Inga Sempé, audace discrète

Commençons par nous débarrasser de la question lancinante : oui, Inga est bien la fille de Jean-Jacques Sempé, le père du Petit Nicolas. Mais jamais la designer n’en fait mention. Ce n’est pas le genre de la maison. Distance, petit sourire en coin, naturel et humour piquant sont les ingrédients de cette insaisissable. A 43 ans, Inga Sempé est devenue incontournable. Logique quand le design est une vocation. Même si dans sa famille personne ne sait ce que peut-être le design, ses capacités à bricoler avec tout et n’importe quoi la mène naturellement à intégrer l’Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI). Trop formatée pour l’esprit libre d’Inga. « C’était une sorte de Kibboutz du design ».

Elle s’envole alors pour Milan comme stagiaire avant de rejoindre Marc Newson, un designer australien, un homme qui travaille en prenant

en compte la technicité et les réflexions des ingénieurs. Tout ce qu’aime Inga Sempé. Elle fera ensuite un passage chez Andrée Putman. Deux ans. Mais l’agence est trop grande à son goût. Et pour cause, elle compte tout de même 20 personnes… Direction, l’atelier d’Ingres à la Villa Médicis pour un court séjour.

Après un tel parcours de touche à tout, d’apprentissage intensif, mais aussi de frustration, Inga décide de se mettre à son compte. Ses meubles sont remarqués par des éditeurs italiens

et suédois. « En design, la France est un peu frileuse ». A l’exception de la Ligne Roset qui a le bon goût de s’éprendre d’une horloge brevetée, affichage, à la fois, numérique et mécanique. Aujourd’hui, Inga présente ses low-bed au salon M&O.

Elle a été nominée aux Wallapaper, catégorie Designer de l’année, et elle a obtenu le prix international du meilleur designer décerné par tous les magazines Elle Déco. Tout va bien pour Inga ? Pas tout à fait, son œuvre reste précaire. « Nous sommes payés en royalties sur des objets qui mettent des années à sortir. J’ai du mal à payer mes deux employés ». Mais, là encore, Inga reste discrète. Elle ne se passionne que pour les idées, la culture et l’histoire du meuble. Un monde éthéré comme l’impression de doux génie que laisse la designer.