Oreilletes dans le peloton: la proposition du Comptoir

Cher lecteur,

nous t’annoncions hier une interview d’un ancien coureur suivi d’une proposition du Comptoir des politiciens sur l’épineuse questions des oreillettes dans le peloton cycliste.

Voici notre contribution au débat

L’interview exclusive

Michel F., ancien coureur professionnel dans les années 60.

Question 1 : Michel,  vous avez été coureur cycliste dans les années d’or du cyclisme, les sixties, sans oreillette donc. Comment l’information circulait et étais-ce satisfaisant, notamment sur la sécurité ?

Réponse: Il y a cinquante ans, bien sûr les oreillettes n’existaient pas. Les informations parvenaient aux coureurs de deux manières : par l’ardoisier sur sa moto (archaïque, je vous le concède, mais ça existe toujours, on n’a pas trouvé mieux !) en ce qui concernait les numéros de dossard des coureurs échappés, les écarts  avec le peloton, les distances par rapport aux ravitaillements ; et pour compléter, ce que venait répercuter le directeur sportif, lorsqu’il pouvait « monter » à la hauteur d’un ou plusieurs de ses coureurs à l’arrière du peloton, ce qu’il avait entendu sur le canal de « Radio Tour », ce que je viens d’évoquer, en plus de ses propres appréciations et son rappel du Livre de Route, les difficultés qui approchaient, les changements de direction, ses impressions sur les adversaires…

Question 2 : si vous aviez eu l’oreillette, auriez-vous moins préparé les courses ? Et quelle aurait été la teneur des infos avec votre directeur sportif ?

Réponse: Non, avec les oreillettes on ne serait pas moins préparé, on n’aurait pas moins étudié  les profils la veille de la course, on n’aurait pas moins évoqué les tactiques et les stratégies autour de la table. Simplement, les messages des directeurs sportifs peuvent aujourd’hui se faire en temps réel, de même que leurs interventions, pour un dépannage sur crevaison par exemple. Il s’ensuit un gain d’efficacité et une diminution des risques à l’arrière du peloton, qui est une zone véritablement tumultueuse.

Question 3: pour vous, l’oreillette cela devrait fonctionner comment ?

Réponse: Si l’on considère, donc, que les oreillettes peuvent rendre des services mais dans le même temps, qu’elles peuvent inhiber l’esprit d’initiative des coureurs, leur ôter le goût du panache et les transformer peu ou prou en simples exécutants, il faudrait pouvoir ne proposer comme réseau d’information que celui de Radio Tour : il n’est que technique et il est le même pour tout le monde. C’est là que sont indiqués en temps réels, les dangers de la route – giratoires, ralentisseurs, rétrécissements – qui sont la plaie de la course cycliste. Qui pourrait être contre un procédé d’amélioration de la sécurité ? N’oublions pas qu’autrefois, les pelotons n’étaient que de 120-150 coureurs, aujourd’hui ils sont 200, et ils roulent plus vite !

Question 4: Alors, pour ou contre l’oreillette ?

Réponse: Ce que je viens d’envisager restera cependant un voeu pieux car la technologie, la miniaturisation et l’inventivité des hommes ne permettront jamais un contrôle général des moyens d’information. A quoi bon un règlement qu’on ne pourrait pas appliquer ? Commençons plutôt par écarter les oreillettes dans les courses de jeunes en circuits, où elles n’ont aucune utilité, et laissons le haut niveau vivre avec le progrès. Pourquoi faudrait-il que le cyclisme ne vive pas avec son temps ? Et qui peut prouver que, sans les oreillettes, on en reviendrait à coup sûr aux exploits d’autrefois.

La proposition du Comptoir

Elle reprend la réflexion de Michel à savoir de n’autoriser les oreillettes que dans les courses professionnelles Elite Pro et uniquement avec le canal de Radio Tour.

Ainsi les coureurs auront une information uniforme sur la sécurité et en direct (sans passer par le Directeur sportif qui pourrait roupiller ou faire une pause pipi…) et les coureurs auront une liberté d’initiative retrouvée.