manifestations en Iran ont démontré que la colère populaire qui a animé le mouvement de révolte après l’élection présidentielle truquée de 2009 est loin d’être apaisée. Mais il est clair également que les conditions qui ont prévalu en Egypte ne sont pas remplies en Iran pour que cette colère provoque un changement de régime. Les Etats-Unis qui ont joué un rôle majeur dans la transition égyptienne n’ont pas le même degré d’influence en Iran. Autant sont-ils présents dans le pays arabe le plus peuplé à travers leur double soutien à l’armée d’une part et aux initiatives de  démocratisation d’autre part, autant sont-ils totalement absents dans l’ancienne perse depuis la révolution islamique de 1979, et la rupture des relations bilatérales en 1980. La deuxième différence essentielle est la loyauté des militaires au régime: L’armée égyptienne a largement contribué à l’éviction de Moubarak; son rôle a été crucial dans la protection des manifestations, puis dans la mise à l’écart physique du président déchu. En Iran, rien n’indique que les Gardiens de la Révolution, la structure militaire qui sert de pilier au régime, soient décidés à remettre en cause leur loyauté à l’égard du président Mahmoud Ahmadi Nejad, ou à l’égard du Guide Suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. L’opposition iranienne n’est donc pas en position soit de diviser l’armée, comme elle sut le faire à l’époque de la révolution contre le chah, soit même de la rallier entièrement à elle, comme ce fut le cas lors de la « révolution » égyptienne. Cette réalité a bien été perçue par le puissant Ayatollah Ali Akbar Rasfandjani,  le rival le plus sérieux du tandem Ahmadi Nejad – Khamenei. Il a dénoncé les chefs de l’opposition, qui ont d’ailleurs eu une influence réduite sur les évènements de ces derniers jours. L’ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi et l’ancien président du Parlement Mehdi Karoubi ont été mis aux arrêts chez eux, et certains députés ont demandé qu’ils soient condamnés à mort. Les Gardiens de la Révolution, dont l’un des chefs historiques Mohsen Rezai, s’était présenté à la présidentielle de 2009 contre Ahmadi Nejad sont en position d’attente et d’abritres. Ils ne veulent pas se couper du soutien populaire dont ils ont besoin pour exister, en devenant un outil de répression comme le fut l’armée du chah. « Les Gardiens pourraient se déchirer s’ils confrontaient les réformateurs de manière frontale », écrit David Gardner, dans le Financial Times. Mais ils ne peuvent pas non plus laisser à une opposition qui leur serait contraire le soin de décider qui doit gouverner en Iran, et surtout comment. La prudence de protagonistes essentiels comme Rafsandjani et les Gardiens face à des mouvements de rue incontrôlés s’inscrit dans la perspective d’une possibilité d’alternance politique à l’occasion des législatives de 2012, et de la présidentielle de 2013. Ces consultations seront l’occasion pour les Iraniens de tenter de changer leurs dirigeants, comme ils l’avaient fait en élisant le réformateur Mohamed Khatami, en 1997. Ce changement « du » régime semble plus envisageable qu’un changement « de » régime, comme le souhaitent les Etats-Unis.


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