Par la racine #1

L'un des petits soucis que je rencontre lorsqu'il est question de notre père qui est aux cieux est que je connais assez mal sa légende.

Je ne conteste pas son droit à faire partie de mon héritage culturel (tout le monde peut s'inscrire et me faire des propositions d'héritage culturel, il n'y a pas de frais de succession), soyons charitable.

Mais je n'ai assisté à une messe qu'à l'âge de 19 ans et encore et encore à l'occasion d'un enterrement (90 ans au moins, séchons nos larmes). Ca m'a charmée comme un rendez-vous en terre inconnue. Depuis, j'ai dû voir une messe de mariage (ou deux ?) mais toujours pas le truc du dimanche qui est gratuit. Je veux dire qui ne sert à rien ou à tous, qui n'est pas un adieu à un être ou deux en partance pour l'enfer. "Good luck chap(s) !".

J'ai par ailleurs participé à un enterrement "musulman". Le gars était moitié marocain moitié jurassien, c'est pour ça. Etait-ce une cérémonie ? Certainement pas selon les critères chrétiens. Ca consistait à demander à un voisin d'immeuble qui savait conduire le rite de le conduire. 4 hommes, dont le père du jeune homme, récitant des choses en arabe, avec un ton affligé. Une sorte de répétition very contemporary dance. C'était plutôt émouvant,  une chorégraphie de la perte. Ce que j'en ai vu.

En matière de rite, je suis donc aussi (mal) à l'aise avec la cérémonie musulmane que catholique, n'ayant jamais été initiée en mon enfance. Dieu n'existait pas chez nous. Comme E.T. que je n'ai pas vu petite alors que c'était de ma génération. Il y avait les poupées fripées dans les magasins de jouets et des statuettes de Christ mais je ne connaissais pas leur histoire à tout deux et me sentait peu concernée par leur présence.

(De grands yeux, hein ?)

A ce niveau d'indifférence ce n'était même plus de l'athéisme, qui suppose qu'une autre option soit possible. Il n'y a pas de nom pour les gens qui ne croient pas en l'astrologie. Bien sûr, je savais que ça existait, il y a des horoscopes dans tous les journaux et des églises dans tous les villages. Mais plus loin que ça...

Vous n'auriez pas tort de blamer mes parents de ne pas m'avoir offert ces clefs de lecture du monde. Enfin les pauvres, qu'avaient-ils à m'offrir en la matière ? Leurs parents (les 4) étaient des opposants résolus à la dictature du curé.

Disons que je savais qui de Don Camillo et de Peppone était le nom de mon grand-père.

La vigueur du rejet s'est affaiblie au fil des générations et n'est que coexistence pacifique entre les croyants (un tiers des français) et moi.

Mais il ne faudrait pas non plus que ces grands nigauds me niquent mon pays.