Probablement échaudée par l’alerte lancée vendredi dernier par le Réseau « Sortir du nucléaire » sur une grave anomalie sur le système principal de prévention de fusion du cœur en cas de fuite importante du circuit primaire *1, EDF se voit obligée de révéler une nouvelle anomalie qui met en péril la sûreté nucléaire. *2
Il s’agit d’une usure prématurée des « coussinets » des groupes électrogènes de secours, usure qui peut entraîner leur défaillance. Ces groupes électrogènes sont censés prendre le relais en cas de perte d’alimentation électrique extérieure, pour continuer à assurer les « fonctions vitales » de la centrale.
La perte d’alimentation électrique d’un réacteur est un facteur de risque d’accident nucléaire majeur. C’est la deuxième génération de coussinets qui pose des problèmes depuis 2009. Comme EDF n’a pas encore conçu de nouveaux coussinets, elle est condamnée à remplacer les coussinets usés prématurément par d’autres coussinets au défaut d’usure similaire. *3
Ce défaut concerne 19 réacteurs de 900 MW déjà fragilisés par l’anomalie non résolue sur les systèmes de refroidissement de secours. Le problème a été classé au niveau 1 de l’échelle INES sur les centrales du Blayais (Gironde), Bugey (Ain), Chinon (Indre-et-Loire), Cruas (Ardèche), Dampierre (Loiret), Gravelines (Nord), Saint-Laurent des Eaux (Loir-et-Cher). Au Tricastin (Drôme), l’anomalie a été classée au niveau 2, tous les groupes électrogènes des réacteurs 3 et 4 étant concernés, ainsi que celui de la centrale. *4
Tous ces réacteurs sont donc doublement vulnérables au risque de fusion du cœur.
Rafistoler à grands frais ou fermer pour de bon ?
Plus que jamais, le parc nucléaire français se révèle un colosse aux pieds d’argile. Malgré les déclarations rassurantes d’EDF, ce cocktail explosif d’accumulation de défauts de sûreté, dans un contexte de vieillissement des réacteurs, fait froid dans le dos. Combien de défauts graves pour la sécurité restent encore à découvrir ?
Les centrales concernées par l’anomalie atteignent leurs 30 ans. Montrant des signes évidents d’usures, elles font l’objet de vastes projets de rafistolage généralisé. Chaque défaut générique constaté a un coût significatif, qui se rajoute à celui d’une grande campagne de renouvellement des générateurs de vapeurs vieillissants *5 ; le tout aura inévitablement des répercussions sur le prix de l’électricité nucléaire.
En repoussant la fermeture de réacteurs vieillissants et à la sûreté défaillante, les autorités imposent à la population un risque inacceptable. La première priorité est d’enclencher dès maintenant un plan de sortie du nucléaire, pour doter enfin la France d’énergies vraiment propres et vraiment sûres. Le Réseau « Sortir du nucléaire » réclame donc à nouveau la fermeture préventive des réacteurs concernés, à commencer par les réacteurs 3 et 4 du Tricastin, et la mise en œuvre au plus vite d’une transition vers un avenir sans nucléaire.
Voir les notes sur le site.
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Réseau “Sortir du nucléaire” :