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L’essor de la méditation en occident

Par Marc Traverson

Mediter La pratique de la méditation se porte bien, et mieux que bien. Si j’en juge par ce que j’entends autour de moi, elle serait même devenue assez commune. Je me souviens pourtant d’une époque pas si lointaine ou le mot même de méditation évoquait quelque chose de pas sérieux, voire de franchement fumeux - quand on ne redoutait pas que se dissimule, sous ce vocable, certaines pratiques sectaires.

Les temps ont heureusement changé. Heureusement, parce que méditer est une pratique naturelle, utile, et qui ne coûte rien (sinon un peu de temps et de discipline).

Depuis quelques années, des auteurs solides, comme Christophe André et Matthieu Ricard en France, ou Jon Kabat-Zin aux Etats-Unis (l’inventeur du concept de méditation en pleine conscience, mindfullness meditation, et ancien chercheur au MIT) ont montré que la pratique régulière d’une forme de «contemplation intérieure» pouvait aider à faire face au stress, à traiter la dépression, ou à renforcer les ressources et la résilience des malades hospitalisés.

Une autre raison de ce succès tient certainement à l’accélération et au bombardement d’information auxquels nos cerveaux sont aujourd’hui soumis. Il n’est pas aisé de faire face à la surcharge cognitive, à cet excès de stimulation qui fait que l’on se réveille la nuit en pensant à un dossier ou une réunion à préparer, au lieu de faire de beaux rêves. De ce point de vue, la méditation peut être une aide précieuse (mais pas magique). Elle incite à ne pas accorder plus d’importance qu’elles n’en ont à nos pensées - promptes à nous entraîner dans des «boucles» sans fin. Elle est un moyen d’équilibrage et de centrage dans un monde entraîné dans un tourbillon d’images et de paroles d’un intérêt souvent discutable. Méditer rappelle l’importance du vide (qui laisse de l’espace pour l’éclosion des idées et des actes nouveaux) - dans un monde obsédé par le «remplissage» et le consumérisme.

J’ai discuté plusieurs aspects de la méditation dans mon livre «la Zen Attitude» - notamment la question du détachement, et du lâcher prise, qui est une facette importante de l’attitude méditative, en même temps que l’attention portée sur l’instant présent.

Méditer fait appel à certaines facultés «archaïques» qui relèvent moins de l’activité du cortex, le cerveau le plus récent dans l’ordre de l’évolution, que de notre cerveau limbique «reptilien», le cerveau des émotions primitives. Un point à souligner, c’est que, si la «capacité à méditer» existe chez tout un chacun, elle est une compétence qu’il est possible de cultiver, renforcer, développer.

Méditer a longtemps été lié à la pratique religieuse : la méditation est à la racine du bouddhisme, puisque le Buddha est, d’abord, un méditant. Mais que l’on considère, par exemple, le rituel catholique de la messe, et l’on observera qu’il invite les pratiquants à une attitude de recueillement et de concentration qui est une forme de méditation. Et cependant, il est tout à fait possible de découpler la pratique de la méditation de toute religiosité - même si l’expérience montre qu’elle conduit assez naturellement à investir une certaine forme de spiritualité.

Méditer est certainement une manière de décanter. On peut y voir une pause nécessaire et ressourçante. Un moyen de reprendre contact avec le corps et son environnement, compris comme une globalité. Une occasion de se recentrer quand notre esprit tend à se disperser. C’est - aussi étrange que cela puisse paraître - une pratique d’efficacité dénuée de but.


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