Magazine Société

Tremblement de terre à Christchurch, Nouvelle Zélande, une situation critique…

Publié le 22 février 2011 par Philippejandrok
4ce56126f0185b5f652bc7520e67656f.jpgAujourd’hui vers 13h, une secousse de 6.3 a secoué la ville de Christchurch.   J’étais dans ma chambre de Motel lorsque c’est arrivé, tout s’est mis à bouger, les placards se sont ouverts, la vaisselle s’est brisée, la Tv et le lecteur DVD sont tombés par terre, le miroir s’est décroché, enfin, dans ces instants, on ne sait pas vraiment quoi faire, paniquer ne sert à rien, il faut garder son calme et sa raison et surtout, ne jamais penser que l’on vit ses derniers instants.   Ma fille de 11 ans était paniquée au point de fondre en larme, sa détresse était tellement troublante, sa maman et moi étions calmes et l’avons immédiatement prise dans nos bras, nous devions garder la tête froide, même si nous étions tous en état de choc. Par chance nous n’avons subit aucun dommage, ni destruction de biens matériels. Dans les autres chambres, le micro onde s’est brisé, ainsi que les TV, le miroir et une quantité d’autres choses, mais nous étions indemnes et c’est bien tout ce qui comptait.   Nous sommes dans un Motel anti-sismique supposé supporter un tremblement de terre d’une échelle de 9, et pour l’instant, il supporte admirablement la situation répétée depuis le début de l’après midi.   0466b5e220d173458f9470b2fa085bd1.jpgLe quartier dans lequel nous nous situons est proche du centre ville, à environs 15 minutes. Après la forte secousse, la Cranford Avenue était en un instant non seulement inondée à cause des canalisations qui ont éclatées sous nos pieds, mais elles étaient également prises d’assaut par les habitants de la ville qui fuyaient pour certains, le centre ville, évacués par les services de sécurité.   Les autres, ceux qui étaient au volant de leur véhicule étaient impatients de renter chez eux pour prendre des nouvelles de leur famille et pour voir s’ils avaient encore un toit. Tout le monde avait son téléphone à l’oreille et une expression d’inquiétude inscrite sur leur visage. Je décidais de prendre mon appareil photo et de marcher en direction de la ville. Je devais marcher entre le trottoir et la chaussée, afin d’éviter des flots de boue poussés par l’intérieur de la terre vers la surface, or, il ne s’agissait pas des canalisations qui avaient éclatées mais bien de la nappe phréatique poussée par la colère du magma qui poussait tellement fort qu’il dégueula sa colère en inondant de flots saumâtres les rues de la très proche banlieue.2aaea13c81b917694df3f7cfea973781.jpg   0d640f06f494b67940658cd34a2b5c44.jpgDans la rue, je croisais des habitants pressés, soucieux, angoissés, déjà les services de protection s’étaient mis à l’ouvrage, les bénévoles régulaient la circulation, dans l’hôpital "Southern Cross", les patients étaient installés  à l'extérieur sur le parking, les poches de plasma suspendues aux arbres, ou tenues par des volontaires ; tout le monde se préoccupait du bien être des malades, il étaient allongés sur des coussins de canapés et de sofas, d’autres étaient assis sur des chaises, le bras bandé, la tête bandée, d’autres encore arrivaient en voiture banalisée, véhiculés par la famille, les amis.   9ecc5c69e4ff53dd37330a834a689d72.jpg Dans la rue, chacun demandait à l’autre si tout allait bien, si sa famille n’avait rien, on me demanda d’où je venais, car je devais vraiment avoir la tête du parfait touriste, ahuris, souhaitant apporter son aide et ne sachant pas comment faire.   Je remarquais sur la Cranford Street, face à moi, une vieille dame assise devant sa maison avec son vieux labrador et ses deux cages à oiseaux dans lesquelles des perruches et un perroquet vert étaient affolés par le terrible et incessant vrombissement des moteurs et de la noria de véhicules.   Plus loin, un hôtel tenu par un jeune coréen désespéré, arpentait le trottoir en fumant cigarette sur cigarette, l’homme me vit et vint à ma rencontre :   - Vous n’avez rien ? Me demanda-t-il. - Non, je vous remercie, et vous, comment allez-vous ? Avez-vous subit des dommages ? - Oh, ne m’en parlez pas, tout est détruit dans les chambres. - Mais vous êtes assuré ? lui demandais-je naïvement - Bien sûr, mais j’attends déjà ma première indemnisation du mois de septembre qui ne vient pas, je ne sais pas ce que je vais devenir.   