Rêver d’une société où toutes les cultures, parfaitement intégrées, se côtoieraient en harmonie, n’est-ce pas une utopie ? Les problèmes de société posés par les migrations pourront-ils un jour être résolus ? Tout à la fois chercheur, directeur de recherches au CNRS et homme d’affaires, notre invité Philippe d’Iribarne, auteur du livre « Les immigrés de la République », aborde ces questions de front.
Jean-Louis Chambon reçoit Philippe d’Iribarne qui vient de faire paraître au Seuil Les immigrés de la République (2010), une réflexion sur les difficultés actuelles de l’intégration des émigrés en termes de culture ; l’auteur critique l’idée du républicanisme français mais considère pourtant qu’il est seul capable de résoudre les problèmes d’intégration.
Le thème de l’immigration a fait couler beaucoup d’encre jusqu’à constituer un casus belli entre les grands courants de pensée et divers auteurs ont apporté leur regard sur un sujet qui reste très sensible.
Hugues Lagrange, par exemple, a pour thèse l’influence du contexte culturel dans la capacité d’intégration (dans son livre Le déni des cultures paru aux Editions Le Seuil, 2010).
De son côté, Philippe d’Iribarne s’attache à démontrer dans son essai, que l’insertion des immigrés dans la société dépend largement d’autres lois que celles que la Révolution a voulu instaurer en France à travers l’idée d’un corps politique formé de citoyens égaux. Lorsqu’on dépasse les interdits idéologiques et que l’on fait sien le concept de Claude Lévi-Strauss du poids de la dimension culturelle, que reste-t-il du principe de « l’égalité réelle » ?
Autrement dit, la société multiculturelle est-elle une utopie ? Quelles sont les difficultés des sociétés multiculturelles en général ? Et en particulier avec les mouvements populistes à tendance xénophobe en Europe du Nord ? Quelles sont celles de la société française ? Quid des débats autour de la laïcité ouverte et des passions soulevées par le lien fait par le pouvoir entre immigration et identité nationale ? Philippe d’Iribarne, directeur de recherches au CNRS, auteur de plusieurs parutions à succès dont La logique de l’honneur (Seuil 1989), Penser la diversité du monde ( Seuil, 2008) et l’Epreuve des différences (Seuil, 2009), s’interroge sur tous ces aspects du problème et aussi sur la possibilité de concevoir une unification des sciences sociales.