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Dans nos Pyrénées, indignons-nous… avec nuance.

Publié le 22 février 2011 par Marius

Eglise-St-Pierre.JPGLes motifs d’indignation pleuvent. Stéphane HESSEL a remué les consciences et quelque part c’est tant mieux. En effet nous assistons trop souvent à des prises de positions molles de nos contemporains comme si l’on avait peur que le ciel nous tombe sur la tête. Le réveil des consciences est salutaire et il n’est pas interdit de faire entendre haut et fort nos protestations.

Il y a des causes réelles et profondes qui méritent notre courroux mais parfois des causes supposées qui méritent un peu de nuance. Prenons, par exemple, deux motifs d’indignations qui font l’actualité de l’Ariège (1) afin de mieux apprécier la complexité des situations.

La yourte de Léa et Thom

Voici deux jeunes tourtereaux qui ont donnés du sens à leur vie ; la création d’un espace de culture maraîchère au pied de leur habitat et une vie apaisée au cœur d’un univers agricole abandonné. Où est le problème me direz vous. Il est simple ; ils ont l’incongruité de vouloir vivre par nécessité économique dans une yourte. Un logement peu commun dans nos contrées même s’il revêt un caractère habituel des paysages Mongols.

Là réside le principal problème ; user d’un droit d’installation sur un terrain réputé non constructible. L’administration ne plaisante pas avec cela. Hors des zones ad hoc il ne peut y avoir d’habitat…surtout à la lisière d’un village possédant un patrimoine inscrit au bâtiment de France. Ainsi voilà Léa et Thom mis dans l’obligation de faire disparaître ce logement d'un paysage bucolique et protégé du piémont pyrénéen…avec les risques de départ définitif de ces occupants.

Les parents d’élèves d’Ax les Thermes

Voilà que l’administration s’est mise en tête de fermer deux classes au fond de cette vallée. La perte d’une maternelle et d’une classe primaire inquiète fortement la population locale qui au travers de cet évènement constate la fragilité du tissu social et économique de la cité. En effet cette fermeture entraîne des conséquences insoupçonnées; la perte de classes c’est la perte supposée  de potentiels d’accueils pour de nouvelles familles qui préfèreront d’autres lieux plus appropriés à l’épanouissement de leurs enfants.

Dans les deux cas nous observons des élus en situation de soutien à la cause.

Pour Léa et Thom le maire à fait savoir qu’il souhaitait voir ce jeune couple vivre dans son village ; c’est l’assurance d’un renouvellement d’une population déclinante.Noël MAMERE c'est déplacé au tribunal pour appuyer cette position défendue par les verts (2)

Dans le second cas le président du conseil général et son affidé le maire d'Ax sont aux côtés des parents d’élèves et des commerçants pour appuyer les revendications des enseignants et des familles.

Dans les deux cas les maires s’en prennent directement à l’état. L’état est ce truc éloigné qui régit avec froideur à coup de décrets nos contrées éloignées mais c’est aussi (et surtout)  le meilleur moyen de se défausser des responsabilités confiées par leurs administrés.

En effet du côté d’Ax il s’agit de savoir apprécier de la nécessité d’un parc locatif adapté aux ressources d’une population de jeunes familles. De même, dans le Couserans  pour Léa et Thom qui semble avoir tout pour réussir leurs avenirs en ce lieu.  

Dans les deux situations, le sujet central est donc le logement et son coût. Les élus des grandes agglomérations sont aujourd’hui dans l’obligation de répondre à cette nécessité. La loi MOLLE , la loi DALO, l’application de l’article 55 de la loi SRU met en obligation les communes de plus de 3500 habitants de créer des logements sociaux pour les moins favorisés d'entre nous. Mais ces lois et décrets ne s’appliquent par pour les petites communes de nos régions touristiques où l’immobilier s’emballe au travers de la transformation des habitations en résidence secondaires.  

Les élus de ces sites sont totalement responsables de cette situation et leurs places ne sont pas dans une supposée défense de quelques intérêts de circonstances mais bien dans la nécessaire gestion de l’évolution démographique de ces cités trop longtemps réservés à la tonte du touriste de passage.

 Il est temps d’imposer à ces maires la mise à disposition de logements adaptés à la revitalisation permanente des villages ; le seul constat d’une activité réelle dans le périmètre communal devrait suffire à déclencher une obligation d’aide financière ou logistique au bénéfice de la famille concernée. C’est à ce prix que nos montagnes retrouveront  de la vie…Mais pour cela il faut un décret car les élus ne sont pas prêts à sortir de leurs démagogies coutumières.

(1)Vous pouvez remplacer l' Ariège par le Lot , le Tarn ou le Gers ; les problèmes sont identiques sur l'ensemble de notre région.

(2)Noël MAMERE, maire de BEGLES est, à juste titre, très pointilleux sur les autorisations de construire dans sa commune et n'accepte pas de dérogation à l'art. 55 de la loi SRU...mais les verts restent toujours attachés à l'esprit rebelle d'une partie de leurs membres historiques.Position délicate.


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