John McCain semble s'acheminer vers une victoire en Floride. Si tel devait être le cas, ce serait un tournant dans la primaire républicaine.
Charlie Crist, très charismatique Gouverneur de la Floride, lance son poids politique considérable en faveur de John McCain.
En mars 2007, McCain paraissait proche de l'abandon (voir lettre 78). Il éprouvait les pires difficultés à lever des fonds. Il devait licencier une partie importante de son équipe de campagne.
Le pronostic était alors qu'il attendrait l'été pour se retirer discrètement au début du mois d'août.
Nous sommes à quelques jours du Super Tuesday et McCain n'a jamais été aussi proche de l'investiture du Parti Républicain. Pourquoi ?
Tout au long de sa campagne électorale, John McCain a témoigné de 3 qualités majeures.
Tout d'abord, il a su incarner progressivement la synthèse de sécurité du Parti Républicain.
Force est de reconnaître qu'il a gagné cette étape par défaut car :
* Romney est resté empêtré dans la question religieuse,
* Giuliani a conçu une campagne tellement " originale " qu'il pourrait disparaître sans avoir fait campagne réellement,
* Huckabee ne donne pas l'assurance qu'il ait l'étoffe.
Seconde qualité, la capacité à aller sur le terrain et prioritairement en "terres ennemies".
Pour le Parti Démocrate, il est surtout question de "tourner la page sur plus 8 ans perdus en scandales, en erreurs graves (Irak), en gaspillages".
Ce message est martelé à chacune des réunions des candidats démocrates si bien qu'il est impossible de ne pas l'identifier comme la promesse forte de l'offre commune à chaque candidat du parti démocrate.
Face à cette offre, McCain offre la clarté de choix alternatifs. Sur l'Irak, il rassure son camp en corfirmant son soutien à la politique de Bush. Pour le reste, il en fait plus que les candidats démocrates.
Troisième qualité, une communication qui repose sur l'affirmation de la solidité de son expérience. Même dans les moments les plus difficiles, McCain est demeuré solide et confiant.
Ce calme et cette maîtrise de soi ont rassuré et affirmé, si besoin était, qu'il avait le tempérament du "Commandant en Chef du monde libre".
Loin de l'avoir fragilisé, les difficultés ont donc contribué à consolider sa campagne.
McCain a également tiré les leçons de son expérience. Les premières primaires créent une dynamique irremplaçable.
Cette dynamique écrase tous les sondages même si, en effet, elle est souvent totalement disproportionnée à la réalité de la faible représentativité de la géographie consultée à l'exemple de la spécificité de l'Iowa ou du New Hampshire.
Ces primaires une nouvelle donne, une nouvelle dynamique. C'est l'originalité du processus de désignation du Président Américain.
La seule inconnue réside dans le score de Giuliani en Floride. S'il effectue un score de grande qualité, il peut rester dans la course. Si McCain gagne, il aura réglé le compte de Giuliani et pourra se préparer à vivre le Super Tuesday comme la consécration. Or, le soutien du Gouverneur de Floride place McCain en position forte.
C'est donc un probable come back stupéfiant auquel nous assistons montrant que toute campagne réside d'abord dans les qualités personnelles du candidat et combien l'opinion moderne peut s'avérer volatile car les difficultés du printemps 2007 provenaient alors de mauvais sondages ...