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Le Front National à 20 % à la présidentielle : est-ce crédible ?

Publié le 18 février 2011 par Leunamme

Soyons honnête, qu'un ou plusieurs sondages prédisent un score d'environ 20 % pour la candidate du FN à la présidentielle, cela n'a rien d'étonnant à l'heure actuelle. Il ne serait même pas étonnant que cela monte encore un peu vu le contexte. Entre une droite engluée dans les affaires, un président impopulaire comme jamais cela n'a été le cas auparavant, une politique sociale massivement rejetée par la population, une majorité qui recycle abondamment les thèses du FN, des élites politiques, médiatiques et intellectuelles complètement discréditées, une opposition atone et sans propositions, avec tout cela, il n'est pas étonnant de voir le parti le plus populiste jouer sur les peurs et les fantasmes et engranger les bénéfices, du moins en terme de soutien potentiel. Si à cela on rajoute le fait que Mme Le Pen a su effacer les provocations et les outrances de son père et qu'elle jouit pour l'instant d'une aura médiatique aussi incontestable que regrettable, on peut donc estimer que 20 %, c'est le tarif minimum, celle-ci n'ayant rien à faire en ce moment pour progresser dans l'opinion, la droite s'en charge pour elle.

Pour autant, cela signifie-t-il que le FN fera 20 % en 2012 ? Rien n'est moins sûr.

Pour commencer, partons d'une évidence : faire un sondage sur une élection qui n'aura lieu que dans 15 mois, c'est une aberration totale. En effet, Aujourd'hui, en février 2011, les Français dans leur ensemble n'ont pas la tête à savoir qui ils vont choisir dans 15 mois, ils ont assez de leurs problèmes au quotidien. La réponse à la question posée se fait donc en fonction de leurs préoccupations du moment, qui n'ont rien à voir avec celle qui seront les leurs en mai 2012.

Ensuite, il y a une seconde évidence : que vaut un sondage quand on ne sait pas qui sera de fait candidat. Les gens sont amenés à se prononcer sur des candidats putatifs dont on ne connaît même pas le programme. Or, la seule dont on soit sûr de la présence en 2012, et dont on connaît le programme, c'est justement Mme Le Pen. Cela a certainement une influence sur les réponses.

Il en sera évidemment différemment dès la fin de l'année quand tout commencera à se mettre en place. La principale inconnue étant évidemment de savoir qui représentera le PS. La personnalité visiblement aura son influence sur les scores des autres candidats, mais surtout, si les partielles organisées par ce parti se déroulent convenablement, le candidat alors désigné bénéficiera d'une certaine dynamique en terme d'opinion, au moins temporaire.

La forte hausse de popularité de Mme Le Pen se fait en grande partie parce qu'une partie de l'électorat de droite déboussolé par Mr Sarkozy, se sent attiré sur sa droite. Qu'en sera-t-il dans 8 à 10 mois, quand la priorité pour ses électeurs-làélecteurs-là ne sera plus d'exprimer leur colère, mais de faire barrage à la gauche ? Car ne nous trompons pas, l'électeur de droite, le vrai, le jour du scrutin, se rappelle toujours où est son intérêt.

Bref, doutes sur les candidats, doute sur les programmes, cela fait déjà beaucoup d'inconnues. Et pourtant, il y en a une autre, primordiale, que tous les instituts de sondage nous cache : Quelle est la part des Français qui indiquent qu'ils n'iront pas voter ? L'abstention en d'autres mots. Tout, pour l'instant, concourt à faire penser qu'elle sera bien plus élevée qu'en 2007, et que comme à l'habitude, se sont les classes modestes et populaires qui bouderont le plus le scrutin. Soit précisément le coeur de l'électorat FN.

Pour finir, je rajouterai deux petits arguments. Mme Le Pen a un handicap majeur. Il y a déjà eu un précédent avec l'arrivée de son père au second tour en 2002. Or, celle-ci s'était effectuée dans un contexte particulier d'une élection donnée comme jouée d'avance, et où personne n'avait vu venir la surprise. Là, le moins que l'on puisse dire, c'est que de surprise, il n'y en a pas. Si en mars ou avril 2012, Mme Le Pen est encore une menace pour l'un ou l'autre des candidats, cela jouera en faveur du vote utile, et contre Mme Le Pen au final.

Enfin, l'exemple de 2012 est là pour nous le rappeler, les sondeurs ont toujours eu du mal à estimer le vote FN, il a toujours été difficile pour cet électorat de reconnaître publiquement son choix. Les sondeurs ont donc recours à de savants calculs de réajustement. Il semblerait qu'avec Mme Le Pen, la personnalité plus lisse et moins sulfureuse de celle-ci aidant, des digues ont sauté, les gens admettent plus facilement être attirés par l'extrême-droitel'extrême-droite. Qu'en est-il alors de ses fameux réajustements ? Mme Le Pen ne serait-elle pas surestimée dans les sondages ?

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