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Fracassante entrée en campagne

Publié le 05 mars 2011 par Copeau @Contrepoints

Huit millions de téléspectateurs ont suivi l’interview du président du Fonds Monétaire International sur France 2 dimanche dernier, et ils n’auront pas été déçus.

Fracassante entrée en campagne
Ils ont d’abord apprécié le numéro de haute voltige qui permettait à Dominique Strauss Khan de s’abriter derrière sa position actuelle et son devoir de réserve, tout en prononçant un vrai discours de candidature à l’élection présidentielle. Ils ont ensuite appris que DSK jouait avec art sur les deux registres souvent disharmoniques : l’économique et le social. L’économique le portait à indiquer ce qu’il fallait faire pour la sortie de crise, en soulignant notamment le mérite des Allemands : rigueur des finances publiques, politique « active » de relance (ce qui est assez contradictoire avec la rigueur), au point que le journaliste Laurent Delahousse est allé jusqu’à parler d’« orthodoxie libérale », ce dont DSK s’est immédiatement défendu – il est keynésien et le restera, il a confirmé son attachement au « stimulus ».

Mais le terrain sur lequel DSK voulait se placer était bien le social. La crise financière, la crise économique appartiennent au passé (grâce à l’intervention providentielle du FMI), demeure la crise sociale. Toute sortie de crise doit se faire « dans la justice ». Il faut une impulsion européenne plus forte, et notamment une politique de grands travaux pour réduire le chômage. Parallèlement les inégalités doivent s’atténuer. Et – déclaration d’intention tout à fait claire – DSK se dit toujours disponible pour aller « là où je suis le plus utile ».

A vrai dire, certains téléspectateurs, de droite comme de gauche, auront apprécié la virulente charge de DSK contre les querelles de personnes, les luttes d’influence au sein de la majorité comme du Parti Socialiste, dont il a condamné la mesquinerie. Il a ainsi reproché à la classe politique, apparemment dans son ensemble, de « ne pas s’occuper des problèmes des gens » pour ne penser qu’aux échéances électorales. Bravo : lui au moins se situe au-dessus de la mêlée, ce qui lui vaut sans doute de caracoler en tête des sondages. Mais cette belle profession de foi le range toujours dans la classe des partisans de l’État providence.

En réalité, il n’y a aucune rupture entre DSK et le reste de la classe politique française : tous ces bons samaritains veulent s’occuper des « problèmes des gens ». Les libéraux, de leur côté préfèreraient un candidat qui dirait « l’État doit laisser les gens s’occuper de leurs problèmes ». Les chômeurs et les pauvres, eux, sont rassurés : socialiste, et dirigiste, DSK s’occupera d’eux.


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