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L’armée des planètes mortes, l'édito d'Alain Cirou

Publié le 24 février 2011 par Cieletespace

Les planètes ont la peau dure !

La preuve : autour d’un tiers des étoiles éteintes — les fameuses naines blanches —, les astronomes trouvent les traces d’astres rocheux qui ont survécu aux spasmes de l’agonie stellaire.

Ce n’est pas un mince exploit. Il suffit de regarder l’image d’une nébuleuse planétaire pour comprendre qu’une étoile en fin de vie crache un feu intense sur tout son environnement planétaire. Un vent violent et brûlant qui la dépouille de sa “chair”, de son enveloppe gazeuse et, à l’image d’une gueule de dragon, soumet tout ce qui l’entoure aux flammes de l’enfer. Longtemps, intensément et sans répit. Et quand tout s’éteint, et qu’une stèle funéraire apparaît au centre de l’apocalypse, là où vivait une étoile il y a peu de temps encore, on imagine qu’il ne reste rien d’autre que des cendres…

Erreur, il y aurait des planètes survivantes à la fin du monde ! Non pas celles qui tournent, comme la Terre, trop près de leur astre du jour. Celles-là ont été avalées quand la géante a gonflé démesurément, ou ont plongé dessus. Mais d’autres qui ont migré, ou se trouvaient éloignées de la fournaise, qui ont vu leurs gaz soufflés, leur cœur mis à nu, et ont survécu.

Les écrivains de science-fiction, comme Arthur C. Clarke, s’étaient déjà emparés de cette idée en décrivant les vestiges de mondes morts, ravagés par le déluge de feu de leur étoile moribonde, mais rien jusqu’ici n’avait conforté ces intuitions littéraires. En en révélant les indices matériels, comme le montre notre dossier consacré aux naines blanches et à leur environnement, les scientifiques ouvrent la porte à l’existence de milliards de systèmes solaires fossiles dans la Galaxie

La nouvelle science des planètes extrasolaires n’a pas fini de nous surprendre. Et chaque semaine apporte son lot de nouveautés. Ainsi, l’équipe du satellite américain Kepler — une mission dédiée à la recherche d’exoplanètes par transit devant les étoiles des constellations du Cygne et de la Lyre — vient tout juste d’en donner la preuve. En découvrant un nouveau système solaire, à 2 000 années-lumière de distance, doté de six planètes.

On trouve là des poids plume, de 2 à 5 rayons terrestres, dont la moitié est probablement entourée d’une épaisse atmosphère, aux orbites si rapprochées les unes des autres qu’elles se glisseraient facilement, pour cinq d’entre elles, entre Mercure et Vénus.

Mais le meilleur, c’est la promesse d’un filet à papillons bien garni. L’équipe de Kepler affirme aussi avoir identifié 1 235 “candidates” planètes dont cinq, placées dans la zone habitable de leur étoile, font moins de la moitié de la taille de la Terre. Les chiffres sont impressionnants et confirment deux principes déjà affirmés dans ces colonnes : les planètes sont un sous-produit de la formation des étoiles — on en trouvera donc des milliards de milliards dans l’Univers — et, sauf heureux accident, la détection d’une petite sœur de la planète bleue, orbitant autour d’une étoile comme le Soleil, est réservée à la prochaine génération d’instruments. Ce jour-là, l’armée des planètes mortes y gagnera une histoire.

Alain Cirou

Directeur de la rédaction

490 couv
Ciel & Espace, numéro de mars

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