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Dans le labyrinthe de John Boorman

Publié le 22 février 2011 par Mainsdoeuvres

Événement Chloé Maillet & Louise Hervé présentent Excalibur Dimanche 13 mars 2011. Cycle organisé par Pascale Cassagnau.
English version, click here Dans le labyrinthe de John Boorman

« C'est un peu un rêve non interprété que John Boorman met en scène ».
Le cinéma de John Boorman dessine de films en films un profond labyrinthe aux multiples trajectoires, suggérant un voyage continué. Les lignes narratives segmentées et multipliées, des films, les temps grammaticaux inversés, élaborent un trajet sous la forme d'un vortex. Mettant en scène des huis clos à travers des forêts, des îles, et des vastes territoires aux contours indéfinis, John Boorman conçoit son cinéma comme le récit d'une quête.
Placés bien souvent en position de survie, les personnages des films de Boorman font face à eux-mêmes, au terme d'un trajet. Car « Le héros s'engage dans une aventure en poursuivant un but précis ; cette aventure recèle un sens qui lui échappe ; ce sens lui est revelé au cours d'une confrontation capitale avec lui-même ». Le film est alors l'espace d'une expérimentation portée par les mouvements de la caméra, le montage des sons, la temporalité : John Boorman filme, observe les situations, des expériences – du jour d'après. Si le film est l'espace d'un transport, d'une communication (on pensera ici à l'évocation de l'hypnose dans L'exorciste II/ L'hérétique), il est aussi l'espace du rêve, d'une réalité travaillée par de l'altérité. D'un rêve à l'autre, d'une torpeur à une autre, les films de Boorman suggèrent un malaise sans fin.
La dimension de cauchemar récurrent que constitue le cinéma de Boorman n'est néanmoins pas exempte d'une dimension politique. Comme l'écrit Michel Ciment à propos de Délivrance : « Le film est un nouveau commentaire sur l'Amérique par le moyen d'une réflexion sur les genres cinématographiques, réflexion qui est l'une des caractéristiques de l'art de Boorman. Voici un western moderne où le cinéaste va retourner comme un gant un certain nombre de mythologies américaines ». Les films expriment un point de vue sur la réalité, ainsi que la remise en question des fondements de la société américaine, ou plus largement de certains fondements de la civilisation occidentale.
Chloé Maillet, Louise Hervé.
Membres fondatrices de l'I.I.I.I. (International Institute for Important Items) Chloé Maillet et Louise Hervé poursuivent une œuvre digressive, à travers performances, films, dessins, empruntant tout aussi bien au cinéma qu'à la littérature ses motifs et ses problématiques profondes. Mettant en œuvre et en récit des projets qui reposent sur des « mondes possibles et impossibles, pour paraphraser Umberto Eco, elles dressent autant de portraits de l'artiste en archéologue. Si les deux artistes cherchent à nouer les liens entre le récit scientifique et le mythe, leur attention se porte sur toutes les traces muettes tombées hors du temps.
Excalibur, 1981, 140'
Geste arthurienne, Excalibur relate l'épopée du roi Arthur, de la quête du Graal et de Camelot, en une vaste fresque aux couleurs sombres ou vives, du vert émeraude ( qui sera l'objet de la Forêt d'Emeraude) à l'orange aveuglant, retravaillés avec des filtres et l'utilisation récurrente de la brume qui transforment les personnages en apparitions fantomatiques. John Boorman revisite un genre cinématographique très prisé par le cinéma hollywoodien des années 50, en une mise en abyme propre à son cinéma : l'ambiguïté, la contradiction entre les thèses exposées y sont souvent à l'œuvre, ainsi qu'un battement entre le réalisme et la dimension fantastique du traitement de l'espace narratif. Dans Excalibur, Merlin, Arthur ne sont pas les héros dépeints par la légende du cinéma, mais des personnages saisis entre éternité et modernité.

Dans le labyrinthe de John Boorman est une série de rencontres –projections organisées par Pascale Cassagnau dans la salle Star Trek, consistant à inviter des artistes plasticiens à présenter un film de John Boorman cristallisant des recherches en cours ou faisant écho à sa propre œuvre, sous la forme d'une carte blanche.
Julien Prévieux présente L'Exorciste 2, Dimanche 20 mars 2011
Isabelle Cornaro présente Le Point de non-retour, Dimanche 27 mars 2011
Pascale Cassagnau est critique d'art et spécialiste au sein du ministère de la Culture des nouveaux médias. Elle est l'auteur de textes sur Chris Burden, James Coleman, John Baldessari, Pierre Huyghe, Dominique Gonzalez Foerster, Matthieu Laurette. Ses recherches portent sur les nouvelles pratiques cinématographiques, dans leur dialogue croisé avec la création contemporaine. Elle est l'auteur de "Future Amnesia – Enquêtes sur un troisième cinéma" (2007) et "Un pays supplémentaire : La création contemporaine dans l'architecture des médias" (Les beaux arts de Paris éditions, 2010).
Photo de la salle STAR TREK prise par Akatre


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