Mettre deux personnages très médiatisés, perçus comme radicalement différents, côte à côte sur un divan blanc, face à des Français très « virtuels » pour les faire réagir sur leurs propres nombrils et sur les évènements du moment, telle est l’idée d’un “talk” sur France 2 toutes les semaines. Quand il s’agit d’Axel Khan et de Claude Allègre (la semainse dernière), il est possible de dépasser le niveau très moyen de Guillaume Durand assez facilement, quand, comme hier soir c’est au tour d’Alain Duhamel et de Stéphane Guillon, c’est beaucoup plus difficile. Le choix de ces deux « protagonistes aurait été dicté par une publication de livres respectifs (promo!) … Bon ! Et parce qu’ils seraient, chacun à sa manière, des « chroniqueurs de l’actualité » … Moins sûr !
Comment comparer en effet, tout talent mis à part, un journaliste dont la profession est de donner des éléments (à discuter certes) d’appréciation d’une situation politique ou événementielle et un humoriste dont le seul impératif est de faire rire ? La télévision devient ainsi de plus en plus un outil tournant à vide sur lui-même, produisant des émissions sur des émissions, un exercice d’auto satisfaction, une psychothérapie interne. Hier soir, de surcroit, les deux « invités » étaient tellement accrochés à leur rôle respectif qu’il n’était plus question d’espérer le moindre échange un peu original, inédit.

Pour Stéphane Guyon c’est beaucoup plus simple et très triste ; un comble pour un humoriste qui se prétend comme tel. Il ne se trompe jamais, il n’est que la victime des « méchants » sarkozystes, son fonds de commerce c’est Sarkozy et l’on peut penser qu’il prie tous les jours pour sa réélection. C’est fou comme le sectarisme institutionnel rend triste …
Lorsque des sujets d’actualité sont abordés, MAM et la diplomatie Française, la tournée récente sur les médias de DSK etc., Alain Duhamel nous délivre un remake de ses éditos parus ici ou là (il est prolixe), pour Guillon, il essaye d’être drôle mais sans succès. En effet, l’exercice est beaucoup plus difficile sans papier et en peu de mots et il ne peut que laisser transparaître que ce qu’il est véritablement : bête et méchant. Même sur le douloureux dossier Florence Cassez, en présence des parents de la condamnée mexicaine, il se plante et passe à côté de ce qu’il aurait pu dire d’intelligent, simplement pour faire rire (qui on se le demande ?) Alors que les parents effondrés disent tout le bien qu’ils ressentent de l’action du Président de la République en faveur de leur fille, Guyon trouve le moyen de placer une réflexion du genre dans un an le Président de la République aura changé (en France et au Mexique) et ça ira mieux … Il aurait pu aborder le fond, condamner par exemple une médiatisation abusive, contestable, voir même nuisible à la française embastillée. Rien de tout ça : quand Sarkozy sera parti ça ira mieux est la seule réflexion que lui inspire cette polémique qui remet en cause dans bien des domaines « l’année du Mexique »

