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Hier, à 20h35, sur ARTE, « LES CONQUÊRANTS DU NOUVEAU MONDE ».

Par Ananda

Pendant longtemps on a été convaincu que le tout premier peuplement de l’Amérique du Nord s’était fait il y a 12 000 ans, par des migrations de populations asiatiques (sibériennes) qui avaient franchi le détroit de Behring, alors entièrement recouvert d’un « pont de glace ».

Mais une découverte singulière, faite aux Etats-Unis, dans l’état de Virginie, est venu provoquer, assez récemment, un véritable séisme scientifique.

Une pointe de flèche de facture solutréenne, rien de moins !

Les Solutréens étaient une population paléolithique qui habitait, quand l’ère glaciaire battait son plein, il ya 17 000 ans, le sud-ouest de la France et le nord-ouest de l’Espagne.

Ils fabriquaient des lames de silex uniques dans toute l’histoire de l’outillage lithique par leur élégance, leur finesse et par la qualité redoutable de leur tranchant (il a fallu rien moins que vingt ans à un préhistorien pour parvenir à maîtriser leur technique !).

Ils ont été les inventeurs d’objets dont nous nous servons encore de nos jours, telles, par exemple, les aiguilles à coudre dotées d’un chas (qui, à leur époque, étaient en os), de même que de l’art rupestre le plus achevé de la préhistoire européenne (Altamira, Lascaux, Chauvet), dit encore « art franco-cantabrique ».

D’où provenait donc cette énigmatique pointe de flèche virginienne, elle aussi datée de -17 000 ans et considérée, à ce jour, comme « le plus ancien témoignage d’occupation humaine en Amérique » ?

Etait-il possible qu’elle ait été amenée là où elle se trouvait par des groupes de chasseurs-cueilleurs originaires de la région d’Europe où vivaient les Solutréens ?

Un chercheur anglo-saxon s’est penché sur cette passionnante énigme, et ses recherches l’on amené à émettre l’avis que la chose n’avait rien d’invraisemblable.

Il y a 17 000 ans, l’hémisphère nord était en pleine ère glaciaire. L’hiver, la banquise descendait jusqu’au niveau de la Méditerranée !

En Europe du sud, la vie était d’une rudesse polaire et, toujours en hiver, le gibier se raréfiait dangereusement, contraignant, par ce fait, les groupes de chasseurs-cueilleurs transis de froid (qui comptaient, en moyenne, une quinzaine d’individus) à se rapprocher de l’Océan Atlantique, pour pratiquer la pêche.

Néanmoins le grand froid rendait la nourriture purement maritime insuffisante.

Quand le gibier habituel (chevaux sauvages) se faisait rare, les Hommes, affamés, étaient dans l’obligation de se rabattre sur les phoques de la banquise toute proche, dont la graisse indispensable à leur survie les attirait. Ainsi montaient-ils des expéditions de chasse au phoque, armés de harpons et équipés d’embarcations recouvertes de peaux et enduites de graisse.

On est, à partir de là, tout à fait en droit d’imaginer que leurs expéditions sur l’immense pont de glace de la banquise qui, alors, coiffait tout l’Atlantique Nord, les ait conduits de l’autre côté du grand océan, en Amérique !

Certes, les indices qui pourraient étayer cette hypothèse sont rares, fragiles.

Outre la pointe de flèche virginienne, ils reposent sur des découvertes dans le domaine de la génétique.

On a, en effet, identifié, dans le génome de l’actuelle population amérindienne des OJIBWA (qui est fixée dans le nord des Etats-Unis) un gène que l’on retrouve aussi chez certaines populations européennes !

Un généticien précise même que ce gène concerne un quart de la population chez toutes les populations autochtones actuelles de l’Amérique du Nord, « ce qui est beaucoup ».

Ce documentaire-fiction britannique, fort bien fait, met en scène la véritable « épopée » d’un tout petit groupe de chasseurs de phoque solutréens qui, surpris par une monstrueuse tempête sur la banquise (comme il en existait alors beaucoup à cette époque et dans ces parages du fait, nous explique-t-on, de l’interaction entre le froid polaire et le courant chaud du Gulf Stream), se retrouve dans la totale impossibilité de regagner l’Europe, et, devenu le jouet des éléments, se voit peu à peu poussé vers une nouvelle et fort mystérieuse terre.

Sur cette terre « désolée » où ils abordent (c’est le Canada), les malheureux ont à faire face à des dangers terribles et totalement inconnus d’eux : si, à leur grande surprise, les troupeaux de mammouths abondent (ils ont presque disparu, déjà, d’Europe, sans doute du fait de la chasse), d’énormes et redoutables prédateurs tout puissants les attendent aussi : le monstrueux ours à tête courte et le fameux et à peine moins intimidant tigre à dents de sabre !

Ils sont vulnérables et perdus…mais, fort heureusement, ils rencontrent un autre groupe d’ « exilés » relativement nombreux, avec lequel, en bateau (pour se tenir à distance des prédateurs), ils descendent plus au sud, à la recherche de silex qui leur permettront de se fabriquer des armes.

Ils finissent , au bout du compte, par échouer en Virginie, où se trouvent d’importants gisements de pierre de taille.

Leur courage, leurs armes et leurs lois impitoyables mais nécessaires (bannissement du clan en cas de meurtre, ce qui expose à une mort quasi certaine, par isolement au milieu d’une nature prédatrice, le groupe ne pouvant à aucun prix se permettre de mettre en péril sa cohésion) leur permettront de faire souche sur la nouvelle terre, où ils profiteront de l’abondance du gros gibier (bisons, mammouths).

6 000 ans plus tard, soit il y a 12 000 ans de notre point de vue, ils seront toujours là, mais le « pont de glace » atlantique aura régressé, les coupant définitivement de toute éventuelle possibilité de retour vers l’Europe.

En revanche, à l’autre bout du continent nord-américain, entre l’Alaska et la Sibérie, un autre « pont de glace » se sera installé sur le détroit de Behring, ouvrant le passage à d’importantes migrations d’Hommes asiatiques.

Il y aura rencontre, et, comme en attestent aujourd’hui les gènes, métissage.

La science nous étonnera toujours !

P.Laranco


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