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L’affrontement ou la misère.

Publié le 03 mars 2011 par Marx


   Il y en a qui rétorquent « oui mais nous sommes en démocratie ». Certes en démocratie mais encore faut il préciser, en démocratie bourgeoise. La classe dominante détient l’appareil d’Etat et tout son système répressif, l’information et l’éducation, le tout au service de sa propriété qui dans le même temps lui assure  sa domination.
   Avec les progrès techniques et scientifiques, les acquis ont toujours été obtenus par l’affrontement, ils en sont la suite, selon les rapports de force. Avec le Front Populaire, les grandes conquêtes ouvrières sont le fruit de la mobilisation  et de la grève générale avec occupation des usines. A la libération , ils sont le produit d’un compromis imposé par les combats de la résistance  face à une bourgeoisie collaborationniste . En 1944, les organisations ouvrières ont les armes et les conditions sont des conditions révolutionnaires. En mai 68 la France est paralysée par la grève générale. Depuis, il y a une exception à la règle , c’est mai 81 avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, cela ne durera pas longtemps, la droite ne tarde pas à reprendre sa revanche et à reprendre l’essentiel de la victoire électorale. Il faut la dire , sans grande difficulté ni sans combat véritable, au moins sans riposte à la hauteur des enjeux quand ce n’est avec la complicité de prétendus hommes de « gauche ». Il nous reste tout de même cette démocratie « bourgeoise » cadre qui permet parfois de gagner ou de tout perdre. Pour le moment elle regarde passer les trains des mauvaises mesures. On a tellement expliqué qu’elle était « achevée », indépassable même, qu’il suffisait d’incantations à la mère nourricière pour avoir droit à la tétée. Dans ce cas elle n’auraient qu’un sein au service d’une seule classe.
   Le processus suit son cours, inexorablement , d’élection en élection comme pour calmer les impatientes dans l’intervalle. L’alternance ne change rien aux mauvais coups des prédécesseurs, comme si les rapports de force électoraux ne comptaient pas, puisqu’ils ne changent rien ou si peu. Pendant ce temps , le fossé se creuse, les riches deviennent toujours beaucoup plus riches et les pauvres s’appauvrissent et deviennent de plus en plus nombreux. Ainsi le troupeau du peuple est conduit par ses bergers vers la résignation au nom des réalités de la classe adverse. Ces bergers, le peuple les a choisi mais pas en son sein, ils viennent d’en face, il n’est pas étonnant qu’ils cultivent la patience et la résignation dans le camp qui n’est pas le leur. Ceux là, n’iront jamais à l’affrontement, ils sont là pour dissuader, au nom de la démocratie bourgeoise.
   Et puis d’abandon en abandon vient la misère, la désespérance qui à son tour permet l’apparition d’autres bergers de l’aventure politique. Le troisième fer au feu de la bourgeoisie, le fascisme. Le premier fer c’est  la bourgeoisie elle même et ses serviteurs zélés, le second est représenté par ceux qui aspirent servir les intérêts de la classe dominante, qui ne veulent lui disputer sa position et qui font montre de leurs compétences à cet effet, comme DSK ou Lamy et la liste est longue. Le troisième fer, afin de boucler la boucle et servir de point d’équilibre à la gestion de l’édifice capitaliste, c’est le dernier recours, lorsque tout le reste est dévalué aux yeux du peuple, c’est le fascisme, l’ami fidèle des temps de crise. Un coup de fascisme et hop ! ça repart pour un nouveau cycle. La misère n’est pas toujours bonne conseillère mais puisque, selon son seuil, la bourgeoisie a encore de la marge avant le prochain affrontement et en attendant elle fait des affaires et engrange les richesses qu’elle confisque au peuple travailleur.
   Selon tous les commentateurs, quelque soit leur bord, tous en conviennent, c’est une véritable guerre de classe que même sur toute la planète, la grande bourgeoisie. Elle ne consent  à discuter que dans le cadre de l’affrontement , comme en témoigne la situation dans les pays arabes et n’a que faire des recommandations humanistes et des appels au partage même symboliques. Elle broie tout sur le passage de ses intérêts. Pour pouvoir discuter, les bergers du peuple feraient bien de penser d’abord à l’affrontement, à son organisation et pour quel but, ensuite et seulement ensuite, ils seront en mesure de mener la négociation , si toutefois il y a lieu de la mener. A quoi cela sert il de montrer sa force si ce n’est pour ne pas s’en servir. A quoi bon montrer des muscles inutiles sans jouer le match. La force de dissuasion n’existe pas en matière de luttes sociales et s’usent lorsqu’on ne s’en sert pas . La lutte des classes ne connaît pas de jachères .
   Les peuples de Tunisie, de Libye , d’Egypte font une démonstration, sans pourtant posséder des organisations semblables aux nôtres, ni aussi puissantes même si des partis marxistes y sont présents. Toute proportion gardée, ils nous donnent une bonne leçon de courage et de détermination. C’est d’ailleurs ce qui risque de leur manquer, des organisations révolutionnaires, pour la suite des événements, la classe dominante n’est pas prête à céder du terrain et l’impérialisme veille. Mais au moins les consciences s’ouvrent, grâce à l’affrontement et au rapport des forces ainsi crée.
   «  Ceux qui ne savent , ne veulent ou ne peuvent défendre de vieilles conquêtes n’en feront jamais de nouvelles » Cette phrase est de Léon Trotsky, elle illustre les raisons qui font que tout est repris  et que les contre réformes ne sont jamais abrogées par ceux qui pourtant les dénoncent dans l’opposition. C’est un signe pour ceux qui ne veulent de l’affrontement, il ne leur reste plus qu’à subir. Peut être que lorsque la misère aura atteint un point de non retour dans une démocratie à minima et encore plus bourgeoise, nous goutterons aux joies de la barbarie avant de se poser la question « Que faire ? » afin d’en finir avec leur indépassable horizon qu’est le capitalisme . Cette question , eux ils se la posent mais à l’inverse, c’est la raison pour laquelle, l’affrontement , ils le veulent, ils s’y préparent et le recherchent. Vous aurez compris que la politique de l’autruche , c’est subir et se soumettre. Il y a pourtant d’autres chemins que celui de Canossa .
  


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