Dernière modification le 27-02-2011
Estelle Vereeck, Docteur en chirurgie-dentaire, auteur d'ouvrages sur les dents parus aux éditions Luigi Castelli
En cas d'erreur médicale, que vaut une dent en terme de préjudice physique et moral ? C'est la question qu'on peut se poser à la lecture de cette histoire édifiante.
Quatre molaires saines extraites par erreur
L'histoire se passe en Suisse. Un dentiste bâlois extrait par erreur en une seule séance quatre molaires à une jeune patiente, une
adolescente de quinze ans venue pour l'extraction de ses quatre dents de sagesse. La patiente et sa famille portent plainte.
Le dentiste est reconnu coupable de lésions corporelles par négligence à l’encontre de la patiente. Verdict du tribunal : le dentiste
écope d'une condamnation de 100 jours-amende à 500 francs (suisses) avec sursis.
Les choses n'en restent pas là car le dentiste, s'estimant trop lourdement condamné, fait appel de la décision et intente un recours
jusqu'au Tribunal Fédéral.
Pour sa défense, il invoque "une faute légère" et le fait que son casier judiciaire était vierge. Pour se défausser, il affirme avoir
exprimé ses regrets et que plus de quatre ans se se sont écoulés depuis les faits.
Ces arguments ne convainquent pas le Tribunal Fédéral qui maintient la sanction.
Faute légère ou préjudice grave ?
Ce qui choque dans cette histoire n'est évidemment pas que le dentiste ait pu commettre une erreur. L'erreur est humaine, encore
qu'on se demande comment il est possible pour un dentiste en pleine possession de ses moyens, de confondre des molaires avec des dents de sagesse.
Le plus choquant est que le dentiste minimise son erreur et tente de s'en défausser auprès de la justice. Les arguments invoqués pour
sa défense ne manquent pas d'un certain cynisme. Exprimer ses regrets suffit-il à effacer le préjudice ? Et surtout en quoi l'ancienneté des faits (quatre ans) en réduit-elle la gravité
?
Priver un individu de quatre molaires est aussi grave que l'amputer d'un organe sain, quand on sait le rôle essentiel des molaires
dans la mastication, le calage de l'occlusion, elle-même point d'appui de la posture*. Qu'un dentiste, pourtant bien placé pour le savoir, en minimise l'impact en la qualifiant de
"faute légère" est choquant.
Prudence avant d'extraire
Cette histoire qui frise hélas la caricature, doit nous rappeler que les extractions des quatre dents de sagesse sont aujourd'hui
pratiquées de manière systématique avec des dégâts collatéraux qui, s'ils sont rarement aussi extrêmes que dans ce cas, n'en sont pas moins souvent invalidants.
Lire à ce sujet : Extraction des germes de dents
de sagesse ou germectomie
NB : l'extraction des quatre dents de sagesse est souvent posée sans réelle justification médicale. En cas de doute, il ne faut pas
hésiter à solliciter plusieurs avis.
Même si aujourd'hui, en matière de dents de sagesse, la charge de la preuve n'est plus du côté du patient et que les jugements sont généralement rendus en sa
faveur, ce n'est pas une raison pour courir le risque.
* Pour plus de détails sur le rôle des molaires, voir la rubrique Occlusion du Pratikadent
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