À cet instant un groupe de Coréens dans une voiture sportive de couleur rouge passa à notre hauteur et le chauffeur s’adressa à son confrère dans leur langue. J’eu comme une étrange impression de jouer un rôle dans le film de Clint Eastwood « Grand Torino ». Je le saluai en lui souhaitant bonne chance et continuai mes investigations sur Bealey Avenue.   138b493bd5e25d5f80dfbfcf206a227d.jpgLa pharmacie était complètement détruite, et déjà les bénévoles s’occupaient de gérer le trafic, car une panne de courant générale touchait toute la ville depuis la secousse.   L’accès au centre ville était à présent condamné, personne ne pouvait plus y entrer, les rues étaient barrées par des camions, camionnettes, on ne pouvait qu’en sortir et encore, à pied.   Je rencontrai un couple de jeunes Anglais qui m’apprirent qu’ils avaient un camping car et que celui-ci était garé en ville et qu’ils se demandaient encore comment ils allaient faire pour le récupérer.   Plus loin, une maison avait été partiellement détruite, en prenant une photographie une femme me dit :   - Vous savez, l’ironie du sort, c’est que cette maison a été détruite en septembre et qu’ils viennent tout juste de la refaire, j’habite juste derrière.   9cad345d86d4a61e8f4039294f12f462.jpgTout le travail accompli l’avait été en vain, comme des centaines de maisons ici, il faut donc tout reprendre à zéro et je n’ose pas imaginer comment les assurances vont gérer ce problème, car en règle générale, les assurances préfèrent attendre et laisser trainer les affaires en cours. Un couple sur la Bealey Avenue avait une maison déclarée par les ingénieurs en Septembre après la secousse, inhabitable, mais les autorités et les assurances n'ont pas souhaité prendre en considération l'avis technique, elle a présent complètement détruite, n'ayant pas supporté la secousse de ce matin, et ces gens se retrouvent à la rue, sans rien, complètement désespérés, toute leur vie dans les décombres.
  Chris, la personne qui s’occupe des chambres du motel, possède une ferme qui lui vient de ses parent, lors de la forte secousse de Septembre, sa maison a subit des dommages importants, et elle attend depuis son indemnisation, à chaque fois qu’elle téléphone à son agent pour obtenir des réponses à ses questions, soit il est absent, soit il la traite comme une pestiférée, elle se trouve dans la situation du client qui paye son assurance mais qui ne récupère jamais son indemnisation ou l’application dudit contrat, c’est vraisemblablement la politique des assureurs du monde entier, de ponctionner les clients sans jamais les dédommager, même problème en Australie ou l’assurance couvre les dégâts d’eau provenant d’en haut mais pas d’en bas, donc les assurances ne couvrent pas les inondations :   - « Désolé Messieurs-Dames, ce n’est pas noté dans le contrat. »   Et pourtant, une assurance est obligatoire, on se demande pourquoi si cela ne sert à rien, à nouveau, nous faisons confiance à des agents qui jouent subtilement avec la loi et la mauvaise foi pour soutirer de l’argent à des clients naïfs, on a parfois le sentiment d’être victime d’une société criminelle internationale.   Ea11330f3e224cfde262d79c0f4f2e03d.jpgn continuant sur ma lancée, je découvrais une maison particulièrement endommagée, le mur en brique de la façade s’était partiellement effondré, des jeunes faisaient les imbéciles et se mirent en me voyant à poser devant les décombres, je jouais le jeu et fis le point, soudain l’un d’eux me bondit dessus :   - No photo and fuck off ! - Sorry, I’m not sure to understand what you just said - No photo and fuck off ! - Listen, I’m not a journalist, I’m just here to show what’s happening. - I don’t care No photo and fuck off ! - You are truly vulgar. - Ha ! Fuck off ! - No woories, I fuck off, but you are just an asshole… - What, I’m an asshole, your an… blablablabla… Me dit-il en fuyant, le courageux jeune néozélandais à la langue bien pendue.   En Nouvelle Zélande, les gens sont en règle générale très aimables et surtout très courtois, ils ne jurent pas, ne crachent pas, et sont toujours disposés à aider leur prochain, je suppose que ce garçon était en état de choc, c’est pourquoi il s’est montré si désagréable, je suppose également qu’il ne s’attendait pas à ce que je lui réponde, habitué à faire peur à son entourage, enfin, j’ai trouvé cette rencontre fort déplaisante et j’ai pensé à ce que me disait cette jeune coiffeuse de Christchurch concernant les paumés, les désœuvrés qui traînent dans les rues à boire et à fumer au lieu de s’occuper.   