Les fonds en euros des assurances vie ont été publiés maintenant par tous les assureurs. Cette année, malgré la baisse des rendements obligataires, ils rapportent encore largement plus de 3%, sauf pour les contrats bancaires, qui sont la référence du minimum possible.
Comment font les gérants pour avoir un bon rendement obligataire ?
Les obligations d'états raportent peu. Aussi, les gérants doivent se tourner vers des obligations "corporate", d'entreprises privées. Ainsi, par exemple, Lafarge proposait une émission obligataire de 8ans à 5,375% en novembre dernier aux institutionnels, pour un montant de 1 milliard (référence ici). Avec des frais de 0,6% pour la structure de gestion, il reste encore 4,775% de rendement au contrat qui intégrerait ce produit. Bien sûr, mixé avec des obligations d'états, le rendement global baisse, mais c'est pour vous montrer qu'il existe de grandes sociétés à risque limité, qui proposent des coupons très largement au dessus des rendements d'états. Notez que Lafarge est noté BAA3 par Moody's (c'est le dernier niveau d'investissement dans le classement de cet organisme), et la publication des comptes ce vendredi, avec un objectif de réduction de la dette va dans le sens de la diminution des risques, d'où l'envol du cours de bourse, probablement un maintient voire une réévaluation positive de la notation crédit. Il est très important pour une entreprise de ne pas être dégradé, ou au moins de rester en "investment grade", car cela signifierait une augmentation du coût de crédit. Ce la signifierait aussi pour les gérants de fonds, une vente quasi-obligatoire du titre obligataire: les fonds doivent prendre des risques limités, et ils ont souvent l'interdiction d'investir dans des catégories "junk bond".
En plus des obligations corporate, certains fonds ajoutent une pincée d'action pour booster le rendement, avec des résultats plus ou moins heureux.
Pourquoi les grands établissements bancaires ne proposent-ils pas des rendements supérieurs à 3% ?
Ces établissements sont gênés par la taille de leurs fonds, qui est souvent gigentesque !
Ils ne peuvent donc pas investir dans de trop petites émissions pour des raisons de coût, de gestion, et aussi pour éviter d'assécher l'émission obligataire. Voilà pourquoi ces fonds se tournent vers les obligations d'état, qui rapportent actuellement autour de 3,6% [voir l' OAT TEC 10 ]. Avec 0,6% de frais de gestion, cela donne un rendement servi de 3%... et voilà comment vous avez des contrats bancaires qui ne peuvent pas vous rapporter plus de 3% !
Il y a aussi une autre raison, pour laquelle vous n'aurez jamais de bons rendements dans les grands établissements: C'est leur lourdeur, et l'aversion au risque. Paradoxalement, alors qu'on demande aux financiers de gérer "au mieux", ce n'est absolument pas ce qui est fait dans les établissements bancaires: ils gèrent "au plus simple", et surtout sans prendre de risque. Les contraintes sont telles, que le gérant qui voudrait s'écarter de la norme se voit brimé, voire doit démissionner pour exercer ses talents dans de petites structures (ou créer sa structure). Ainsi, vous avez des rendements asceptisés, sans relief, mais aussi sans surprise. Le travail de suivi dans ces établissements est limité, puisqu'ils n'investissent pas ou peu dans des obligations "corporate": C'est reposant d'être positionné sur des obligation d'Etats !
Note: La course au rendement maximum a conduit, aux états unis, à la crise des "sub-prime", où, pour délivrer toujours plus de rendements, des obligations vendues "AAA" contenaient en fait une bonne part d'obligations pourries. Lorsqu'aucun défaut de paiement n'est constaté, ces fonds performent mieux que la moyenne, puisque le rendement de base est plus élevé. Par contre, si le taux de défaut devient annormalement élevé, le rendement s'écroule voire devient négatif. Vous connaissez la suite.... : La défiance des investisseurs, la propagation à l'ensemble de l'économie, le sauvetage par injection massive de liquidités, et bientôt le retour de l'inflation.