Le passage du ministre d’Etat en charge de l’Energie, Karim Wade, n’a pas été une sinécure. Si certains conseillers politiciens et certains représentants du secteur privé ont joué aux laudateurs, tel n’a pas été le cas chez les syndicalistes à l’image de Mademba Sock du Sutelec et Mbaye Fall Lèye du Cusems. La présentation du Plan Takkal a suscité de vives réactions chez certains membres du Conseil économique et social (Ces) qui ont ouvertement critiqué les choix du Comité de restructuration et de relance du secteur de l’électricité(Crsse).
Mademba Sock de l'Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas) a fait remarquer que cela fait 36 ans et huit jours qu’il est dans le secteur et « c’est la première fois dans l’histoire de la Senelec qu’il y a des délestages en cette période de l’année. » Pour lui, le seul problème de la Senelec, c’est le combustible. « Si on met du combustible ce soir, il n’y aura plus de délestage ». A son avis, le plan Takkal, « malheureusement, n’est pas partagé ». Avant de faire remarquer que : « Le directeur général de la Senelec a fait dans la nuance en parlant du plan du gouvernement mais à la Senelec ce plan n’est pas partagé.
La preuve, le plan vous ne le mettez à la disposition de personne alors qu’il y a des éléments sur lesquels nous pouvons discuter ». Avant d’ajouter : « Le plan d’urgence met plus l’accent sur la Senelec. Quid de la filière de façon globale ». A son avis, le plan identifie les volets de travail mais rien n’est décliné en termes de coût du financement, le maître d’ouvrage… Il pense que le cabinet Mc Insey peut se tromper sur certains points et juge de l’importance de l’écoute des acteurs du secteur. Mbaye Fall Lèye du Cusems, pour sa part, a mis les pieds dans le plat. A son avis, « On vise à faire la promotion d’un homme à travers un plan démesuré et irrationnel ». Avant d’ajouter : « Je n’ai pas été convaincu par la teneur du plan Takkal malgré les grands concepts qui ont été explicité ». Pour lui, « la réalité est que c’est un plan qui va nous conduire directement vers l’impasse. La preuve est qu’on ne nous a pas donné d’indications financières sur la location des groupes et sur les charges réelles liées à leur fonctionnement ». M. Lèye a relevé que « l’expert du cabinet Mc Insey a été très clair en disant que 2014 ne nous permettra pas de sortir de la crise et ce qui est également très grave ». Il pense que « Nous avons besoin d’un plan ciblé avec des objectifs précis pour régler au cas par cas certaines questions. Il ne s’agit pas lancer des projets spectaculaires qui, dans la réalité, ne seront pas opérationnels ».
Dans une allure moins virulente, M. Christian Sina Diatta a relevé l’absence de chronogramme dans le plan. A son avis, un minimum de confidentialité est nécessaire pour un plan surtout qu’il s’agit d’un secteur aussi stratégique que l’énergie. Avant de souligner : « je comprend bien qu’on commette un cabinet mais est-ce qu’il a la capacité suffisante en matière d’énergie ». La conseillère Khady Sidibé, pour sa part, a lancé : « Plan takkel, léraal ou djafaal ce qui urge pour les Sénégalais c’est la fin des délestages ». Parlant du régime de l’alternance, elle a affirmé que « tout ce que Wade a réalisé risque d’être plombé par l’électricité.
Ce problème nous amène vers une sortie malheureuse ». Ce qui a soulevé l’ire de certains conseillers certainement politiciens présents dans la salle. Le ministre d’Etat Karim Wade qui a écouté religieusement les interventions a apporté la réplique à certains dont Mademba Sock. « Sans vouloir polémiquer, je voulais revenir sur l’intervention de Mademba Sock qui me choque. Lorsque qu’il dit que nous ne l’avons pas associé, que ce plan a été dirigé au niveau gouvernemental, il ne dit pas la vérité avec tout le respect que je lui dois parce que très tôt, lorsque nous avons mis en place le comité de relance et de restructuration ». A l’en croire, il a personnellement invité M. Mademba Sock à venir rejoindre, sous l’autorité de M. Alioune Fall, le comité. « J’ai souhaité qu’on puisse bénéficier de son expérience et son savoir faire sur tous les points. Il aurait pu, à l’instar de ces nombreux sénégalais, venir travailler à nos côtés de façon bénévole plutôt que d’organiser un show médiatique qui ne bénéficie à personne ».
Karim Wade d’ajouter : « Je suis très étonné de cette sortie de Mademba Sock ». Avant de souligner : « Ce que ignore beaucoup de conseillers de la république comme des Sénégalais c’est que Mademba Sock ne paye que 10% de ses factures d’électricité. Donc il fait partie de ces gens qui sont également privilégiés mais je pense que s’il veut donner un exemple dans ce secteur, il faut qu’il fasse comme moi et la majorité des Sénégalais en payant ses factures d’électricité comme tout le monde ».