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Umar TIMOL (Île Maurice).

Par Ananda

AUTOMATIQUE.

 

 

trop de couleurs saturent nos blessures, trop de couleurs ressassent mes plaies, il faut, me dis-tu, dévoiler les méandres de la terre, il faut, me dis-tu, acheminer les vidanges de nos larmes vers ce lieu de trop plein, il faut, me dis-tu, parcourir tous les solstices de la parole et des verbes, il faut, me dis-tu, ravaler les mécénats de la révolte, il faut, me dis-tu, consteller d’étoiles tous ces territoires longtemps dépouillés, il faut, me dis-tu, pulser plus vite que la plus mélancolique des lumières, il faut, me dis-tu, rapatrier l’usage de cette parole que les larmes détruisent mais mes mains sont emplis de trop de fêlures, mais les fleuves ne cessent d’embourber mon corps, mais mes rêves sont ancrés dans les audaces de la fange, trop de couleurs pullulent dans mes obscurités, trop de couleurs violentent les cadastres de la nuit, trop de couleurs abiment la contumace des fièvres, il faut, me dis-tu, résilier les ordalies des sens, il faut me dis-tu reconstruire le soi-disant présent, il faut me dis-tu dévisager la mort putride, il faut me dis-tu embarquer toutes les voiles et les destiner à la nuit, il faut me dis-tu vanter les flamboyances du poème mais j’ai trop longtemps bercé les mers écœurées, mais l’arbre fourbe ne cesse de cisailler toutes les cavales de la liberté, mais trop de mots dessinent les relents de l’ombre et de la pierre, il faut me dis -tu marchander les trahisons du soleil, il faut me dis-tu, rapiécer les parchemins des cataclysmes, il faut, me dis-tu, sonder des lieux peuplés de lassitude, il faut, me dis-tu, fustiger la féerie et les volcans à sa traine, il faut, me dis-tu, instaurer la connivence des sens et de la haine, il faut, me dis-tu, écrire tant de poèmes pour fusiller toutes les arrogances, il faut, me dis-tu, écrire tant de poèmes pour que fleurissent les nuages et l’ouragan, il faut, me dis-tu, conspuer les saisons du doute et du morne, il faut, me dis-tu, rêvasser tant de conquêtes, tant d’aventures qu’il ne demeurera qu’une chose, le souffle, oui le souffle du dépassement mais le temps a effacé mes empreintes, mais ma peau est de la fraternité de l’absence, il faut, me dis-tu, partir mais je suis d’ici, il faut me dis-tu, crucifier les limites mais je suis d’ici, il faut, me dis-tu, il  le faut me dis-tu mais trop de couleurs saturent nos blessures, trop, trop, trop, il faut, me dis-tu, partir mais je suis d’ici et trop de couleurs saturent nos blessures, trop de couleurs, couleurs.


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