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OVNI : AUTOPSIE DE L'ALIEN : FIN DE LA PARTIE - NOTE SUR LES "REVELATIONS" DE SANTILLI ET MELARIS par GILDAS BOURDAIS

Publié le 27 janvier 2008 par Jean-Christophe Grelet
Une des séquences du film de l'autopsie de "l'Alien"
Le producteur Anglais Ray Santilli
Le sculpteur Anglais John Humpreys
Le Magicien Spyros Melaris
(Copyright Philip Mantle)

Publicité du Daily SunL’ufologue britannique Philip Mantle est l’un des meilleurs connaisseurs de l’affaire, très embrouillée, du film de l’autopsie supposée d’un « extraterrestre de Roswell », divulgué à Londres en 1995, par le petit producteur de musique Ray Santilli. Mantle vient de relancer encore une fois, fin 2007, cette histoire en présentant les « révélations » d’un magicien britannique, Spyros Melaris, qui affirme avoir tourné ce film pour le compte de Santilli, en 1995. Pour lui, pas de doute, nous détenons enfin toute la vérité, explique-t-il dans un article publié sur Internet : « L’autopsie d’un alien – Fin de la partie. Le diable est dans les détails – L’histoire de Spyros Melaris » (Alien Autopsy – Game Over. The devil is in the detail – The Spyros Melaris Story). Merci à Christophe Grelet pour la traduction de cet article, sur son blog.
Rappelons brièvement que Ray Santilli avait dit, en 1995, qu’il avait acheté à un vieux caméraman américain des bobines de ce film, qu’il avait tourné en 1947 lors du crash de Roswell, pour l’armée américaine, et dont il avait gardé des copies en secret. Ce film, diffusé à l’automne 1995 par plus de quarante télévisions dans le monde entier (en France par TF1), avait provoqué un débat virulent, la grande majorité des observateurs le considérant comme un canular monté par Santilli pour faire de l'argent.

Santilli a effectivement gagné beaucoup d’argent en vendant les droits aux télévisions, et il y a beaucoup de raisons de douter fortement de son authenticité, qu’il serait trop long de détailler ici. On en trouvera un exposé détaillé dans mon livre Roswell. Enquêtes, secret et désinformation (JMG, 2000) qui explore en outre l’hypothèse d’une opération de désinformation. Soulignons seulement qu’il n’a jamais montré le moindre bout de pellicule du film pour datation et authentification, contrairement à ce qu’il a fait croire à l’époque. Mais quelques ufologues, dont Philip Mantle qui avait présenté le film dès le mois d’août 1995 à la conférence ufologique du BUFORA, ont continué à y croire, malgré tout. En 2002, il a commencé cependant à prendre un peu ses distances. Dans un entretien publié par la revue britannique UFO Magazine (février 2002), Mantle, s’il reconnaissait que Santilli avait beaucoup menti, il citait en revanche des témoins révélant qu’ils avaient vu ce film, ou un film analogue, dans des archives américaines bien avant son apparition. Le mystère semblait ainsi s’épaissir ! Il conclut alors qu’il y avait deux possibilités : c’est bien un « alien », ou c’est une expérience biologique d’essai d’arme secrète…

Les révélations de Santilli en 2006.

En 2006, Ray Santilli est « passé aux aveux » en révélant, dans un documentaire britannique de la chaîneSky One TVEamon investigates - Alien Autopsy», diffusé le 4 avril 2006), que,s’il avait bien acheté ce film au caméraman (qui le lui avait montré initialement en 1993), celui-ci voulait beaucoup d’argent ( Santilli a cité à Mantle le chiffre de 150 000 $, mais aurait aussi cité le montant de 100 000 $), et il n’avait pu le payer qu’en novembre 1994 grâce à son associé allemand Volker Spielberg. Or, a expliqué Santilli, lorsqu’il avait enfin reçu le film, il s’était terriblement détérioré (« oxydé ») et il ne restait plus que 5 % de film exploitable ! Notons au passage qu’une détérioration aussi rapide paraît peu crédible aux experts. Quoi qu’il en soit, Santilli dit qu’il a eu alors l’idée de le « reconstruire », c'est-à-dire de le re-filmer, à partir des images restantes (lesquelles sont incorporées, dit-il, dans le film final, mais il ne peut dire ou, exactement !).Pour fabriquer un cadavre (qui devait être rigoureusement identique, si l’on veut croire son histoire), Il avait embauché le sculpteur John Humphreys, lequel appuie ses dires dans le documentaire de Sky one. On peut encore visionner cette enquête de Sky Onesur Internet.

