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Déguisée en "ponction"

Publié le 28 janvier 2008 par Pat La Fourmi
Déguisée en Voilà, à l'occasion du premier carnaval des blogs médicaux, je me suis déguisée en ..... "ponction lombaire"!
 Si, si c'est vrai, j'te jure!

Je vous rappelle que le thème de cette année était la "relation soignants-soignés"....
  Pour ceux (les quelques rares) qui n'ont pas lu mon blog depuis le début, je précise que dans le cadre de mon diagnostic de sclérose en plaques je devais aller passer quelques examens dont une ponction lombaire à l'hôpital.
C'était au mois de mars dernier, il y a presque un an maintenant, mais ce sont des choses qui ne s'oublient pas......



Putain de ponction!
Alors, voilà: arrivée au CHU vers 9 heures, tout se passe bien, l'accueil est sympa, les infirmières gentilles et attentives. Je discute avec ma voisine venue aussi pour les mêmes examens dans la même suspicion de SEP.
La prise de sang pose toujours un petit problème, on ne trouve jamais mes veines facilement (je le savais bien que je n'avais vraiment pas de veine...). Donc l'infirmière me tripatouille à droite, à gauche, on remet le garrot, on attend un peu... bon c'est pas très agréable mais je commence à être habituée! ça y est, c'est réussi, je vais enfin pouvoir déjeuner, chouette, il est 10 heures et j'ai faim.
Puis c'est la radio des poumons, ça c'est vraiment ce que je préfère!! ça fait pas mal et ça va vite, petite promenade dans les sous-sols de l'hosto et nous revoilà dans notre chambre.
L'interne vient nous voir avec sa petite collègue en formation, on rigole, on blague...
Ensuite petite convocation dans le bureau avec notre dossier et nos photos de vacances (IRM) chacune notre tour.
L'interne est extraordinaire dans sa capacité à lire tout fort les courriers du neurologue à une vitesse proche de celle du son, avec de temps en temps un mot plus fort que les autres. Heureusement que je connais déjà ces courriers car sinon je n'aurais pas réussi à suivre et je n'aurais rien compris. Petit interrogatoire, il s'étonne que j'emploie des mots comme "poussée", " myéline", "bolus de cortisone", "traitement de fond"... Je lui explique donc que je suis assez renseignée sur tout ça du fait de la profession paternelle! Finalement il a l'air surpris qu'un patient puisse comprendre le jargon médical comme quoi il n'avait pas vraiment prévu qu'on doive (ou puisse) comprendre ce qu'il disait! Petit examen rapide de ma face et de mes mains par rapport aux paresthésies que j'ai évoquées. Pour lui, pas de problèmes, tout va bien puisque force normale et examen neuro normal.
Je fais le gros dos pour qu'il repère l'endroit de la future ponction. Il tripatouille, se pose des questions:
- Ouais, j'sais pas trop...
- Y a un problème?
- Non, mais c'est pas facile. Vous ne faites pas 30 kilos, continue-t-il très diplomate.
- Et oui on n'est pas tous faits pareil!
- Bon, j'vais la faire là.
Il ouvre le patch anesthésiant:
- Vous n'êtes pas allergique au sparadrap?
- Ben si un peu...
- Alors je ne le mets pas?
- Si si on le met quand même, ce n'est pas grave, je me gratterai un peu après, je préfère.
Et me voilà repartie dans la chambre. Deux minutes plus tard, ils sont de retour.
-Allez, on commence par la voisine, elle était arrivée avant vous.
- D'accord.
- Vous avez peut-être envie d'aller déjeuner dans la salle TV?
- Ben nous pas vraiment, je préfère me reposer ici.
- Non, en fait je vous demande d'aller déjeuner dans la salle TV, au revoir, à tout à l'heure!
Comme je n'ai pas le choix, j'y vais. Heureusement là-bas il fait frais (dans la chambre, on crève de chaud!) et il n'y a personne (donc je ne suis pas obligée de regarder la TV)
Je suis en train de finir ma poire quand l'interne apparaît:
- Bon, on y va!
C'est donc mon tour; ma voisine est allongée, tout s'est bien passé, elle se prépare pour son bolus. (Moi, j'en n'aurai pas, na, na, nère....)
Donc on m'installe, assise sur le côté du lit, les pieds posés sur une chaise, le dos courbé, l'oreiller contre moi.
- Lui, c'est votre meilleur ami
.
- C'est lui que je dois mordre?
J'arrive à plaisanter. Je me décontracte (du moins j'essaie), j'ai l'impression que je domine la situation, grandes respirations amples, allez, ma grande, c'est bientôt fini.
Désinfection, piqûre anesthésiante.
- Vous allez sentir une petite piqûre, ça va madame?
- Oui, oui, no problem...
- J'injecte le produit, ça va chauffer un peu, ça va madame?
- Oui, oui, no problem...
Des préparatifs derrière mon dos, je sens quelque chose qui coule dans mon dos, ça doit être le désinfectant, on essuie:
- Excusez-moi, madame, on a sali l'étiquette de votre pantalon avec du sang...
- Alors c'est très grave, je vais porter plainte contre vous.
- Non, ce n'est pas possible, je dois finir mon internat.
- Ne vous inquiétez pas, c'est beaucoup plus facile de travailler en cellule, on a moins de distractions...
- Bon on y va maintenant.
- Ah bon, déjà?
La petite interne gentille commence la ponction. Bon ce n'est pas agréable, mais ça va, j'ai connu pire (je vous épargne les détails du pire...).
- ça va madame?
- Mais oui ça va .
Puis j'en ai marre qu'on m'appelle madame! J'ai l'impression d'avoir 100 ans alors que je ne me suis pas vue vieillir...
Le problème (évidemment, y a un problème sinon j'aurais choisi un autre titre!), le problème, donc, c'est qu'il n'y a pas de liquide à apparaître... Donc reprise en main de l'interne:
- On va piquer un peu plus haut.
- D'accord.
Il s'y met, enfonce, change de direction, tourne dans tous les sens (en tous cas c'est l'impression que j'en ai...) et toujours rien:
- ça va madame?
- oui, enfin bon mouais... Aïe! (là douleur fulgurante dans la fesse gauche)
- Je vous ai fait mal.
- Ben oui.
- C'est bon signe, on approche! ça va madame?
- Euh.......
Là je commence à me rendre compte que mon bras droit est agité de tremblements incompressibles et je commence à voir chaud, très chaud, je cherche ma respiration, je commence à tout entendre dans un brouillard (rien que de vous le raconter je commence à me sentir mal...)
- ça va madame?
Je ne me rappelle plus si je réponds.
- Non, ça va pas. On va vous allonger. Allez, dépêche-toi, prends ses jambes! Allez vite, on vous allonge madame, laissez-vous faire. ça va madame? Mettez-vous sur le dos. Mais oui, allez-y, j'ai enlevé l'aiguille. ça va madame? Allez, lève-lui les jambes! ça va madame? Vous avez des nausées?
Je dis non de la tête, le malaise s'éloigne doucement, très doucement...
- ça va madame? Vous avez des nausées?
- Vous y tenez vraiment?
- Non, mais ça va arriver...ça va madame? Vous avez fait un malaise vagal.
- Oui je sais, je connais, ça m'est déjà arrivé, mais généralement c'est quand je fais la queue au supermarché. (je ne sais pas pourquoi mais ça m'est arrivé plusieurs fois dans ces circonstances et quasiment exclusivement!)
J'en pleure, je suis incapable de rouvrir les yeux, je peux enfin parler, on me lâche les jambes. Puis quand enfin ils trouvent que ça va suffisamment:
- Bon, on vous laisse vous reposer, on réessaiera cet après-midi...
Il est 13 heures, ils partent manger, ma voisine entame son bolus, je sombre dans un sommeil lourd et inerte.
Vers 15h, les voilà revenus. La petite "stagiaire" n'est plus là; à sa place un autre mec, un interne plus haut placé semble-t-il, un peu plus vieux, un peu plus expérimenté.
- Ah, vous avez appelé du renfort!
- Non, non, on était déjà deux tout à l'heure...
Je me suis reposée, ça va mieux, je suis prête, un nouveau mauvais moment à passer, mais maintenant c'est bientôt fini, dans 10 minutes je serai débarrassée de ce tracas.
Le chef prend ça en main. Même dialogue que le matin pour l'anesthésiant. Tout va bien, je maîtrise.
- ça va madame.
- Oui, ça va, je ne suis pas si chochotte que ça!
- Oh, mais je n'ai pas dit ça madame.
Je sens l'aiguille mais très peu, chouette, ça va aller...
- L'aiguille n'est pas assez longue, madame, on va en changer.
- Glourps! Oui, d'accord, l'important c'est que ça marche.
- Ben oui, je comprends bien madame...
Il repique donc avec une aiguille plus longue. Là, je sens, il tripatouille comme la première fois. C'est rude mais ça va aller.
- ça va madame?
- Oui!
- Non, c'est parce que je vous ai entendue respirer fort...
- Je fais mes exercices de respiration décontractants.
- Ah bon, c'est bien, continuez, ça va madame?
- ça ira mieux quand vous me direz que c'est fini.
Mais non, ça continue car toujours rien:
- Je n'ai peut-être pas de liquide céphalo-rachidien?
- Mais bien sûr que si tout le monde en a! Bon je vais repiquer plus haut!
Si je compte bien ça va faire trois injections d'anesthésiants et 5 piqûres d'essais de ponction. Je vais peut-être pouvoir m'inscrire au livre des records?
Cinquième essai donc, et toujours pas une goutte de LCR....
- Aïe, (là c'est la fesse droite)
- Bon on arrête, on n'y a arrivera pas et je crois que vous en avez marre.
Oh que oui, j'en ai marre, ça fait déjà 5 minutes que j'en pleure dans mon oreiller.
Ma voisine est déjà rentrée chez elle depuis 2 heures. Il est presque 16h30, je veux rentrer chez moi!!!
Ils sortent, me laissent pleurer dans mon lit une demie-heure. Je me lève enfin pour me débarbouiller derrière la porte. Une infirmière entre en me poussant la porte dans le nez:
- Mais madame, vous n'avez pas le droit de vous lever!!
- Oh que si j'ai le droit car je n'ai pas eu de ponction lombaire... ça n'a pas marché!
Elle ne sait plus quoi dire...
L'interne revient. Il me parle gentiment. Il m'explique qu'il y a deux autres possibilités pour une autre fois si je souhaite renouveler l'expérience de la ponction, car j'ai le choix de mes examens...un gaz anesthésiant mais qui peut provoquer des malaises donc plutôt pas recommandé pour mon cas, une ponction sous contrôle du radiologue pour bien voir les vertèbres mais on ne peut pas être sûr du succès de la chose.
- Mais je ne sais pas si vous en avez vraiment envie? Vous verrez ça avec votre neurologue.
Donc je suis rentrée chez moi, je n'aurai pas d'analyses du LCR... Je me contenterai de l'IRM, des analyses de sang et de la radio pulmonaire.
Pas de ponction mais tous les effets secondaires:
- très mal à la tête hier soir (avec tout ce que j'ai pleuré et la journée de cauchemar, celà ne m'étonne pas vraiment)
- toujours mal dans la fesse droite
- et un mal de dos du tonnerre, j'ai l'impression que ma colonne vertébrale a été charcutée dans tous les sens, je ne peux pas dormir sur le dos, je ne peux pas m'assoir dans un fauteuil, je marche courbée comme une mémé, dès que je change de position ça me lance, 5 trous dans le dos, 5 hématomes, l'étiquette du pantalon toute sale (c'est le pire, bien sûr!) et tout ça pour RIEN.

Quelqu'un que je connaissais bien disait souvent:
"Le pire est toujours sûr!"
Je crois que là elle aurait eu raison...

Bon de toutes manières, la ponction ne fut pas nécessaire au diagnostic du fait d'une nouvelle poussée un mois plus tard....

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