toujours la même
la très obscure
boule de nuit
poche noire
on te trouve au plus bas
dans le sans fond des cendres
sur l’écorce des morts
toujours la même
la très sombre
à faire douter l’éternité
boule de nuit
toujours même
qui pétrit sa propre suie
boule d’ignominie
sur la pente amère
boule d’agonie
tu reviens toujours même
piétiner ce qui vit
éventrer ce qui aime
toujours plus bas
avec tes grumeaux d’abîme
toujours plus bas
avec ta dent d’effroi
pour que la lumière tourne court
rivée dans ton ornière
dans ta boue d’arrière-gorge
contre le vif de ce qui vit
dans l’oubli du poudroyant
boule noire
poche de nuit
qui n’en finit pas
de suinter
ta houille de haine
de serrer
ton étau de ténèbres
boule de nuit
poche de suie
à l’envers de la vie
très sombre
très grimaçante
sans fin tu t’abreuves
à la peur de l’infini trajet
boule de mort
nous voulons naître sans cesse
contre toi
(Zéno Bianu)
Illustration