Beaucoup d’observateurs ont alors admis ces curieuses « révélations » de Santilli, et se sont empressés de déclarer l’affaire enfin close.Philip Mantle, en revanche, a déclaré qu’il ne croyait plus un mot de Santilli, et que le film du caméraman n’avait jamais existé. En fait, il a bien accepté les explications de Humphreys comme étant l’auteur du mannequin. Un petit nombre d’observateurs, dont je suis, se sont bornés àestimer que Santilli n’avait pas apporté de preuves solides de ses allégations. Par exemple, il n’a toujours pas fourni un seul morceau du film pour examen (pas plus du « vrai » que du « faux »), ni aucune photo de la fabrication du cadavre et du tournage.Une bonne photo de l’équipe, autour du cadavre, aurait pourtant été assez convaincante, mais rien de tel n’a été fourni. Pendant que Humphreys parle, le film de Sky One montre des images du film de 1995, ce qui ne prouve rien, évidemment, et seulement trois petites images d’un cadavre qui ne sont en fait que des dessins ne ressemblant même pas à celui du film.

Tout, dans ce film, donne l’impression que Santilli et ses « complices », son partenaire Shoeffield et le sculpteur Humphreys, se moquent des spectateurs.Par exemple, Santilli dit qu’ils ont tourné le film dans un petit appartement (« à small flat ») du nord de Londres. On voit les trois compères déambuler dans une rue, et ils disent avec un petit sourire en coin que ça devait être par là, mais ils ne savent plus ou exactement ! Pour la fabrication du cadavre, Humphreys raconte qu’il avait mis environ trois semaines et demie pour fabriquer le cadavre, ce qui parait plausible. Mais il raconte ensuite qu’il a fabriqué la grosse blessure à la cuisse avec des os apparents, en achetant des os-de-mouton à un boucher de son quartier.Celui-ci, filmé à son étal, le confirme, mais il est permis d’en douter en comparant les os qu’il exhibe avec les images du film. Même remarque pour la fabrication du cerveau avec de la cervelle de mouton.

Entendons-nous bien : Je ne suggère pas que le cadavre soit celui d’un véritable extraterrestre, mais je voudrais simplement souligner quelques points très douteux de leur histoire. Mais voici que se produit un nouveau rebondissement, en 2007 : va-t-on enfin tout savoir ?

Les révélations de Spyros Melaris en 2007.

C’est encore Philip Mantle qui a annoncé, au cours de l’été 2007, qu’un nouvel acteur, Spyros Melaris, allait enfin révéler la vérité. Invité le 21 octobre à une conférence de la revue UFO Data Magazine, ce Melaris, magicien professionnel, a raconté que c’était lui qui avait tourné ce film de l’autopsie, et non pas Santilli. Celui-ci lui en avait passé commande au début de 1995, pour la somme de 30 000 Livres, mais il ne lui en avait payé que 10 000, et il allait lui faire un procès pour récupérer son dû. Voyons cela de plus près.

Melaris a-t-il fourni des preuves solides de son histoire ? Pour le moment, en ce début d’année 2008, nous devons nous contenter d’un entretien avec Mantle, et l’on attend une fois de plus de vraies preuves. Mantle raconte que Melaris lui a montré toute une documentation, mais il doit avouer qu’il n’y a vu aucun document probant.Il a annoncé en décembre 2007 que Melaris et lui allaient faire ensemble une nouvelle présentation, cette fois aux Etats-Unis, à la conférence internationale de Laughlin, dans le Nevada, en février 2008. En outre, Melaris va publier un livre et un DVD, où tout sera expliqué en détail. Va-t-il enfin fournir de vraies preuves ?

