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"Un balcon sur la mer"

Publié le 28 février 2011 par Alexcessif
Indolente et nue Arcachon s'étire sous la bise fraîche d'un février moribond.
("-je crains le pire.
-il est à venir!") Les mimosas de la ville d’hiver imposent déja leur blondeur en compétition avec les ives et les ivettes précoces des jardins de l’Aiguillon. Plus loin vers le port,les camions ont dégagé l'esplanade de la criée et les chaluts sont au sec. Les rieuses furètent comme des rats volants dans les squelettes des bers en quête d’arêtes charnues. Les pécheurs sont sains et saufs et Saint Ferdinand le protecteur, au repos sur sa croix jusqu'à la prochaine marée.   Enchaînée au corps mort une pinasse oscille sur l’escarpolette des vagues tandis que sur sa bouée un cormoran fait le guet. Entre la jetée Thiers et la jetée d'Eyrac, Elliot* hésite au bain de mer effrayé par les rouleaux d'écume du bassin. Les connections émotives de l’utopie moins bornées que celles de la réalité m’autorise la vision de l'autre coté du bassin malgré l’écran des cabanes tchanquées.Derrière l'île aux oiseaux vers les passes et la jetée Belisaire la vue me projette à 5 kilomètres de vol de mouette. J'imagine une improbable lady Godiva chevauchant nue pour faire baisser les impôts, soulevant le sable du temps et de la plage des Ferret-Capiens de "la pointe aux chevaux", ou bien une longue dame brune de retour de Gottingen ou de Chassiron. Après tout, que sait-on des nomades de l’affect? Il m'arrive parfois d'avoir le sablier qui se grippe et d'être "une heure arrêtée au cadran d'une montre". Serais-je Marseillais  que l’imaginaire palliatif de ma myopie, ou l’obsession de mon envie encore intacte "d'un balcon sur la mer", me ferait  apercevoir par temps clair les terrasses chaulées d'Alger la blanche. * c'est un clébard, enfin non: c'est Elliot! Synopsis : Dans le sud de la France, Marc, marié et père de famille, mène une vie confortable d'agent immobilier. Au hasard d'une vente, il rencontre une femme au charme envoûtant dont le visage lui est familier. Il pense reconnaître Cathy, l'amour de ses 12 ans dans une Algérie violente, à la fin de la guerre d'indépendance. Après une nuit d'amour, la jeune femme disparaît. Au fil des jours un doute s'empare de Marc : qui est vraiment celle qui prétend s'appeler Cathy ? Une enquête commence.(source Allociné) 


Qu'est-ce que ça pèse la villa, la piscine,la carrière, la petite famille de Marc quand le passé surgit sans préavis? Pas lourd! L'homme mur, nanti, sur de lui, à la réussite sociale un poil arrogante confère une sorte d'invincibilité au personnage déshumanisé campé par Jean Dujardin qui pourtant tombe à genou adoubé par le fantôme de la tentation. Il n'existe pas de gilet pare-balle contre les flèches de la nostalgie. Les images floutées se diffusent, venin ou sérum, dans l'organisation de ses pensées. La guerre d'Algérie s'est moquée de ses émois de pré-ados. L'histoire d'amour, de frôlements et de regards à peine ébauchée s'interrompit pour reprendre vingt ans plus tard à Aix. Les protagonistes ont grandi mais pas changé. La petite fille sans bagages mais pas sans mémoire retrouve Marc. Il y a des enfances volées qui font les maladies dont on ne guérit pas et après une double décennie d'incubation, c'est l'émergence de la phase terminale bousculant les certitudes des adultes. Cathy n'est pas celle que l'on croit. Qu'importe! L'amour n'est qu'un prétexte dans la poursuite de l'incomparable goût de la première fois.

Dali

Ronronette cherche mon épaule pour s'en faire un appui-tête et glisse sa main dans l'espace vacant formé par le triangle de mon bras bien au chaud dans le repli de ma veste. Malgré le risque de me faire dérober le carré de chocolat tout neuf, je m'empare à pleine bouche de ses lèvres fines, délicates et rosées. Debout sur un plancher de sable et sous un plafond de ciel, je défends mon capital de cacao contre sa langue vorace. Plus loin Elliot tente sa chance sur une Shih tzu revêche, snob, drapée, fière, offusquée et décoiffée par le vent. Indolente et nue Arcachon ce jour là est classée X.

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