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Diplomatie française

Publié le 24 février 2011 par Jfa

Je suis en admiration devant la phrase qui ouvre la tribune du Collectif Marly, “groupe de diplomates français de générations différentes”, tant en peu de mots, elle résume un des aspects les plus systématiques de la politique sarkozienne:

“La manœuvre ne trompe plus personne : quand les événements sont contrariants pour les mises en scène présidentielles, les corps d’Etat sont alors désignés comme responsables”.

La mise en cause répétitive et répétée de la justice du fait de l’incurie de la politique sécuritaire du gouvernement n’en est qu’une preuve supplémentaire.

Mais restons sur la politique étrangère. Le collectif  déclare: “Nous devons retrouver une politique étrangère fondée sur la cohérence, l’efficacité et la discrétion” et si je les rejoins sur la nécessiét d’une politique efficace et discrète, je ne pense pas, au delà des maladresses dûes à une forme d’hystérie présidentielle, que la politique étrangère actuelle de la France souffre d’incohérence.

Cohérence? L’alignement systématique, depuis le début du quinquennat, sur la politique étrangère des USA version GW Bush. Une politique atlantiste, avec le retour de la France dans l’Otan, l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, le regret discrètement avoué de ne pas être présent en Irak, le soutien à la politique du Likoud israélien…

Cohérence ? La continuité de la politique de la “Françafrique” et des relations privilégiées avec un ensemble de dictateurs massacreurs mais qui permet à des amis de notre Président, notamment celui qui lui prêta son yacht et son avion au lendemain de son élection, de continuer de juteuses affaires.

Cohérence ? Une diplomatie d’épiciers aux ordres du Medef, jetant aux oubliettes la défense inconditionnelle d’un certain nombre de principes sur lesquels s’était affirmée, au fil des siècles, du moins depuis 1789, l’image de notre pays: les courbettes devant les dirigeants chinois, la réception en grande pompe de M. Kadhafi, la difficulté de casser les liens profonds avec Ben Ali et sa clique, …

Les pantalonnades de MAM, après les lâchetés de B. Kouchner ne sont que des péripéties consécutives à ces abandons.

La grande oeuvre diplomatique de notre Président, ou du moins annoncée comme telle à grand renfort de grandes déclarations, de grandes manifestations, l’Union pour la Méditerranée, est morte et enterrée, paix à son âme, et ce quasiment dès son annonce.

Afrique, monde arabe, Moyen-Orient, Asie, … Partout notre pays est ridiculisé autant par la politique que par les comportements de notre Président. Europe ? N. Sarkozy a tant menti, s’est tant vanté que la presse européenne s’en donne à coeur joie. Amérique Latine? Après l’annonce des Rafales soit-disant vendus au Brésil, qui croit encore aux déclarations sarkoziennes ? L’épisode mexicain vient couronner ce fiasco.

Enfin, la ridicule jalousie maladive de N. Sakozy face à B. Obama, son regret de l’ère GW Bush, nous prive de toute crédibilité outre-Atlantique.

Bref, après les résultats calamiteux de la politique sécuritaire, la hausse du chômage, la baisse des niveaux de vie de la majeure partie de la population,  la casse du dispositif de santé publique, …, il faut rajouter la noyade de la diplomatie française et la dégringolade de l’image de notre pays dans le monde.

Voir aussi, sur ce sujet, Le Point.

- “L’effarant système Guérini”, Le Point.

- “Qu’est-ce que la richesse ?”, Alternatives Economiques.

- “Coupables complaisances à l’Ouest avec Kadhafi”, Le Monde.

- “L’esprit des lois”, Le Monde. Et ces gens là sont ministres de notre pays…

- “Mais si, Sarkozy adore les diplomates! La preuve…”, Marianne. … “en pleine campagne présidentielle, le futur président de la République qualifiait, dans un livre à peine fictionné de Yasmina Reza, les ambassadeurs de «couillons», «crétins», ou «lâches» et disait vouloir se débarrasser du quai d’Orsay”.

- Avec un peu de retard, “Sortons de la guerre froide !”, par Alain Touraine, Le Monde. “Les intellectuels plutôt que “d’évoquer des précédents” doivent chercher et encourager tout ce qui peut renforcer les mouvements de libération présents dans des situations qui peuvent évidemment avoir d’autres issues et même se retourner contre l’idée de liberté. Ce qu’on doit attendre des “intellectuels” est qu’ils interrogent, au nom de ceux qui se soucient de la démocratie, les spécialistes dont les connaissances empêchent de commettre de lourdes erreurs mais qui n’apportent pas à eux seuls toutes les réponse”.


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