Pour ma part, j’ai déjà réagi, sur la liste « UFO Updates » où Mantle venait de faire cette annonce. J’ai demandé que soient diffusées, tout simplement, quelques photos de l’équipe sur le lieu de tournage, autour de la table d’autopsie avec le cadavre dessus (le « vrai », celui du film !), mais Mantle (qui me connait pourtant) n’a pas répondu. Et quelqu’un, sur cette liste, a même trouvé ma demande un peu ridicule (« silly »). Ce n’est pas mon avis. Remarquons au passage qu’il y a beaucoup d’argent en jeu. Si Melaris peut prouver vraiment qu’il a bien tourné ce film (et il le devra s’il fait un procès), non seulement il pourra réclamer à Santilli l’argent que celui-ci lui doit toujours (dont, selon Melaris, 33 % des recettes !), mais toutes les télévisons qui avaient acheté ce film très cher pourront alors, j’imagine, attaquer Santilli pour escroquerie ! Et Melaris aussi, s’il est prouvé qu’il avait un accord de partage des droits, ce qui ferait de lui un complice : à sa place, j’y réfléchirais sérieusement... Ce n’est pas seulement une petite querelle « idiote » entre ufologues. Notons que, jusqu’à présent, Santilli reste silencieux face à ces allégations. En attendant que soit fournie une preuve de cette qualité, essayons cependant d’évaluer quelques éléments de cette nouvelle révélation.

Melaris dit que, lors d’une première rencontre à Cannes, au Midem, fin 1994, Santilli lui avait proposé de faire un documentaire autour du film de l’autopsie d’un « alien » qu’il avait acheté aux Etats-Unis.Melaris avait revu Santilli à Londres en janvier 2005, et là, celui-ci était catastrophé car il avait découvert que le film qu’il avait acheté ne valait rien !Il lui a alors montré une séquence très particulière, surnommée la « séquence de la tente » (en anglais, « tent footage »), scène tournée dans la pénombre et où l’on ne voit pas grand-chose, qui a fait surface au cours de l’été 1995, en marge du film de l’autopsie proprement dit.On peut d’abord s’interroger sur la naïveté de Santilli qui, si l’on comprend bien, avait acheté cette petite « séquence de la tente » pour 150 000 $ sans vraiment le regarder ! Mais l’histoire se corse car nous savons, depuis 1999, qui a tourné ce film : ce sont des « amis » de Santilli qui lui ont fait une bonne blague, en 1994-95, en montant ce canular !

Le canular du « Tent footage »

C’est le journal britannique The Mail on Sunday (édition dominicale du Daily Mail) qui a publié, le 17 janvier 1999, les révélations des auteurs de cette « séquence de la tente », qui avait intrigué tout le monde en 1995. Ce sont deux producteurs de films vidéo de la compagnie AK Music, Keith Bateman et Andy Price-Watts. Selon eux, ils avaient été approchés au cours de l’été 1994 par Ray Santilli, qu’ils connaissaient depuis plusieurs années.

Santilli leur avait proposé de tenter d’améliorer une vidéo étrange, de mauvaise qualité, de l’autopsie d’un « alien » qu’il s’était procurée : c’était bien le film que nous avons tous vu. Ils essayèrent mais n’y parvinrent pas. Un peu plus tard, ils eurent l’idée d’en faire un autre de leur cru, à l’insu de Santilli. Ils réalisèrent un petit film avec peu de moyens, dans une grange du village de Ridgmont, dans le Bedfordshire. C’était le propre fils d’Andy Price-Watts, qui avait fait le cadavre !C’était tourné dans la pénombre, et en plus ils s’étaient appliqués à produire une image de très mauvaise qualité. Ils voulaient faire croire que c’était un tournage de fortune réalisé sur le terrain, sous une tente près de la soucoupe écrasée de Roswell, d’où le surnom qui lui avait été donné de « Tent footage », la « séquence de la tente ».Ils avaient alors proposé leur petit film à Santilli, qui leur avait dit qu’il ne pouvait pas s’en servir, tellement c’était mauvais.Or il s’en est quand même servi. Dès le début de 1995, l’existence d’un film d’autopsie a été mentionnée publiquement, pour la première fois par le chanteur Reg Presley, ami de Santilli, à qui il l’avait montré et il a bien parlé de ce « tent footage », à la grande surprise de ses auteurs.En mars 2005, Santilli a commencé à montrer cette séquence de la tente à quelques personnes, dont Philip Mantle, et c’est seulement fin avril, qu’il a commencé à montrer le « vrai » film de l’autopsie, que tout le monde a pu voir ensuite.Santilli n’a pas publié la séquence de la tente – ce sont les auteurs qui l’ont fait un peu plus tard - mais il a continué à raconter à plusieurs ufologues qu’il avait bien acheté cette séquence au caméraman américain.Ce n’est que l’un de ses nombreux mensonges et entourloupes.

Autres questions sur Melaris.

Revenons maintenant aux révélations de Spyros Melaris : il est clair qu’elles ne collent pas du tout avec celles de Bateman et Price-Watts. Qui ment, qui dit la vérité ? Le récit de ceux-ci a été vérifié et confirmé. Personne ne l’a contesté, jusqu’à présent. Mais alors, le récit de Melaris s’effondre. Il affirme notamment que Santilli ne lui a jamais montré le film du caméraman que nous connaissons car il n’existait pas. Il lui aurait montré uniquement la séquence de la tente, à lui et au sculpteur Humphreys, et c’est à partir de ces mauvaises images qu’ils auraient travaillé tous les deux, pour fabriquer le cadavre et tourner le film rapidement. Le moins que l’on puisse dire, c’est que, s’ils disent la vérité, ils ont alors fabriqué, en peu de temps, un film totalement original, n’ayant rien à voir avec cette « séquence de la tente ».Mais ils ont fait encore plus fort.Après avoir tourné une première version, la compagne de Melaris (ex-amie dont on ne connait que le pseudonyme « Geraldine ») qui avait rassemblé la documentation, s’est aperçue d’une erreur de procédure médicale, et il a fallu tout recommencer, avec un nouveau cadavre que Humphreys a fabriqué en un rien de temps, « le lendemain même » (« the very next day ») ! Mais il a un peu raté son coup car il s’était formé une grosse bulle dans la jambe droite, lors du moulage de la mousse plastique. Ils ont alors eu l’idée d’en faire une énorme blessure ouverte, avec des os-de-mouton. Quelle rapidité, quelle habileté ! Rappelons que Humpreys disait, dans la version Santilli 2006, qu’il avait mis trois semaines et demie à fabriquer le cadavre.

Pourquoi ce nouvel avatar du cadavre, à refaire en vitesse ? Parce qu’il fallait expliquer l’existence de deux autopsies. L’une avec blessure à la jambe, montrée pour la première fois le 5 mai à Londres, celle qui a été ensuite diffusée ;L’autre, sans blessure, que seuls quelques invités sélectionnée ont vu (dont Philip Mantle), une semaine avant. Quelques images de cette « seconde autopsie » ont quand même circulé, lors de congrès ufologiques (je l’ai vu à Brasilia en décembre 1997) et sur internet. Autre surprise : ce n’est plus dans un petit appartement du nord de Londres que le film a été tourné, mais dans une grande maison du quartier de Camden, propriété de l’amie « Géraldine ». C’est dans les beaux quartiers de l’ouest de Londres. J’ai bien peur qu’il soit également difficile de faire la visite.

Voici encore une drôle de révélation. Melaris raconte qu’ils sont allés enquêter à Roswell pour coller le mieux possible à l’histoire de l’accident d’un ovni près de cette ville du Nouveau-Mexique. Pourquoi donc n’ont -ils pas copié les descriptions de cadavres qui circulaient alors (Glenn Dennis, Frank Kaufmann), et qu’ils auraient pu se procurer facilement au musée de Roswell ? Leur cadavre, avec son gros ventre et ses six doigts, est très différent. Melaris dit même avoir survolé les environs et donne le nom du pilote, Rodney Corn. Renseignement pris, ce pilote existe bien à Roswell, mais il ne se souvient pas de leur visite. Mais l’histoire se corse, là aussi, car, selon Melaris, c’est grâce à cette étude du terrain qu’ils ont pu repérer le site du crash, près de Roswell. Or il y a un petit problème. Santilli avait bien communiqué au cours de l’été 1995 un croquis des lieux, censé avoir été dessiné par le caméraman, mais il s’agit d’un lieu beaucoup plus éloigné, dans les montages à l’ouest de la ville de Socorro et de la vallée du Rio Grande ! Voici encore un autre détail qui ne colle pas du tout avec l’histoire de Melaris : selon Carl Nagaitis, coauteur d’un livre avec Philip Mantle (Without Consent), Santilli avait parlé à Mantle du film de l’autopsie dès 1993 (cité par l’ufologue James Easton dans un message sur UFO Updates du 14 janvier 1999). Qui croire ? Pour l’heure, attendons une preuve sérieuse de toutes ces allégations contradictoires.

Copyright Gildas Bourdais - Janvier 2008

Pour plus de renseignements : Philip Mantle ou Beyond Roswell


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