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Vers le baril de pétrole a 200$ ?

Publié le 24 février 2011 par Lyriciste
Les événements des derniers jours, la chute qui guette le régime libyen et le spectre d’un effet domino ont fait en sorte qu’il est devenu à peu près impossible, disent maintenant des spécialistes du pétrole, de s’avancer sur la suite possible ou probable des choses.
Après les mouvements de révolte en Égypte et à Bahreïn et l’effritement rapide du régime Khadafi, la journée d’hier a été marquée par une information du magazine Time selon laquelle le dirigeant serait en train d’ordonner le sabotage de certains pipelines en bordure de la Méditerranée. Dans un contexte imprévisible, nourri notamment par des rumeurs aux limites de l’invraisemblable, il est de plus en plus difficile d’évaluer le risque. «Le facteur de risque général a augmenté de façon radicale», dit Don Coxe, ancien stratège pour la Banque de Montréal qui s’est toujours intéressé au pétrole et à ses variables géopolitiques. «Je travaille dans un secteur au sein duquel ceux qui ont survécu ont un certain talent pour évaluer le risque. Je vous le dis, je ne sais même plus comment calculer ce risque, et je ne connais personne qui peut le faire.» Sur le terrain, les cours du pétrole brut continuent leur ascension. Dans le Globe and Mail hier, l’économiste David Rosenberg se risquait à dire que, si jamais un soulèvement frappait l’Arabie saoudite — ce que personne ne voit comme une certitude —, le baril de pétrole grimperait à 200 $. Mais qui aurait pu prédire il y a deux semaines, par exemple, que la Libye serait, comme l’Égypte, le théâtre d’un soulèvement populaire? «Il y a des choses que nous tenions pour acquises et nous n’aurions pas dû, dit M. Coxe. Il s’avère que le monde pétrolier est beaucoup plus fragile que ne le pensaient bien des gens et nous sommes maintenant devant un risque qui découle directement de la fragilité de ces pays. Je suis d’ailleurs étonné que le marché boursier soit aussi insouciant devant tout ça.» Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la Libye est présentement le 16e producteur de pétrole au monde, avec l’extraction de 1,6 million de barils par jour. En guise de comparaison, l’Iran, au 5e rang, en produit 3,7 millions et l’Arabie saoudite, au 2e rang, affiche une production quotidienne de 8,3 millions de barils. Les analystes ont déjà estimé que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) affiche une surcapacité de production d’environ quatre millions de barils par jour, peut-être un peu plus. En d’autres mots, même si la Libye cessait complètement de produire du pétrole, les pays voisins auraient les moyens de combler l’écart. Le transport est un autre point d’interrogation. Les pipelines pétroliers couvrent des milliers de kilomètres au Moyen-Orient, souvent sans protection. En Arabie saoudite, où plusieurs attentats avaient eu lieu en 2003 et en 2004, les pipelines font plus de 15 000 kilomètres. Il y a aussi le transport maritime. Le détroit d’Ormuz, par exemple, qui sépare l’Iran des Émirats arabes unis, voit passer chaque jour une quinzaine de navires transportant essentiellement 20 % de la production totale mondiale. Approvisionnement suffisant ou non? Pour l’instant, toutefois, les questions portent sur la production. «On voit plein d’opinions selon lesquelles l’approvisionnement est suffisant», dit Philip K. Verleger, qui a été conseiller économique à la Maison-Blanche dans les administrations Ford et Carter au cours des années 70. «Mais le niveau optimal d’hier n’est peut-être pas optimal pour demain. Les gens en veulent plus.» «Que va-t-il se passer? Je ne sais pas. Mais si ça dégénère, on pourrait voir une augmentation de 20 % ou 30 %» si les pays consommateurs ne puisent pas dans leurs réserves stratégiques. Les États-Unis sont présentement assis sur 720 millions de barils en réserve, dit-il, comparativement à 400 millions en Europe. S’il s’installe une démocratie en Libye, tôt ou tard le nouveau régime va vouloir de l’argent, dit M. Verleger. «Tout nouveau gouvernement sera aussi disposé, sinon plus, à vendre du pétrole. Même si ça prenait un peu de temps, la production reviendrait.» Le marché, qui envoie le pétrole à des sommes de plus de deux ans, comprendrait-il? «Pas immédiatement», laisse-t-il tomber. «Les marchés continuent d’être pris en otages par des crises politiques qui ne peuvent être prédites ou contrôlées», a écrit il y a deux semaines le réputé chroniqueur économique Robert Samuelson, du Washington Post. «Et nous n’avons pas pris les mesures qui réduiraient — sans toutefois éliminer — notre vulnérabilité à des bouleversements pétroliers catastrophiques.» Source

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