Aujourd'hui dimanche chrétien, est lu lors de la liturgie le Tehilim (Psaume) 102, 1-2, 3-4, 8-10, 12-13, nous parle de D.ieu amour, tendresse et pitié.
Cette lecture propose 8 versets du tehilim qui en comporte 22.
L'alphabet hébreu comporte 22 lettres donc ce tehilim est "alphabétisant".
Quand un tehilim est alphabétisant, il s'agit d'un tehilim d'action de grâce pour l'Alliance.
Ce tehilim est un chant de reconnaissance pour toutes les bénédictions dont le peuple d'Israël a été comblé par D.ieu.
Ce tehilim utilise le "parallélisme", chaque verset se compose de deux lignes qui se répondent comme en écho.
Il a peut-être, d'ailleurs, été composé pour être chanté par deux choeurs alternés.
Ce parallélisme est très fréquent dans la Bible, dans les textes poétiques, mais aussi dans de nombreux passages en prose.
Ce procédé de répétition est utile à la mémoire dans une civilisation orale.
Cette répétition d'une même idée, successivement sous deux formes différentes, permet de préciser la pensée, et donc pour nous de mieux comprendre certains termes bibliques.
Le premier verset nous propose deux parallèles intéressants "Bénis le Seigneur, ô mon âme", "Bénis son Nom très saint, tout mon être".
Dans le premier parallèle "Bénis le Seigneur"... "Bénis son Nom très saint", la deuxième fois, au lieu de dire "le Seigneur", on dit "le Nom".
Dans la Bible, le Nom c'est la personne. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles en tant que Juifs nous ne prononçons jamais le Nom de D.ieu.
Dans le deuxième parallèle dans ce premier verset, "Bénis le Seigneur, ô mon âme", "Bénis son Nom très saint, tout mon être", le mot "âme" fait parallèle à l'expression "tout mon être".
A la suite des penseurs grecs, nous avons tendance à nous représenter l'homme comme l'addition de deux composants différents, étrangers l'un à l'autre, l'âme et le corps.
Mais ce dualisme ne rend pas compte de la réalité. La mentalité biblique avait une conception beaucoup plus unifiée et, dans l'Ancien Testament, quand on dit "l'âme", il s'agit de l'être tout entier.
Un peu plus loin dans ce tehilim, un autre exemple de parallélisme permet de mieux comprendre l'expression "crainte de D.ieu".
"Comme la tendresse du père pour ses fils", "ainsi est la tendresse du Seigneur pour qui le craint" veut dire que la crainte de D.ieu n'est pas de la peur, mais est une attitude filiale.
La pédagogie de D.ieu pour Son peuple, le peuple d'Israël s'est déployée lentement, patiemment, pour convertir la peur spontanée de l'homme envers D.ieu en esprit filial.
L'homme mis en présence de D.ieu qui le dépasse, éprouve spontanément de la peur, et il faut toute une conversion pour que, sans rien perdre de notre respect pour Lui, nous apprenions à son égard une attitude filiale.
Cette "crainte de D.ieu" comporte à la fois tendresse en retour, et aussi reconnaissance et souci d'obéir au père parce que le fils sait bien que les Commandements du père ne sont guidés que par l'amour.
D'ailleurs, le mot à mot de ce verset est "Comme la tendresse du père pour ses fils, ainsi est la tendresse du Seigneur pour ceux qui gardent son Alliance, pour ceux qui le craignent".
Ce n'est pas un hasard si ce tehilim qui parle de crainte de D.ieu cite justement la fameuse phrase du livre de Shemôt (Exode) 34, 6, "Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour".
Cette phrase est la définition que D.ieu a donnée de lui-même à Moshe Rabbénou (Moïse) au Sinaï.
Elle est à la fois la définition de D.ieu et, inséparablement, un rappel de l'Alliance.
Tous les tehilim, et plus particulièrement les tehilim d'action de grâce sont, avant tout, émerveillement devant l'Alliance.
Les versets de ce tehilim 102 insistent sur une des manifestations de cette tendresse de Dieu, le pardon.
D.ieu lent à la colère, Israël l'a expérimenté tout au long de son histoire.
Depuis la traversée du Sinaï, dont Moshe Rabbénou a pu dire au peuple d'Israël "Depuis que je vous connais, vous n'avez jamais cessé de vous révolter contre D.ieu" (Debarim (Deutéronome) 9, 24), l'histoire de l'Alliance a été le théâtre du pardon de D.ieu accordé à chaque régression de Son peuple, "D.ieu pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il n'agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses. Aussi loin qu'est l'Orient de l'Occident, il met loin de nous nos péchés...".