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Moubarak parti, les militaires aux commandes

Publié le 11 février 2011 par Jcharmelot

Les évènements en Egypte vont être encore, au moins pour un temps, salués par les commentateurs comme une révolution populaire, et comme l’éviction d’un dictateur sous la pression de la rue. La mobilisation de la place de la Liberté au Caire qui pendant 18 jours a rassemblé des dizaines de milliers de personnes est indéniable. Elle a rempli les écrans des chaînes d’information en continu, et l’image diffusée dans le monde pendant ces jours de violences, de tension, ou d’allégresse, a été celle d’un mouvement spontané et d’une victoire de citoyens excédés. C’est ce sentiment qui restera gravé dans les esprits. Mais la réalité est plus complexe: dès le début de la révolution égyptienne, l’armée a été placée au centre de l’équation. Elle a été mise en charge de la sécurisé la capitale, à la place de la police. Un de ses responsables les plus puissants, le général Omar Souleimane a été nommé vice-président. Et elle a ouvertement fraternisé avec la foule des manifestants, tout en les confinant dans l’espace réduit de la place Tahrir.  C’est elle aussi qui a accéléré les évènements en créant le Haut Conseil des Forces armées, qui a commencé dès le 9 février à publier des communiqués, qui ont immédiatement pris l’allure de décrets gouvernementaux. Le dernier acte s’est joué en deux temps, avec Hosni Moubarak venant au soir du jeudi 10 février annoncer à la nation qu’il remettait au général Souleimane son autorité et le lendemain le même général Souleimane qui annonçait que Moubarak se retirait. Peu après, le Haut Conseil, dirigé par le ministre de la Défense, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, publiait un nouveau communiqué dans lequel il s’engageait à procéder aux réformes constitutionnelles nécessaires pour organsier des élections; il promettait également de lever l’état d’urgence, lorsque la situation sécuritaire le permettrait. Et enfin, et surtout, il exhortait les manifestants de la place de la Liberté à rentrer chez eux et à se remettre au travail. Bientôt, les caméras des télévisions seront démontées et iront filmer, ailleurs dans le monde, un autre évènement majeur. Il faudra alors suivre avec attention ce qu’il adviendra de la révolution égyptienne, et de ses aspirations à plus de liberté et de démocratie. Sans doute pourrait on trouver un début de réponse dans d’autres épisodes de l’histoire récente de l’Egypte : depuis l’éviction du roi Farouk en 1952, le pays a été gouverné par des militaires qui troquaient pour l’occasion leur uniforme pour une tenue plus civile. Il en a été ainsi avec Nasser, Sadate, et Moubarak. Et les forces politiques ont dû accepter cette domination des militaires. C’est une réalité dont tous les protagonistes des évènements égyptiens sont conscients et les premiers à l’admettre furent les Frères Musulmans, qui, à peine Moubarak parti, ont salué le rôle de l’armée et ses promesses de réformes.  


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