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Cameroun : le plein essor des églises réveillées

Publié le 25 février 2011 par Podcastjournal @Podcast_Journal

"La chapelle de Dieu, l’église du combat spirituel, l’église de la sainte bible, etc." Les promoteurs d’église au Cameroun ne manquent pas d’inspiration.


(c) Art-Stok (c) Art-Stok La multiplication des églises réveillées au Cameroun a atteint aujourd’hui une vitesse exponentielle. Dans la ville de Douala par exemple, il n’est plus possible de faire cent pas sans voir une église réveillée ; ou de se voir inviter par voie de tracts à une séance de prière de délivrance dans une nouvelle église. On vous promet de vous aider, par la prière, à trouver un emploi ou un fiancé, de vous libérer de la malchance, de vous guérir de toutes les maladies, même le VIH/SIDA, etc. En conséquence leurs fidèles sont généralement des personnes en proie à des difficultés telles que le chômage, une grave maladie et même une déception amoureuse...

L’adhésion à l’église est libre mais une fois devenu fidèle croyant, vous devez contribuer matériellement à la prospérité de l’église. La qualité des dons dépendra bien sûr de votre rang social et de vos ambitions personnelles pour l’église. Surtout que parfois il y a un "profil de carrière". Un simple croyant peut devenir un jour pasteur s’il a, par le passé, beaucoup apporté financièrement à l’église. "Dieu vous voit et vous avez le devoir d’entretenir sa maison", lancent certains pasteurs.
Au delà de cette description, ce nouveau type de business suscite quelques curiosités. La première est que le promoteur d’église est généralement un ancien catholique ou protestant qui affirme avoir reçu une révélation divine. Il n’est donc pas étonnant de voir un ancien fonctionnaire, au passé de corrompu et à la fortune d’origine douteuse, s’ériger en prophète sans la moindre connaissance de la parole de Dieu sous prétexte que "Dieu lui aurait parlé". La deuxième curiosité est que ces "révérends pères" prêchent la piété, la pauvreté et le partage comme idéaux de vie alors qu’ils achètent des voitures de luxe, vivent dans des palaces et mangent à "bouche que veux-tu ?". La troisième curiosité est que leurs fidèles sont prêts, au nom de Dieu, à se livrer aux pratiques les plus infamantes. Certains arborent nuit et jour des tenues à l’effigie de l’église, marchent pieds nus pour entrer en contact direct avec la nature, etc.
Au sein de ces églises, les séances de prière ou de délivrance sont souvent de véritables spectacles à la dimension d’un film américain. On chante, crie et pleure les mains levées vers le ciel et les yeux rivés sur un crucifix accroché sur un mur de l’église. On se "bagarre avec les démons" lors des hebdomadaires séances d’exorcisme. Il n’est donc pas rare d’entendre des expressions du genre : "Esprit de Satan, sors de ce corps au nom de Jésus".

L’impact psychologique de ce genre de pratique sur le croyant est parfois très fort. Par exemple, une fois guéri d’une maladie par les bons soins de son médecin, il rend plutôt grâce au pasteur de son église pour toutes les prières qu’il a diligentées à son profit. Courteline ne disait-il pas que "passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet" ?

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Martin Kouonedji, le 23/02/2011

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