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Que sont ces flammes du désespoir qui rongent un à un mes frères ?
Que dire de leur sacrifice ?
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Le premier embaume désormais de jasmin le creux de l’hiver.
Les autres ?
Sacrifiés sur l’autel des sombres calculs,
Les voici immolés de l’essence qui les broie.
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Que dire de ce monde qui laisse ses enfants mourir ?
Que crier encore qui puisse revêtir le moindre sens ?
N’y aurait-il que questions à poser, silence à recevoir ?
*
Je prenais pour de la brume l’âcre fumée du sacrifice.
Les rues jonchées de débris,
Mes larmes roulant sur mes joues froides,
Je traversais le désert de mes sentiments.
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Je rêvais d’amour lorsque des humains mourraient.
De leur mort volontaire je ne savais rien dire
Que pleurer, pleurer encore.
Ce n’était que fleuve de larmes vaines.
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J’ai pleuré en traversant les fleuves et les rivières,
Pleuré en gravissant les montagnes,
Pleuré devant des tribunaux où mes frères et sœurs étaient accusés,
Pleuré de ne savoir de mes mains dresser barricades contre les tristes compromis.
*
De mon pas lourd et de ma tristesse
Vous ne tiriez aucune leçon.
Vain était mon chant devant vos portes blindées.
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En vos bunker gris
Vous comptiez vos dollars
A l’abri des regards
Puis vous êtes envolés
Sur des tarmacs de fortune
Vers des rives où dépenser votre larcin
*
Poète parmi les gueux
Quel langue parler qui soit enfin audible ?
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Notre chant d’amour perçant le tympan des étoiles
Retombait en gouttelettes fines
Sur les avenues du matin.
Un frisson me parcourait l’échine
Résistant à ta douce caresse
Le froid du dedans arborait un sourire soumis
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Que suis-je en mon impuissance à résister ?
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Manosque, 18 janvier 2011
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