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Chronique Japonaise, LE livre d’un voyage au Kansai !

Publié le 23 février 2011 par Vuesdechine

Quand je pars en voyage, j’aime bien avoir un livre dans mes valises, pour l’avion, pour une pause à l’hôtel. Le choix de ce livre est toujours crucial car il donnera un accent particulier à mon voyage. Voilà quelques mois j’avais offert Chronique Japonaise de Nicolas Bouvier à mon conjoint, passionné du Japon. Une valeur sûre, Nicolas Bouvier, l’auteur du très fameux Usage du Monde, sur lequel je reviendrai prochainement.

Je l’ai donc embarqué dans mes valises, sans trop savoir à quoi m’attendre: mon conjoint ne m’en avait rien dit!

J’ai commencé la lecture dans l’avion entre Shanghai et Osaka. Et par la suite, même si j’étais extrêmement absorbée par mon voyage, j’ai éprouvé un immense plaisir à revenir le soir à l’hôtel prolonger le voyage au fil des pages. Nicolas Bouvier mêle plusieurs histoires en parallèle: l’histoire du Japon, des origines aux années 1970 (rien que ça!) et ses propres voyages, en 1955-1956, 1964-1966 et 1970.
C’était un réel plaisir de lire ces pages tout en découvrant la région du Kansai, place où se déroule d’une bonne partie de cette histoire!

Chronique Japonaise, LE livre d’un voyage au Kansai !

D’un ton léger et amusant l’auteur nous explique l’origine du Japon, sa rencontre avec la Chine, son évolution de Kyoto à Tokyo, sa période de fermeture au monde et sa réouverture éclair, à partir de 1854.
J’avoue que je m’étais juste penchée sur l’histoire de l’archipel via les guides de voyage: lire ce condensé d’histoire sous la plume de Nicolas Bouvier fut un pur plaisir qui m’a permis de mieux décoder de qui m’entourait. Petit délice culturel:

Depuis quinze siècles qu’ils coexistent, jamais le Bouddha et le Shinto n’ont été en conflit ouvert, et, dans le jardin d’un temple bouddhique, vous trouverez toujours, …, un petit sanctuaire shinto décoré de fleurs encore fraîches, signe que l’Ancien propriétaire n’a jamais véritablement quitté les lieux.

Ou encore:

Je n’ai pas été bien studieux : ce que je sais du Zen aujourd’hui me permet tout juste de mesure à quel point j’en manque, et combien ce manque est douloureux. Je me console en me disant que, dans le vieux Zen chinois, c’était la tradition de préférer, pour succéder au maître, le jardinier qui ne savait rien au prieur qui en savait trop.
J’ai conservé mes chances intactes.

J’ai aussi apprécié ses récits de Tokyo et Kyoto, parfois surannés et très souvent poétiques, mais aussi la description de ses galères quand il arrive à Tokyo sans un sous en poche et où il cherche éperdument un travail en tant que journaliste, ou de son retour en famille, dix ans plus tard et qui ne se passera pas aussi bien qu’espéré.
Les derniers chapitres racontent ses voyages dans les contrées du nord du Japon, longtemps restées hostiles. J’ai trouvé cette partie un peu longue, et moins passionnante, mais l’auteur accepte lui même que finalement, il n’a plus l’œil assez curieux pour rester en ce pays…
Mais le livre, du début à la fin, est peuplé de petites histoires et de portraits passionnants, parfois drôles et toujours émouvants…

La description de ses difficultés de compréhension avec les Japonais est excellente. Difficultés, si elles sont parfois amoindries, beaucoup restent d’actualité:

Il y a dans ce décor – comme d’ailleurs dans la nourriture – une immatérialité qui répète sans cesse : faites-vous petits, ne blessez pas l’air, ne blessez pas notre oeil avec vos affreux blousons de couleur, ne soyez pas si remuants et n’offensez pas cette perfection un peu exsangue que nous jardinons depuis huit cents ans.

Au lieu d’être une racine, la tradition est un couvercle, qui ferme bien. Je vis dans une grande collection de merveilles qu’un respect empoisonné a tuées.

Son regard sur le monde me plait vraiment, un vrai modèle pour moi…

L’antipathie n’a jamais remplacé l’information, et l’on saisit un peuple que dans ses qualités, même lorsqu’elles sont en éclipse.

Je terminerai cette chronique sur cette description d’une universitaire occidentale dépêchée pour comprendre les Japonais. Plus qu’un modèle inspirant à mes yeux, c’est tout simplement une marche à suivre dans la découverte culturelle !

Elle a cette vertu des bons enquêteurs, la patience, et sait suspendre son jugement jusqu’à ce que les observations réunies s’organisent d’elles-même selon leur logique propre, et que les pièces du puzzle prennent spontanément leur place.

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