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La délicate succession saoudienne

Publié le 16 février 2011 par Jcharmelot

Des mouvements populaires en Iran, au Yémen, en Libye, et au Bahrein, donnent le sentiment que les révoltes en Tunisie et en Egypte peuvent s’étendre à d’autres pays de la région. Une première remarque s’impose: aucun de ces pays n’est confronté comme l’étaient la Tunisie et l’Egypte à un problème urgent de succession. Il n’y a pas, dans les états touchés par ces mouvements, une crainte de vacance du pouvoir ou de transition mal assurée, comme c’était le cas pour le tunisien ben Ali ou pour l’égyptien Moubarak. Dans ces deux pays, l’armée –avec le soutien de forces d’opposition tolérées– a finalement pris en mains le processus de passation de pouvoir. En outre, dans aucun des pays récemment affectés par des troubles, les régimes ne font pas face à des armées dont les intérêts les pousseraient à prendre le parti de dynamiques de contestation des pouvoirs en place. Ceci est particulièrement vrai en Iran, où les Gardiens de la Révolution, appuyés par les volontaires basijis conservent, pour le moment, leur loyauté au président Mahmoud Ahmadi Nejad. La contestation populaire se poursuivra, avec en toile de fond les prochaines élections législatives prévues en 2012.  Au Bahrein, la révolte actuelle s’inscrit dans le cadre des revendications de la majorité chiite qui exige de la dynastie sunnite qui gouverne l’émirat une plus large reconnaissance. Et l’agitation à Manama devrait déboucher sur un accord politique. Enfin, en Libye et au Yémen, les clans au pouvoir ont la capacité d’acheter l’allégeance de ceux qui les critiquent. Pour l’heure, un pays n’est pas encore apparu sur les écrans-radar des analystes des affaires moyen-orientales: l’Arabie Saoudite. Pourtant le royaume pétrolier est entré dans une phase de transition du pouvoir qui y rend la situation politique et sécuritaire extrémement instable. Le roi Abdallah, 86 ans, est malade et s’est installée au Maroc pour se remettre d’une opération chirurgicale aux Etats-Unis, présentée comme bégnigne. Son demi-frère, le prince Sultan, 83 ans, ministre de la Défense, soigné pour un cancer, est rentré d’un long éloignement médical pour prendre les règnes du royaume. Il est secondé par son frère, le prince Nayef, 78 ans, ministre de l’Intérieur. Sultan et Nayef sont nés de  la même mère, et font parti d’un clan au sein de la dynastie saoudienne, les « sept Soudaïri ». Ces sept frères, devenus six après la mort du roi Fahd, ont toujours eu l’ambition d’être les maîtres du royaume. Le roi Abdallah est leur demi-frère et il a été placé sur la voie du trône par un autre demi-frère le roi Khaled qui l’avait nommé deuxième premier ministre aux côtés de Fahd. Fahd est devenu roi à la mort de Khaled en 1982, et Abdallah lui a succédé en 2005. Avant de tomber malade Abdallah a nommé son fils, le prince Mutaib, chef de la Garde Nationale, une force équivalente à l’armée régulière, mais chargée exclusivement de protéger le roi. La Garde Nationale n’est pas sous l’autorité du ministre de la Défense, Sultan, et bénéficie d’un encadrement et d’un entrainement particulier de la part des Etats-Unis. Les protagnistes de la passation de pouvoir en Arabie Saoudite se mettent donc en place, mais l’issue de leurs luttes intestines est loin d’être claire. Tout comme le rôle que jouera dans cette période le grand protecteur du royaume fondé en 1902 par Ibn Saoud: les Etats-Unis.  

Financial Times – editorial

Financial Times


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