06c7facc89191c822a5d99ede6d4ed71.jpgLeur agressivité monte à quel point ils sont mal à l’aise et peut-être n’aurais-je pas dû lui répondre, mais en lui répondant je lui montrais qu’il ne pouvait pas se permettre de manquer de respect à un aîné et si je n’avais pas répondu il se serait conduit de cette manière encore et encore avec d’autres puisque aucune limite ne lui est imposée.   Je ne prétends, qu’il fallait corriger ce grossier personnage inspiré par la lâcheté, car la violence ne résout rien, jamais, mais je constate qu’il existe une jeunesse particulièrement paumée dans ce pays, comme dans le reste du monde.   Je continuais ma route à travers l’agitation et les embouteillages au point de me perdre. Je demandais mon chemin et des personnes furent assez aimables pour m’aider à le retrouver.   À mon retour, la vielle dame aux chiens et aux oiseaux avait regagné sa maison, alors que des familles entières campaient à l’extérieur de leur maison sur des chaises de camping, enveloppées dans des couvertures polaires de peur d’être victimes d’une nouvelle secousse. Or, depuis cette terrible secousse, nombre d’autres se succèdent avec moins d’intensité, au moins une par heure, mais on les sent venir du centre de la terre, on perçoit ce grondement sourd avant d’être secoué de gauche à droite pendant quelques secondes et puis plus rien, jusqu’à la nouvelle secousse.   Il est à présent 17. 39 et nous n’avons ni eau, ni électricité, Barbara qui tient le motel nous amené des bougies, mais nous n’avons rien pour les allumer et si hier nous avions une journée formidable et prêt de 28° et un merveilleux soleil, nous en avons 16 à présent de la pluie et du vent, ainsi va la vie en Nouvelle Zélande…   ee0253df60fa47d48be4191ec0072e27.jpgDes touristes ont été encouragés à quitter leur hôtel du centre ville et une délégation d’économistes américains a marché avec leurs valises du centre ville jusqu’ici pour demander asile. Barbara leur a donné trois chambres en indiquant qu’il n’y avait ni eau, ni électricité, puis un couple d’allemand dans la même situation a également été accueilli.   Demain matin, Lindsay (époux de Barbara) et moi allons bricoler un système pour permettre d’avoir de l’eau dans les toilettes, nous devons nous serrer les coudes, mais les Néozélandais sont des gens formidables dans ce type de situation.   Vers 22h30 le courant a été rétabli mais nous n’avons pas d’eau et les magasins sont fermés depuis la secousse ; nous devons nous débrouiller avec les moyens du bord. Les responsables du Motel sont très concernés et tout le monde s’aide et se soutient, j’ai pu cuire du riz sur leur plaque au gaz pour ma fille, et Lindsay le propriétaire m’a donné accès à internet pour prévenir la famille inquiète et m'a offert une bouteille d'eau.   Au centre ville, c’est l’état de siège pour la sécurité des habitants, les immeubles anciens qui faisaient le charme de Christchurch se sont effondrés, déjà fragilisés en Septembre. La secousse de ce matin a été destructrice et malheureusement près de 65 personnes sont décédées.   Dans l’école de langue dans laquelle nous avions l’intention de placer notre fille la première fois, une vingtaine d’étudiants Japonais sont encore prisonniers des décombres, je n’ose pas penser que nous avons de la chance en pensant à ces jeunes gens que nous espérons tous voir sortir indemnes.   À l’instant où j’écris ces lignes, de nouvelles secousses (after choc) font trembler notre Motel et la ville, nous tentons de nous rassurer en nous disant que nous sommes protégés, mais jusqu’à quand ?   200 personnes sont encore prises sous les décombres, on ignore où sont passés les quelques visiteurs qui étaient dans la cathédrale de Christchurch qui s'est effondrée pour partie, et je n’ose imaginer la situation de ceux qui ont tout perdu aujourd’hui.   Nous sommes vraiment peu de chose face aux forces de la nature…   Nous vivons une époque formidable… enfin, pas aujourd’hui…

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Philippejandrok 11422 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine