Magazine Poésie

Linda -- Chapitre 2

Par Volodia

La main du sergent Isler, sur mon épaule qu'il secoue avec une certaine timidité, me réveille. Je me redresse en sursaut. Ce doit être mon tour de garde. Non, je me suis endormi en faisant la garde. Je suis épuisé. Nous sommes à Buchs.
J'ouvre les yeux. J'ai écrit un poème sur Buchs. Pour Linda. Deux, même. Je ne sais pas où je les ai fourrés. Je tente péniblement de décoller ma langue de mon palais. Je suis über-rance comme dirait Ali. Je m'extrais de ma torpeur en pensant qu'il me faudrait en construire un, de palais. A défaut, l'écrire. Je m'extirpe du lit et slalome jusqu'à l'évier, boit un bon litre d'eau au robinet. Cela me retourne l'estomac. J'ai dû avoir une sacrée crampe cette nuit ; atroce douleur dans le mollet droit. Je me souviens Linda massant ma jambe peu avant un tournoi de football amateur, à cause d'une sale crampe justement. Je me souviens Koreli me demandant pourquoi je n'avais pas réussi à terminer la Geländelauf. Krämpfe j'avais dit. J'ai les fourmis dans les bras. Sensibilité réduite. Mais dans les bras, les mains seulement. Mon coeur se réveille, tente en morse de me faire entendre ses SOS. J'ignore stoïquement, me fait un café soluble Denner, m'allume la première. J'enchaîne avec un second café&cigarette. Un peu de soleil se glisse par les stores ; on dirait un nouveau-né forçant la chatte de sa mère ; non, on dirait un chat – celui de Linda j'imagine – se glissant entre les barreaux de la prison de mes jours. Tout cela dépose de petites taches sur le sol de mon bordel, qui se déplacent lentement, colonnes de fourmis malhabiles en quête d'une grosse proie. Joker, je dis à voix haute. En plus j'ai congé ; pas de BigTasty aujourd'hui. Seulement le vide et l'absence, la peine incommunicable. J'allume la PS3 et me voilà sur le front. En première ligne à Battlefield Bad Company 2 (240 heures de jeu ; CoDMW2, 18 jours, Killzone 2, 7 – centaines d'heure de McDo par-dessus – pimp my life) je commence par Oasis. J'entame bien, cinq kills de suite, avec mon scar-l. Puis je déphase et mon ratio éliminations/décès plonge dans des abysses presque semblable à, disons, la rupture.
Frustré, je m'arrache de l'écran plat et vais chercher une Grals. En revenant de la kitchenette, je me saisis de mon téléphone portable ; pas de messages. Il est 0938 et ma journée est déjà foutue. Je me dis qu'il est temps que je mange. Je me fais des toasts avec tranches de fromage fondu – du plastique, quoi – et des oeufs dessus. Mon organisme semble plutôt bien tolérer et je reprends donc une bière dans la foulée. Je commence à bien sentir tout ça, du coup je me pose sur le balcon pour fumer en laissant mon cerveau faire sa sale besogne de tortionnaire. Ce qu'il fait bien, le bougre. Sur le coup de 1200, je parviens à me débarrasser d'une certaine paralysie et me dis qu'il serait temps que je fasse quelque chose – aller acheter des cigarettes, par exemple, ou du porto pour ce soir. Ces deux missions de la plus haute importance peuvent attendre quelques heures, aussi je me remets à mon roman. Ironie de la vie ; ce roman, je l'ai entamé lorsque Linda me suçait encore la queue avec le sourire. Et dedans... dedans, j'imaginais qu'elle avait quitté le personnage secondaire – je ne suis pas un personnage principal – puis s'était suicidée (ce qui n'arrivera sans doute pas, maintenant qu'elle sait son joli cul, son putain de potentiel, un truc que j'ai mis trois ans à lui faire comprendre, accepter ; elle semble bien le vivre, je dois dire). Le reste de l'histoire est bidon, c'est un mec qui a écrit à seize ans des poèmes qui ont fait mouche mais sont vite tombés dans l'oubli ; arrivé à sa thèse, il décide de la faire sur lui-même. Personne ne sait, bien sûr. Contexte années 2020, légères anticipations sur cigarettes, alcool, Proche-Orient, puce RFID et Nouvel Ordre Mondial. Légère réflexion sur l'oubli, la résurrection. Beaucoup d'idées qu'on ne risque pas de me voler. Une certaine amertume quand je pense que...
Linda n'est pas une salope. Linda c'est la fille qui m'a juré un amour éternel et m'a planté comme ça. Linda c'est la fille que j'ai aimé comme un fou et que j'ai frappée au visage, au ventre, aux bras, étranglée, violée une fois. Linda c'est la fille qui a essayé de me planter vraiment, avec son grand couteau, dont j'ai finalement cassé la pointe. Linda c'était la fille un peu laideronne qui s'est mise à écrire de la poésie pour me plaire. Qui est devenue très belle. Moi je suis le type qui suis tombé amoureux de ses mots et du joli duvet sur sa poitrine, subtilement mis en valeur sous un soleil de mai. Je ne pouvais pas faire autrement : j'aurais souhaité qu'une cohorte de jeunettes se pâme devant mes poèmes et se batte pour écarter les jambes ; à la place, j'ai rendu la réciproque. Et puis son duvet, quand même... et je n'étais pas au bout de mes surprises. Linda, c'est aussi la fille qui fait que j'écris aujourd'hui. Quant au reste, je ne sais pas trop que révéler. Cela suivra son cours, je crois. Je me rends compte que j'ai vraiment une sale gueule de bois et que je ferais mieux d'en rester là de mes mots. J'envoie un message à Ali pour savoir si on va boire un café lorsqu'il a fini de travailler. Il me répond que oui. J'espère que le tout dégénèrera fatalement en grosse noce. Je ne sais pas quel jour on est. Un sursaut de volonté me permet d'appeler Angelo pour qu'on aille manger ensemble d'ici la fin de la semaine. Nous sommes mardi, donc.
Je vais retrouver Ali au Saxo Bar. J'ai réussi à me calmer et n'ai bu qu'une bière de plus. Mon roman n'a pas gagné plus de trois lignes, ternes, tristes. Linda déborde de mon stylo bille et poisse mes pages, trace mes tentatives. Pourtant c'est elle qui me donne le feu, la volonté d'achever cette chose presque littéraire. Ce feu, nous l'avions tous les deux au début ; la poésie. Nos délires étaient le comburant. Nous étions le combustible. Nous nous sommes beaucoup brulés. Je me plonge dans cette grande fosse à souvenirs, épais comme du purin, mais pas d'une teinte unie – ils sont tellement variés, s'étagent en époques bien nettes, retraçant l'évolution de nos personnes. Je me prends à penser qu'il ne faudrait jamais évoluer durant tant de temps avec une seule et même personne, car lorsqu'on la retire de sa vie comme une échine, ou pire, lorsqu'elle s'en éloigne, en tombe comme une croûte que l'on aurait involontairement trop grattée, hé bien... Je brasse dangereusement le tout et tente de me remémorer qui a donné ce premier coup qui se sera révélé fatal. Impossible de déterminer les causes, les effets. L'eau se trouble et déforme la lumière. Je passe devant un banc derrière la grande poste de Neuchâtel. Je me rappelle le Royal Orange que j'y ai bu ; j'étais parti de chez Linda, ou peut-être m'avait-elle plutôt mis à la porte. C'est très flou. Seulement, je me souviens son appel auquel j'avais répondu ; j'avais décroché mais n'avais pipé mot pendant une bonne dizaine de minutes. Etaient-ce les prémisses de cet incommunicable ? Etait-ce ce début de silence intégral, ce silence qui nous est arrivé dessus comme un orage insubmersible peu après et qui a élagué nos arbres communs pour n'en laisser que deux distincts, impartageables, et dont le chemin complexe des branches, comme du papier découpé sur l'azur, n'admettrait aucun croisement postérieur ? Je me le demande. Dans mon ivresse légère, l'envie me vient d'accoster n'importe qui pour poser cette question qui me taraude. Peut-être pourrais-je m'agenouiller, supplier ces pythies citadines qui vaquent à des occupations que je ne peux plus avoir... Peut-être bien.
Mais j'arrive maintenant au Saxo et le banc disparaît dans le brouillard de ma mémoire ; étoile infime parmi la constellation de ces minutes, heures, jours, semaines, mois, années avec Linda et elle qui n'est plus là pour me dire allons sur Sirius, redécouvrons Bételgeuse – te rappelles-tu lorsque nous, disait-elle, me dirait-elle si... Mais seule une opération subsiste, celle du retranchement. Aux chiottes le banc. Je n'aime plus le Royal Orange depuis – alors stratégie d'alcoolique : j'inventais, testais des cocktails chaque soir pour me faire croire, mais surtout persuader Linda, que je n'avais pas de problème. J'étais un chercheur, non un ivrogne. Stratagème éventé comme du vin trop longtemps ouvert. L'alcool est devenu ma langue et Linda ne la parlait pas. Je salue Ali, qui me demande comment ça va. Mal je lui dis. J'ai perdu quelque lumière l'autre jour. J'ai perdu ma poussine. Le mythe s'est défait comme des lacets usés, et moi de m'encoubler dans des escaliers presque verticaux, aux marches lisses et rien pour me rattraper si ce n'est justement ma poussine, l'idée de ma poussinette – comme avant. Mais rien n'est comme avant. Il y a un avant Etats-Unis et un après Etats-Unis. Une guerre de Sécession. Lorsque Linda est revenue... elle n'est pas revenue. Linda est toujours là-bas avec un pénis planté jusqu'à la garde dans son ventre et le regard dans le vague, l'image déjà déformée de moi glissée faussement sur la pupille que je veux croire dilatée – qui n'est en définitive qu'une manifestation de son cerveau affolé. Ali boit un express avec deux sucres et un verre d'eau. Je commande un double pastis. C'est souvent ainsi que je bois un café. Je me dis qu'il y a aussi un avant ce verre et un après ce verre ; comme il y aura un avant ma prochaine cigarette et un après. Je suis très fier de mon raisonnement, m'en ouvre à Ali. Puis conclus que c'est fallacieux puisque je n'ai jamais investi ces avants/après d'un absolu, d'une attente, d'une illusion d'absolu, d'une vraie attente, et donc on s'en branle le cul. Ali s'en rend bien compte. Mais il ne peut partager ma douleur de n'être plus seul avec l'être aimé à partager ce mystère à dimension sacrée.
Cessons. Tout cela est inepte ; je n'allais pas faire ma vie avec – la preuve. Elsa avait tort lorsque dans ce restaurant de nuit elle me disait arrête de parler de cul, t'es lourd, tu fais le malin mais tu sais que tu vas l'épouser ta petite Linda que t'aimes. Comment on dit déjà ? Tout faux ? Non, pas tout faux, pour certaines raisons. J'étais vraiment lourd et j'avais vraiment un problème en soirée. J'en avais parlé avec Ali : je tombe en moyenne « amoureux » d'une fille par soirée, qui devient mon idéal de rédemptrice, où je ne sais. Mais il ne s'agit pas d'amour ; je suis plutôt comme un désespéré. Comme si, soudainement, à l'image du vice-consul de Lahore, je n'étais « que ça, un homme qui fait partie de ceux qui cherchent cette femme auprès de laquelle ils croient que devrait se produire l'oubli ». Je me souviens parfaitement avoir envoyé ces lignes de Duras à Anne, qui alors peut-être représentait cela pour moi ; sept ans plus tard j'y suis encore. Et jusqu'au plan cul obtenu avec Linda, qui n'aura été que cela, de l'oubli en barres, avec dessus la petite décoration de trente-neuf mois de relation, un sourire, un baiser, et ce reste d'amour qui soudain s'envole, dure, dure, deux, trois heures, puis il faut fuir parce qu'il ne reste plus que ce vaste champ de mines, ce silence terrible et cette envie d'encore encore l'embrasser, jusqu'à ce que nos bouches se soudent, jusqu'à s'évanouir dans, forcément, l'oubli. J'ai donc cherché passivement cet oubli chaque soir ; sans jamais faire un geste. Ivre je ne suis que ce pantin à l'esprit qui fonctionne encore, tourne à vide comme un mécanisme devenu fou, mais sans force, sans volonté – aboulique. Puis je voulais l'oubli ; je ne voulais pas les filles. Sauf peut-être Alicia à Berlin, Emilie à la Chaux-de-Fonds. Je veux toujours l'oubli.
Il semble qu'aucune sortie ne se prépare pour ce soir. Ali est en plein service civil et ne peut se permettre de mal finir un mardi. La plupart de mes rares amis sont soit absents – l'autre à Berlin, Martin à Lausanne, Baptiste et Elise à Fribourg – soit sont vraiment occupés. Même mon frère. Je discute encore un moment avec Ali, qui veut rentrer bientôt, puis on se sépare. Dans notre poignée de main faussement virile ma plaie ne s'est pas fermée. Elle ne s'est pas ouverte plus avant non plus. Etat stationnaire. Tout va bien. Je peux aller faire les courses, avec mon air absent, mon tremblement dans les membres, ma voix éraillée. Demain, demain ce sera le nouveau Volodia, j'irai me muscler – Mishima m'a convaincu quelques jours après la rupture, dans Soleil et Acier, que j'ai découvert sur un ancien disque dur, en format rtf avec de nombreuses coquilles, alors que je cherchais des mots de Linda – son recueil Expiations entre autres. J'ai lu Mishima et j'ai oublié de lire Expiations. Mais je suis allé au fitness. Et donc demain je reprends l'entraînement avant d'aller taffer au BOP, aux grills, à la plonge. Ce soir c'est différent, c'est l'ancien Volodia qui est à la manoeuvre. Mais l'ancien Volodia sera calme – s'il entend laisser place au nouveau demain, il se doit de bien préparer le terrain. Je me surprends à me demande qui de la nouvelle ou de l'ancienne Linda, à quel moment, comment. Dans quelle position, ai-je envie de dire ? Avec quels mots – les mêmes ? Si j'étais l'aigle, je serais là, planant au-dessus de ces deux cadavres forniquant sur le sol rouge et j'aurais ce bec, ces serres et cet instinct, et alors j'arracherais, j'aurais arraché la femelle aux griffes de ce rival de pacotille, pas même capable d'accéder au poste de rival, je n'aurais pas eu peur de le déclarer inapte, et l'aurais emmenée dans mon aire – qui aurait eu la configuration exacte de ces escaliers de notre premier baiser, là où le soleil caressait ses mignons nichons quelques instants avant que ma main ne s'y mette pareillement. Mais je suis cet alcoolique jouant aux Legos de mes canettes, de ces briques rouges des cabas Denner empilés sur le balcon sous la neige, le vent, la brume, laissant là les miettes de mon tabac sur la table d'angle, sur le parquet même, assassin, tortionnaire, bourreau d'un coeur auquel j'ai dit une fois l'alcool passe avant toi, lâche-moi la grappe. Je paie ma bouteille de rouge (Los Passos) et mes deux paquets (Pall Mall bleues), avec la quantité de bière (Gralsburg) qui va de soi. Bonne soirée, merci vous aussi – compte sur moi mon gars, je vais assurer.
Revenu dans mon antre je m'empresse de mettre au frais ma boisson. J'embrasse vaguement le reste du foutoir qu'est mon taudis, me dit que demain il me faudra ranger tout cela. J'ouvre une bière chaude – je n'en ai plus de fraîches et c'est bien pour cette raison que je me suis calmé tout à l'heure avant de rejoindre Ali – et sors sur le balcon. Que faire de ces heures d'agonie jusqu'à la frappe du sommeil, dont l'alcool est l'allié le plus fidèle ? Je remarque que je ne me fais pas justice. Ce que vous voyez là n'est pas à ce point coutumier ; il l'a été, après l'armée. Quarante jours sans arrêter. Berlin, idem. Mais Antoine, un ami étudiant en médecine, m'avait raisonné. Surpris par ma facilité à tenir le rythme, il m'avait dit : maintenant ça va bien, mais dans cinq ans, dans dix, dans un peut-être, que vas-tu être ? On peut être cynique mais il y a des fois – nombreuses – où le courant ne passe plus dans le cynisme qui est en moi. J'étais rentré avec de fermes intentions – des regrets concernant Alicia, aussi (ha comment je faisais l'intéressant, regardant The Hurt Locker, crachant mes statistiques militaires pour l'épater... peu avant, ou peu après, la rupture, j'ai écrit « The Hurt Locker supporte une troisième vision / Alicia la supporterait tout pareil » – c'était après j'en suis certain) et la fierté d'avoir été fidèle à la femme que j'aime, la fierté presque plus grande d'arrêter de boire, pour moi, pour elle surtout – qui avaient permis de tenir ma résolution trois ou quatre semaines. Ce qui était impressionnant. Pas suffisant, mais impressionnant quand même. Cependant je devais réfléchir, calculer quand m'autoriser les deux-trois bières du week-end, et c'était épuisant. J'allais courir beaucoup en parallèle ; je me sentais en forme malgré la fatigue d'être constamment en état d'alerte pour surveiller mes désirs et leur répondre non. Et puis j'ai craqué. Et puis Linda aussi.
1858, je réfléchis à ce que je pourrais ingérer. Là aussi mon récit est mensonger ; je suis plutôt un bon mangeur d'habitude. Magicienne, Linda a ce pouvoir de me couper l'appétit, de me dégouter de la nourriture – de la chair ! La chair. Des flashs de hier soir, dans la baignoire, me reviennent. Je vais voir, rince mon vomi, doucement le balaie du jet de la douche façonné en belles droites par le pommeau, une épée, un grand sabre, ma tête pourrait rouler dans cette sciure dégueulasse que je ne m'offusquerais pas ; au fond du baquet je serais bien. A la suite des petits morceaux qui dégringolent en tourbillonnant dans le siphon je me glisse en slibard dans le tube émaillé, Dieu qu'il est froid, mes épaules semblent attacher au contact de la surface comme mes mains sur la barre de fer gelée (trois minutes durant par moins quinze à la Rekrutenschule 45-3 pour apprendre un peu la vie), mes fesses sont un instant sauvées par le tissu le temps qu'il absorbe l'eau glacée et quelques particules de ma flore, puis je suis transis et tremble comme un vieil ivrogne l'hiver au Parc de la Gare, mes dents s'entrechoquent, j'urine à travers l'étoffe. Cela réchauffe mon pénis, mes testicules, remonte, se diffuse aux cuisses. Je sors le bout de la pointe et m'arrose un peu plus haut, le ventre, le torse, mes poils s'inclinent devant le jet victorieux et se collent contre ma peau blafarde mais presque ferme. Je ferme les yeux, respire. L'odeur de mon urine me semble un sacrement.


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