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Petits arrangements

Publié le 22 février 2011 par Toulouseweb
Petits arrangementsEADS bruisse de bien inutiles rumeurs.
A force de dire et répéter que l’industrie aérospatiale européenne est devenue une solide réalité, on avait finit par le croire. Grossičre erreur ! Certes, les programmes communautaires constituent une solide réalité, d’Airbus ŕ Ariane en passant par Eurocopter, notamment. Mais des craintes ancestrales surgissent ŕ la moindre alerte, nous rappelant que la notion de nationalisme politico-financier est loin d’ętre éradiquée, męme entre partenaires de longue date.
La perspective d’une restructuration capitalistique du groupe EADS nous le rappelle : Daimler a confirmé son intention de se débarrasser de la moitié des 15% qu’il détient dans le groupe et, aussitôt, Berlin s’inquičte et le fait savoir. Bien sűr, rien ne peut interdire ŕ Daimler de se recentrer davantage sur l’automobile et, ŕ terme, de s’écarter tout ŕ fait de l’aéronautique, de l’espace et de la Défense. On le comprendrait d’autant mieux que ce mélange des genres n’a plus beaucoup de sens, en admettant qu’il en ait eu un quand EADS a été créé il y a 10 ans.
Mais la situation n’est pas simple pour autant. La question qui agite le microcosme est en effet de savoir qui va acquérir des dits 7,5%. Non pas pour des problčmes de gouvernance mais plutôt en raison de la crainte des Allemands de perdre une partie de leur influence dans le groupe, ce qui risquerait, pensent-ils, d’avoir un impact négatif sur l’emploi. Il serait d’autant plus malvenu d’en sourire qu’il en irait ŕ coup sűr de męme si une situation similaire devait se produire en France. Ce qui sera tôt ou tard le cas, Lagardčre, lui aussi soucieux de recentrage, étant bien décidé ŕ quitter le complexe militaro-industriel dčs qu’il pourra le faire de maničre aussi rentable que possible.
Entre-temps, Arnaud Lagardčre fait comme si de rien n’était, au point de se préparer ŕ prendre la présidence d’EADS dčs que cette fonction se libérera dans le cadre d’une alternance germano-française. Tout est pesé sur une balance de pharmacien, les inquiétudes ne sont męme pas contenues, moins encore dissimulées, et le dossier se trouve actuellement sur le bureau de la chanceličre Angela Merkel.
Détail révélateur, on entend que deux länder seraient pręts a racheter les actions cédées par Daimler, ou encore la ville de Hambourg, selon le principe que n’est jamais aussi bien servi que par soi-męme, męme quand on connaît l’attentisme d’IG Metall. En clair, on s’observe avec suspicion de part et d’autre du Rhin, comme s’il s’agissait de nous rappeler insidieusement qu’EADS n’est toujours pas une et indivisible. C’est trčs décevant.
Dans le męme esprit, on comprend par ailleurs qu’un inévitable jeu de chaises musicales programmé pour la mi-2012 suscite une certaine nervosité. Le départ en retraite en juillet de l’année prochaine de Louis Gallois, président exécutif, va évidemment entraîner quelques mouvements au sommet de l’organigramme. La logique voudrait que Thomas Enders, patron d’Airbus, succčde ŕ Gallois et soit remplacé par Fabrice Brégier, directeur général exécutif d’Airbus, une transition tout simplement logique. Il est probable qu’il en aille bien ainsi mais ce scénario apparaîtrait trop limpide ŕ certains esprits chagrins au point de susciter ce qu’il est convenu d’appeler des commentaires en sens divers.
Cette agitation est tout ŕ la fois vaine et inutile et ne mérite pas qu’on s’y attarde. En revanche, la restructuration trčs partielle de l’actionnariat d’EADS présente de vrais risques, en termes d’image tout au moins. L’opération va en effet mettre en évidence l’ingérence subtile des Etats dans la bonne marche du groupe, ingérence au demeurant trčs relative mais montée en épingle, ŕ chaque occasion, par des observateurs américains pointilleux. A la moindre occasion, ils dénoncent en effet des liens inappropriés, ŕ leurs yeux, entre l’industriel et la puissance publique. Une accusation qui permet d’entretenir le mythe du tandem EADS/Airbus subventionné et capable de bafouer ainsi les rčgles fondamentales de la libre concurrence pure et dure. Ainsi va le dialogue transatlantique, d’un petit rebondissement ŕ l’autre, alimenté par des inquiétudes pusillanimes fabriquées de toutes pičces ŕ Berlin et ŕ Paris. Chacun croyait pourtant qu’en cette matičre, que nous avions changé d’époque.
Pierre Sparaco - AeroMorning
(Photo: Daniel Faget)

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