Magazine Journal intime

L'auscultation pulmonaire pour les nuls

Par Nainfermier
Il y a une année le stéthoscope était pour moi un objet qui ne me servait qu'à tester le positionnement des sondes gastrique que je posais, ma connaissance de l'art auscultatoire se limitait à écouter si ça fait glouglou quand je pousse de l'air dans l'estomac...
Mais tout à changé, quand je suis arrivé dans les soins intensif. Les patients sont intubé, il ne respirent souvent pas seul, il faut donc surveiller leurs poumons et donc les ausculter. J'ai donc dû rapidement apprendre à effectuer cette opération délicate et honnêtement j'ai fait semblant pendant des mois de savoir le faire. Je posais le stéthoscope là où on m'avais appris à le mettre, je prenais un air concentré (parfois je fermais même les yeux pour avoir l'air plus concentré...) et je procédais pendant environ 1 minute. Puis j'allais noter dans le dossier que j'avais bien effectué ce geste.
Mais un jour je me suis rendu compte qu'à force que faire semblant j'avais appris pas mal de truc et que je savais faire une auscultation pulmonaire basique et que finalement ce n'est pas si compliqué.
Alors voilà ma méthode simple pour tout ceux qui veulent écouter des poumons mais qui n'ont aucune idée de comment le faire:
Tout d'abord: Le stéthoscope, contrairement aux apparence, il y a un sens dans lequel il faut l'enfiler dans les oreilles, c'est avec les parties métalliques pointé vers l'avant du crâne (dans le même sens que les conduits auditifs sinon on entend rien...) et vérifiez que le stétho est bien positionné sur la grande membrane sinon de nouveau on entend rien...
Maintenant que vous savez manipuler un stétho, il faut le positionner correctement: le but est d'écouter tout les lobes pulmonaires. Pour rappel, il y en a trois à droit et 2 à gauche, mais ça si vous le saviez pas, posez le stéto et éloignez-vous des patients pour vous rapprocher d'un livre d'anatomie... Donc en gros on écoute en haut du poumon vers la clavicule, au milieu et en bas vers le bas des côtes et la même chose des 2 côtés même si à gauche vous entendrez beaucoup plus le coeur. Vous pouvez aussi passer un petit coup de stéto vers le sternum pour écouter ce qui se passe vers la trachée, c'est toujours classe.
Une petite vidéo sur les endroits à ausculter
Si votre patient est intubé et couché dans un lit allez pas vous amuser à le retourner pour écouter dans le dos ça ne sert à rien, on ne fait ça que chez ceux qui peuvent se lever. Et on oublie pas non plus que le stétho ne se pose que sur la peau nue et pas sur les vêtements.
Mais pendant combien de temps je fais ça?
Généralement il faut écouter 2 cycles inspiration/expiration à chaque endroit ou vous posez votre stéto.
Voilà maintenant si vous suivez ces conseils et que quelqu'un vous observe, il aura l'impression que vous savez faire une auscultation pulmonaire de qualité.
Il est temps de passer à la partie plus difficile, celle de comprendre ce que l'on écoute. Pas besoin d'avoir l'oreille musicale ou super fine. On reste basique.
Tout d'abord, on regarde (même pas besoin de stétho pour ça) si la respiration est régulière, même amplitude et même fréquence, ça bouge la même choses des 2 côtés? Parfait on pourra noter dans le dossier : Respiration régulière et symétrique. Sinon on décrit le problème (par exemple: problème d'amplitude qui change, ça peut-être un Cheyne-Stokes, ou un côté qui ne bouge pas bien ça peut-être un volet costal.)
Ensuite, on écoute est-ce qu'il y a du bruit des 2 côtés (des fois c'est pas le cas, dans les pneumectomie ou les intubations sélectives par exemples...) Est-ce qu'il y a des endroits que l'on entend moins que d'autres ou carrément pas du tout? on dira alors que l'auscultation est diminuée ou absente dans certaines zones, ça peut-être par exemple un pneumothorax ou une atéléctasie.
Maintenant il va falloir distinguer les bruits quand même, mais voilà une vidéo qui aide un peu à différencier les principaux bruits. Moi je les connais pas tous, je sais en différencier que 3.
Les ronchis, c'est un son super humide un peu comme des bulles dans de l'eau. C'est assez simple à reconnaître parce que souvent le patient tousse comme un phoque toute la journée quand il a des ronchis
Le crépitant, c'est un bruit très sec, souvent on dit que ça ressemble à un pas sur de la neige.
Le stridor, c'est un bruit très aigu qui marque un rétrécissement des voies respiratoires.
Moi je vais pas plus loin que ça dans mon analyse. Si j'ai un doute j'appel le médecin ou le physiothérapeute qui sont plus spécialisé que moi.
Mais surtout ce qu'il faut savoir c'est que l'auscultation seule c'est pas très utile. Il faut analyser la clinique, les paramètres, la machinerie (ventilateurs, oxygène,etc...) et les imageries et avec ça on peut faire du bon boulot
Par exemple, sur un patient intubé, j'ausculte ses poumons, je regarde les courbes de ventilation, je regarde la radio du thorax du jour et lui fais une petite gazo artérielle et avec tous ça je peux me faire une petite idée de ce qui se passe dans ces poumons. Mais l'auscultation seule ne me sert pas à grand chose.

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