Magazine Politique

La révolution en Lybie, et ces nombreuses dialectiques…

Publié le 26 février 2011 par Alex75

235pxlanternerochefort2.jpg 

La situation en Lybie fait réagir le monde entier. Elle vient s’inscrire dans la suite logique, de ces révolutions dans le monde arabe. Et tout le monde condamne le « colonel Khadafi », au pouvoir depuis une quarantaine d’années, de l’ONU à l’Europe en passant par les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et même la Ligue arabe. Khadafi fait l’unanimité contre lui, et se voit même menacé d'ostracisation, de mise au ban des nations, de sanctions économiques et de boycott. Mais cependant, il n’a toujours pas quitté le pouvoir, « au prix d’une boucherie si nécessaire », menace-t-il. Et à l’aune de cette insurrection lybienne, de nombreuses dialectiques et problématiques entrent aussi en compte, souvent difficiles à décrypter. 

Une première dialectique, qui est d’abord celle de la répression, suivant l'analyse récente du journaliste E. Zemmour, sur le sujet. Le régime de Téhéran n’a pas hésité à réprimer brutalement les manifestations étudiantes, en 2009, étouffant le mouvement dans l’œuf. Tout comme les apparatchiks du PCC, en 1989, qui écrasèrent dans le sang, la révolte étudiante de la place Tian'anmen à Pékin, faisant près de 2600 morts et 7000 blessés. A la même époque, en Europe centrale, la plupart des régimes communistes refusèrent de basculer dans la répression et perdaient le pouvoir. « Tirer ou pas sur le peuple, une question aussi vieille que les révolutions ». Déjà, en se penchant sur l’Histoire de France, riche en enseignement, Bonaparte avait traité de « couillon » Louis XVI, qui avait refusé de tirer sur le peuple de Paris. Le jeune Bonaparte qui s’était toujours montré méfiant à l’égard de la « canaille » (« il fallait en balayer quatre ou cinq cents avec du canon… »). Il est vrai, Louis XVI fut finalement guillotiné, en guise de remerciement. Et appelé par Barras, le jeune Bonaparte n’hésita pas à écraser l’insurrection royaliste du 14 vendémiaire à Paris, sur les marches de l’église Saint-Roch. En 1848, Louis-Philippe refusa l’usage de la force, et abdiqua le 24 février 1848 en faveur de son petit-fils. Mais quelques mois plus tard, la République n’hésita pas, elle, à liquider dans un bain de sang, la révolte des ouvriers parisiens.

Aujourd’hui, les pouvoirs ont des chars, voire des avions pour réprimer des insurgés aux mains nus. Mais ils ont aussi la télévision contre eux. Le phénomène internet a encore modifié la donne, comme nous l’avons vu lors de la « révolution du Jasmin » en Tunisie, et durant cette « révolution du Nil », en Egypte, ces massacres déclenchant des réactions très rapides. Mais c’est là qu’entre en compte, une autre dialectique, face à un dictateur qui sait s’adapter diplomatiquement aux circonstances, ayant su manœuvrer ces dernières années et se reconstruire une respectabilité d’homme providentiel, à l’échelle internationale. Et qui face aux menaces de rétorsion et d'ostracisation, ne se veut pas démuni, prétendant tenir un pistolet sur la tempe de l’Europe, à savoir “l’immigration”… Il est vrai, en vertu d’accords signés avec l’Italie de son grand ami Bersluconi, Khadafi contenait l’immigration venue de toute l’Afrique. Le ministre italien des affaires étrangères, Franco Fratini, a prevenu récemment, que selon lui, en cas de chute de Khadafi, l’Italie verrait ainsi débarquer de 200 à 300 000 immigrés, « soit dix fois le phénomène des réfugiés albanais que nous avons connu dans les années 1990 ». « Ce sont des estimations basses, ce serait un exode biblique ».

Depuis la chute de Ben Ali, des milliers de Tunisiens ont traversé la Méditerranée pour tenter leur chance en Europe. Ils sont souvent jeunes et étaient près de 5000 à débarquer ces derniers jours à Lampedusa, petite île située au sud de la Sicile, à 138 km des côtes tunisiennes, à savoir leur porte d'entrée vers l'Europe, à l'image de Ceuta et Melilla. Les problèmes sont toujours là, les Tunisiens restant, en l'occurence, toujours embourbés dans une situation économique intenable, avec un taux de chomage record. Un phénomène d'exode à bord d'embarcations de fortune, qui se veut comme “une mise en bouche”. Toute une jeunesse désoeuvrée, qui ne se voit aucun avenir, si ce n'est au travers de l'exil. Face à une Union européenne désemparée, qui a promis des fonds récemment et des mesures, pour enrayer l'exode. L’Italie est en première ligne, impuissante et désarçonnée, en appelant même à la solidarité des Etats voisins. Qui tient qui ? Qui menace qui ? Qui a les moyens de faire plier qui ? Certes, remplacer des régimes despotiques. Mais par quoi et par qui ? Ce sont là aussi, des dialectiques sous-jacentes. Mais qui ne sont pas anodines, et qui n'ont pas fini de se poser.  

     J. D.

 Récente allocution d'Eric Zemmour, sur RTL, “Z comme Zemmour”


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Alex75 175 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines