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La joie du jus (article non sexuel)

Publié le 27 février 2011 par Francisbf

En vérité, je vous le dis mes amis, l’électricité est quelque chose de bien merveilleux, et je suis sûr que la plupart d’entre vous ne se rend pas compte à quel point. Personnellement, il m’aura fallu un long séjour au Sénégal pour m’en rendre compte, mais là, ça y est, c’est bien assimilé. L’électricité, c’est vraiment chouette, c’est pas juste son absence qui est chiante.
Depuis quelques temps, au Sénégal, la situation électrique commence à être pénible. La semaine dernière, par exemple, dans mon quartier qui est pourtant relativement privilégié, on a eu une coupure de 6h du matin jusqu’à 23h30 le jeudi, et une deuxième coupure de 7h à 20h le vendredi. C’est très long. C’est très chiant.
Et encore, j’ai de la chance : depuis quelques semaines, mon boulot me permet de profiter du courant plusieurs heures par jour, même en cas de coupure, grâce à un onduleur et des batteries qui tiennent longtemps. Le côté frustrant, c’est que les collègues des bureaux d’à côté n’en ont pas, et qu’on se retrouve seuls du bâtiment à bosser quand il y a (souvent, donc) coupure.
Des amis sont moins chanceux : ils n’ont chez eux que 3-4 heures de courant par jour, ou plutôt par nuit , d’ailleurs. Ce qui est utile en saison chaude, quand on a du mal à dormir sans clim ou ventilo, mais là ne sert qu’aux frigos (c’est déjà ça). En plus, ils habitent dans des maisons situées au-dessus des réserves d’eau (ce qui est sans doute illégal, mais bon, ça c’est pas de leur faute), du coup, sans électricité, pas de surpresseur, et donc pas d’eau. Bon, dans leur malheur, ils sont malgré tout mieux lotis que d’autres : ils ont les moyens de payer les 50.000 francs (75€) de diesel par semaine que leur coûte leur groupe électrogène, simplement pour pouvoir prendre une douche et éviter que le contenu de leur frigo ne soit gâté (et tirer la chasse, aussi). Ce n’est pas le cas de tout le monde.
Tout cela a un avantage : fournir un sujet de conversation absolument inépuisable. Chacun se plaint de sa situation, explique en quoi elle est pire que celle des autres, compare ses factures, constate que bien qu’on ait moins de courant, et moins de consommation, elle a augmenté de 50%, on râle sur l’ancien ministre de l’énergie (qui s’est barré avec, je crois, 40 milliards) et le nouveau (le fils du président), on y va de sa rumeur (le mois de mars va être abominable, y’a un tanker qui attend d’être payé pour livrer son fuel aux centrales), on se demande comment ça se fait qu’il n’y ait pas encore eu de révolution de tous les gens qui ne peuvent pas travailler, on pronostique comment ça va tourner (mal), on raconte aux nouveaux les aventures avec la Sénélec, (le distributeur d’électricité), comme par exemple cet ami qui, lors d’une fête interrompue par une coupure de courant, a téléphoné à la Sénélec et expliqué que l’évêque de Dakar était venu bénir la baie de Hann et que c’était un scandale de couper à ce moment-là, et a obtenu un retour instantané de l’électricité…
Avec tout ça, récemment, la réalisation m’est tombé dessus : j’en suis arrivé à ne plus me dire « ho merde, encore une coupure » quand, à peine rentré chez moi, j’appuie sur l’interrupteur et que la fiat ne luxe pas, mais à la place, je me dis « chouette, du courant » quand ça le fait, et ça me rend gai comme un pinson pour le temps que ça dure.
Enfin, c'était vrai quand j'ai écrit cet article. Aujourd'hui dimanche, le courant n'a été coupé qu'une heure depuis vendredi matin. Et ça, c'est flippant.


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