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Pascal Décaillet, journaliste libre, au franc-parler

Publié le 24 février 2011 par Francisrichard @francisrichard

DécailletIl y a presque 5 ans Pascal Décaillet a été démissionné par son employeur, la Radio Suisse Romande, RSR, parce qu'il animait l'émission Forum sur La Première avec... trop de succès depuis 5 ans. Cette émission d'actualités phare avait lieu tous les jours de 18 heures à 19 heures et était suivie par 182'000 auditeurs. Excusez du peu. 

La rumeur voulait que l'émission était trop élitiste. Ce qui ne pouvait convaincre personne, compte tenu de l'audience. En réalité il était reproché à Pascal Décaillet de ne pas être de gauche et d'être un catholique conservateur, ce qui était impardonnable pour la direction d'une radio que d'aucuns surnomment affectueusement Calvingrad.

Après 17 ans de bons et loyaux services à la RSR cette "démission" avait indigné plus d'un, puis était tombée dans l'oubli parce que le journaliste libre, au franc-parler, avait heureusement sacrément rebondi, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs, auditeurs et téléspectateurs en nombre.

En effet Pascal Décaillet est entrepreneur indépendant depuis le 6 juin 2006 - il a sa propre agence de presse. Il écrit des articles dans plusieurs quotidiens - son blog ici de la Tribune de Genève en est l'un des plus lus avec 55'000 pages vues en janvier dernier. Après avoir animé le 7-8 sur Radio-Cité de 2008 à 2010, il tient une chronique hebdomadaire, le jeudi, sur One FM. Enfin il produit l'émission Genève à chaud sur la chaîne de télévision privée Léman Bleu.

Cette semaine Migros-Magazine, daté du 21 février 2011, publie un entretien avec lui ici [d'où provient la photo], où son franc-parler, sa liberté de ton et d'esprit font merveille.

Il n'est pas tendre avec la SSR, l'organisme de radio-télévision étatique, qui roupille et qu'il qualifie de "mammouth dûment engraissé par la redevance" :

"Je ne souhaite pas la suppression du service public mais sa transformation en quelque chose de musclé, densifié, concentré sur ses fonctions régaliennes qui sont le débat politique et la culture - toutes les cultures : ancienne, moderne, contemporaine, rock. Et c'est presque tout."

Cet emmerdeur déclaré persiste et signe, avec humour :

"Quand j'avais des patrons, j'adorais être en conflit avec eux. Maintenant que je n'en ai plus, je suis en conflit avec moi-même."

Exactement le contraire du nouveau patron de la SSR, le chéri des média, Roger de Weck, qui n'aime pas la confrontation et cherche à la réduire :

"Je suis un bagarreur. L'idée qu'il y ait une gauche, une droite, et une dialectique fraternelle mais musclée, ne me gêne pas. Je ne suis pas d'accord qu'on dise que la Suisse est le pays du consensus par excellence. On l'est par résultat, pas par nature."

Selon lui la Suisse a besoin de davantage de confrontation :

"La confrontation, ce n'est pas s'insulter, c'est dire, voilà je ne suis pas d'accord avec vous, on s'explique et à la fin le peuple vote." 

Quel devrait être le pivot de la politique suisse dans les années à venir ? L'UDC plutôt que le centre-droit :

"Le pivot des années à venir, je pense que ce sera l'UDC, avec laquelle la droite non UDC devrait travailler dans un maximum de secteurs possible. Cette droite classique peut bien sûr rejeter certains discours de l'UDC qu'elle considère comme xénophobes, mais il reste nombre de points de convergence, sur les finances, la fiscalité, le refus de ramper devant l'Union européenne."

La Suisse ? Un vieux pays conservateur :

"La paysannerie fait encore partie du pays et les Suisses de 2011 sont des conservateurs éclairés. Des gens qui voyagent, qui lisent des livres en plusieurs langues, qui sont cultivés mais aussi très attachés à ce que ce petit pays coincé entre des géants gardent une certaine indépendance."

Un pays replié sur lui-même ?

"Il ne s'agit pas du tout de repli, juste d'un petit pays qui se bat, qui doit se battre plus qu'un autre. Nous n'avons pas grand-chose. Du vin blanc, de la matière grise, des banques, c'est tout. Trop de monde, surtout à gauche, oublie que notre prospérité est très récente."

L'Hebdo de la semaine dernière et Le Temps du 17 février 2011 se sont faits l'écho d'un projet de plate-forme multi-media initié par le sociologue genevois Uli Windisch et qui aurait pour rédacteur en chef Philippe Barraud , dont le site Commentaires.com est une référence ici chez les conservateurs éclairés. En serait-il ?

"J'aimerais effectivement apporter ma pierre à un projet de ce genre, en gardant mon statut d'indépendant."

Il précise tout de suite pour qui se méprendrait :

"Pas question de devenir le laquais journalistique d'un grand financier de droite. Je ne suis le laquais de personne."

Au moins comme ça les choses sont les claires. C'est justement comme ça qu'on l'aime, Pascal Décaillet.

Francis Richard


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